Motel Destino
Tandem

Un an après avoir présenté ici-même son Jeu de la Reine, Karim Aïnouz propose aujourd’hui un néo-noir dans un Brésil saturé de lumière. Bof !

Vous qui entrez ici préparez vos paupières. C’est en tout cas ce que nous dit un carton d’avertissement pré-générique sur le mode : "on préfère vous prévenir vous allez en prendre plein les mirettes !" Brisons d’emblée le suspense, si le film laisse entrer plus que de raison la lumière dans son cadre, c’est tout à fait supportable. La qualité générale du film, un peu moins. L’action se passe dans un motel du Nordeste, sorte d’Ibis cradingue où on peut louer des chambres minuscules pour s’envoyer en l’air discrétos. Un jeune fuyard va y trouver refuge s’attirant la sympathie puis bientôt les foudres du patron et les faveurs de la patronne.

On pénètre dans ce "néon Noir" avec envie. Il y a la moiteur du cadre avec ces dunes blanches se couchant sur une mer agitée, ces corps huileux prêts à exulter et une mise en scène excitée par toutes les vibrations interlopes environnantes. Le triangle plus ou moins amoureux qui va peu à peu se former a de la gueule : le jeune loubard fragile tout en muscles, le vieux beau déglingué en voie de "mickeyrourkisation" et une femme plutôt sauvage qui n’a pas froid aux yeux. Problème, le brésilien Karim Aïnouz qui avait présenté il y a tout juste un an ici-même son ampoulé Jeu de la Reine, ne sait pas trop quoi faire de ce beau monde.

Interview de Jude Law pour Le Jeu de la Reine

Ce Motel Destino inscrit son récit dans une atmosphère néo-noir caliente telle qu’Hollywood avait su nous en gratifier dans les 80’s et les 90’s (cf. James Foley, John Dahl, Adrian Lyne...) Malgré une volonté de faire poisseux, tout sent l’esthétisme rutilant limite publicitaire. L’arrière-fond criminel, lui, n’est pas assez traité pour insuffler une quelconque tension extérieure et les personnages restent trop à l’état de marionnettes pour faire monter la fièvre. On quitte donc cette fournaise les paupières lourdes. La lumière n’y était malheureusement pour rien.

De Karim Aïnouz. Avec : Fabio Assunçao, Nataly Rocha, Iago Xavier... Durée : 1h55. Sortie indéterminée.