En compétition pour la Palme d’or, ce true crime danois en noir et blanc est plombé par sa roublardise sordide.
Au Festival de Cannes, on réclame, bon an mal an, des films qui nous prennent, nous retournent, nous bouffent et nous recrachent complètement lessivés sur la Croisette. On dirait que c’est l’objectif de cinéma de La Jeune femme à l’aiguille, jugez plutôt : dans le Danemark de 1918, une jeune ouvrière (Vic Carmen Sonne, intrigante) abandonnée par son mari vit dans la misère, se tape le patron de l’usine qui la met enceinte avant de la larguer, son mari revient défiguré de la guerre, elle le jette, elle essaie de s’avorter à l’aiguille aux bains publics… Pas de panique ! Elle est sauvée par une aimable confiseuse (la toujours géniale Trine Dyrholm) qui va l’entraîner dans un drôle de trafic d’enfants. C’est "inspiré d’évènements réels", nous apprend le générique de fin.
Tourné dans un noir et blanc extrêmement soigné avec une musique ambient cauchemardesque, limite industrielle (signée de la musicienne Frederikke Hoffmeier alias Puce Mary), le film mélange détails atrocement sordides et envolées oniriques, visant clairement à évoquer aussi bien Katie Tippel qu’Elephant Man. Mais Magnus Von Horn n’a ni l’énergie de Verhoeven ni la vision de Lynch. On lui préfère de très loin le charmant Les Mystères de Barcelone, true crime Belle époque bricolé en noir et blanc, sorti (et passé inaperçu) à l’automne 2022 chez nous. La Jeune femme à l’aiguille possède encore moins la force du Lars Von Trier de la grande époque -celle de Breaking the Waves ou de Dancer in the Dark, films cannois qui nous ont pris, retournés, bouffés et recrachés. La Jeune femme à l’aiguille fonctionne à la façon d’un vampire crapuleux, qui semble très bien savoir ce qu’il fait pour choquer son public. En somme : à quel endroit planter les aiguilles.
La Jeune femme à l’aiguille de Magnus Von Horn, avec Vic Carmen Sonne, Trine Dyrholm, Besir Zeciri… Pas encore de date de sortie française.
Commentaires