The Fall Guy
Universal

Rencontre avec le réalisateur David Leitch et la productrice Kelly McCormick, qui réinventent L'homme qui tombe à pic en comédie d’action.

Un remake au cinéma de L’Homme qui tombe à pic ? Cela fait treize ans que la drôle d’idée d’adapter la série avec Lee Majors (111 épisodes entre 1981 et 1986) court à Hollywood. Il aura fallu associer Ryan Gosling et Emily Blunt pour que le projet se fasse enfin, sous son nom original, The Fall Guy. Petite subtilité : au lieu de jouer les chasseurs de prime quand son métier de cascadeur ne suffit pas, le personnage de Colt Seavers (Gosling, donc) est embauché sur un film avec une star pour laquelle il a travaillé il y a longtemps (Aaron Taylor-Johnson) et qui l'a remplacé. Bientôt, la vedette disparaît et Seavers doit composer entre la réalisatrice (Blunt) et son enquête pour découvrir la vérité… 

Derrière la caméra pour cette comédie d’action teintée de romance, on retrouve David Leitch (John Wick, Deadpool 2, Bullet Train…), qui a lui-même été longtemps cascadeur dans une autre vie. En novembre dernier, à l’occasion de la diffusion de la bande-annonce de The Fall Guy, Première avait rencontré le réalisateur et la productrice Kelly McCormick, duo qui forme un couple à la ville. Nous repartageons cet entretien, maintenant que leur comédie d'action arrive sur Canal +.


 

En 2010, Martin Campbell devait réaliser cette adaptation de L’Homme qui tombe à pic, puis McG avait pris le relais, avec possiblement Dwayne Johnson dans le rôle principal. Finalement, aucun de ces films n’a vu le jour. Comment avez-vous hérité du projet treize ans plus tard ?
David Leitch
: Le producteur Guymon Casady avait récupéré les droits, je ne sais trop comment, et il a pensé à Kelly et moi parce que j’ai une longue expérience de cascadeur. Qui de mieux placé pour raconter cette histoire ? (Rires.) Et en commençant à développer le projet, on a discuté de la meilleure personne pour incarner cette nouvelle version du personnage de Colt Seavers. En fait, on n’avait qu’un seul acteur en tête : Ryan Gosling. Il a accepté et on a pu travailler ensemble très en amont. 

Kelly McCormick : On était très excités par l’idée de donner une seconde vie à L’Homme qui tombe à pic, parce que c’est cette série qui a donné envie à toute une génération de cascadeurs de se lancer dans le métier. Il y avait des cascades dingues, des trucs qu’on ne fait plus du tout en vrai aujourd’hui. Chaque épisode était une découverte.

Mais qu’est-ce qui vous a fait penser que la série pouvait se traduire en film et à notre époque ?
KM
: Encore une fois, les cascades. Les cascadeurs sont les travailleurs acharnés de l’industrie du cinéma. Ils ont des métiers très dangereux et ils doivent garder une forme olympique pour ne pas se blesser. Et en plus, il faut qu’ils cachent leurs visages ! Ça fait partie du boulot. Je pense que ce sont des hommes de l’ombre suffisamment fascinants pour que le public s’y retrouve et se projette en eux. 

David, avec Chad Stahelski, vous avez participé à populariser la figure du cascadeur. À quel point The Fall Guy sera une réflexion méta sur le sujet ?
DL
: Hum… Ce ne sera pas forcément méta, dans le sens où on montre juste une certaine réalité du métier. On voulait retrouver ce plaisir de voir Colt faire des cascades sur un plateau de tournage. L’amour de faire des films, si vous voulez. Les cascadeurs ne font pas ce boulot la gloire, ils le font pour la joie que ça leur procure de donner vie à une histoire.

The Fall Guy : une comédie d’action comme on n’en fait plus [critique]

Ce que je voulais dire, c’est qu’il y a forcément un double niveau de lecture quand un cascadeur réalise un film sur un cascadeur, et  que l’acteur incarnant le personnage est lui-même doublé par un cascadeur pour les scènes d’action.
DL
: Ah oui, d’accord ! En fait, l’idée est de ne jamais briser l’illusion que Ryan fait ses propres cascades. Parce que si on n’y croit plus en tant que spectateur, le film s’effondre. The Fall Guy est bourré de cascades réelles, à l’ancienne, pas avec des effets spéciaux numériques. Il y a forcément un petit côté méta mais on a essayé de ne pas trop appuyer dessus, pour le bien du projet. Ce qui n’empêche pas, évidemment, de glorifier le travail des vrais cascadeurs sur le plateau.

C’est la première fois que Ryan Gosling et Emily Blunt travaillent ensemble. Qu’est-ce que vous avez vu dans ce duo ?
KM
: Comme David vous le disait, Ryan est arrivé très tôt et on a senti qu’Emily Blunt serait parfaite pour lui donner la réplique. Ça s’est confirmé à notre premier rendez-vous : il se passe un truc entre eux dès qu’on les met dans la même pièce, et je crois que ça se voit immédiatement à l’écran. Pour fonctionner, le film devait à la fois être une lettre d’amour au cinéma et un processus collaboratif - vraiment un truc de groupe - lors du tournage. Et pour y parvenir, il te faut des acteurs qui impulsent ça. Ryan et Emily, c’était l’évidence. 

En plus de travailler en couple, vous restez fidèles à votre directeur de la photographie, Jonathan Sela, avec qui vous avez fait John Wick, Atomic Blonde, Hobbs & Shaw et Bullet Train. Pourtant, à en juger par la bande-annonce, The Fall Guy ne ressemble pas particulièrement à ces films, plus clinquants visuellement…
DL
: Jonathan Sela est un vrai artisan et quelqu’un qui sait s’adapter. Avec The Fall Guy, ont essayé de faire quelque chose de différent, plus naturaliste, plus immersif, notamment quand on est dans les coulisses du tournage avec le personnage de Ryan. On avait envie de se challenger. Bon, on revient quand même à nos obsessions esthétiques à certains moments (Rires.)

KM : On a le même directeur de la photo, le même costumier, le même production designer, le même monteur… C’est très familial. Ça fait qu’on a une « marque » très claire et distincte, mais il ne faut pas sombrer là-dedans. Pour The Fall Guy, on voulait éviter l’effet « néons » pour certaines sections du film et viser quelque chose de plus chaud. Toujours avec ce style saturé très typique de nos films, mais qui tire plus vers le jaune. Ceci dit, le look varie énormément, car on a en fait trois films dans le film : la vie sur le plateau de tournage, plus naturaliste ; l’enquête de Ryan ; le long-métrage réalisé par le personnage d’Emily, qui est une love story sur fond de science-fiction. Vous en aurez pour votre argent !

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