Pour son troisième passage sur grand écran, la saga créée en série par Julian Fellowes, tire sa révérence en beauté dans un film émouvant qui fait subtilement dialoguer hier et aujourd’hui.
Créée en 2010 par Julian Fellowes (le scénariste Oscarisé du Gosford Park de Robert Altman auquel on pense forcément beaucoup), Downton Abbey a évolué pendant six saisons (couvrant les années 1910 et 1920) dans ce sublime domaine au cœur du Yorkshire où l’on pouvait suivre le quotidien d’une famille d’aristocrates, les Crowley, et des domestiques qui les servaient. Deux longs métrages avaient prolongé la fin de leurs aventures sérielles. L’un en 2019 où Dowton Abbey recevait la visite prestigieuse du roi George V et de la Reine Mary. L’autre en 2022 (Une nouvelle ère) où l’action était pour partie délocalisée dans le sud de la France en 1928. Deux films non dénués de charme mais qui, au fond, n’apportaient rien de plus à l’univers créé par Fellowes.
Sa troisième incursion au cinéma apparaît d’emblée d’une toute autre nature, d’un tout autre enjeu. Car, comme son titre l’indique, elle est celle qui tirera le rideau final de la saga. Une responsabilité forcément lourde sur les épaules de Simon Curtis (My week with Marilyn) déjà aux commandes d’Une nouvelle ère et surtout de Fellowes pour que cette conclusion n’abime pas tout ce qu’il a bâti au fil de ces années. Et le résultat se révèle une grande réussite et de loin le meilleur film de ce qui devrait donc rester une trilogie. L'action se situe ici au tout début des années 30 à ce qu’on pressent comme un début de tournant chez les Crawley où des ennuis financiers comme le désir de certains de ses membres de passer plus de temps à Londres font vaciller l’avenir de la somptueuse propriété qu’on pouvait croire capable de résister à toutes les tempêtes.
On retrouve ici tout ce qui fait le sel de Downton Abbey depuis ses origines : la beauté de sa direction artistique et la qualité de son scénario, cette écriture ciselée des personnages et des situations comme le flegme so british de ses dialogues. Avec en outre cette capacité, en à peine quelques minutes, de resituer les enjeux et les personnages pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, pour ne laisser personne sur le bord de la route.
Et à partir de là, l’intrigue située au début des années 30 va réussir avec superbe à jouer tout à la fois sur la nostalgie de voir ces personnages – et le monde qui va avec – disparaître et le refus de la facilité du « c’était mieux avant », montrant notamment dans une de ces sous- intrigues les plus importantes, la violence sociale que subissait une femme divorcée, même – et surtout ! – dans ces hautes sphères où elle devait être cachée voire expulsée de certaines soirées… pour ne pas compromettre les autres invités.
Tout ceci crée à l’écran un mélange d’émotion jamais forcée (y compris dans le clin d’œil à la regrettée Maggie Smith qui fut un des piliers de la saga) et d’humour à fleurets mouchetés. Rien de révolutionnaire certes mais un beau film classique au meilleur sens du terme qui clôt la saga en faisant dialoguer hier et aujourd’hui sur une multitude de thématiques, sans jamais marteler les choses.
De Simon Curtis. Avec Michelle Dockery, Elizabeth McGovern, Alessandro Nivola… Durée : 2h03. Sortie le 10 septembre 2025







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