Sony Pictures - Bad Boys Ride or Die, affiche
Sony Pictures

Après un troisième volet mollasson, Adil El Arbi et Bilall Fallah ont enfin trouvé la formule pour faire un bon Bad Boys.

En passant aux Etats-Unis avec leur remarqué polar urbain Black, Adil El Arbi et Bilall Fallah sont devenus des mercenaires, mais pas des chefs mercenaires, des condottières capables de se tailler un état par leur seule force : comme des mercenaires, leur fortune est liée à celle des studios qui les emploient (ce que Machiavel résumait par le combat entre virtù et fortuna, en somme). Les compères ont signé des épisodes rigolos de la série Miss Marvel, un Batgirl de sinistre mémoire (car enterré par Warner pour une sombre histoire d’optimisation fiscale), et surtout, un Bad Boys For Life (2020) particulièrement mou du genou, dénué de la folie de Michael Bay. On était en plein Covid, et la franchise semblait sur les rotules, au bord de la retraite : pour Mike et Marcus l’Ehpad n’était pas loin. La réussite de Bad Boys : Ride or Die nous fait demander si Bad Boys 3 n’était pas un galop d’essai, une bande démo pour "Bilall & Adil".

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Une réussite toute relative, soyons clairs : on est dans l’univers Bad Boys, qui repose sur la dynamique entre les blagues plus ou moins grasses de Martin Lawrence et le flegme fatigué de Will Smith, le long d’une intrigue policière aussi classique qu’une bavure. Mais voilà, on sent que tout le monde est là, que le film est investi. Les scènes d’action sont chouettes (le final dans un "Jurassic Park de bouseux" consacré aux alligators est même carrément excitant), le rythme est là, avec toute une palette de trucs visuels pour garantir qu'on ne regardera pas (trop) sa montre… Et le film montre également un respect inattendu pour les seconds rôles, aussi surprenants soient-ils : mention spéciale à Rhea Seehorn (Better Call Saul) dans le treillis d’une US Marshal fille du capitaine Conrad (Joe Pantoliano), ou au fils caché de Will Smith ex-tueur des cartels. 

Bad Boys 4
Sony

Certes, malgré son titre furieux, les enjeux sont pépères, et Bad Boys 4 n’est pas le Fury Road de la franchise, encore moins son Impitoyable, ou son John Rambo (ce n'est pas une idée si bête : après tout, le premier film est sorti il y a bientôt trente ans…) mais la franchise elle-même semble incapable de se soumettre à ce genre de traitement. Le film échappe à toute théorisation autre que celle de sa propre formule de buddy movie un peu papy, un peu vieillot, mais quand même bien déconnant. Lorsqu’on réfléchit, dans Bad Boys, c’est pour se demander, avec Marcus et Mike, après que ce premier aie fait une crise cardiaque, si les âmes ont une bite... Et oui, on est bien dans Bad Boys. "For life".