Affiches Films à l'affiche mercredi 29 mars 2023
StudioCanal/ Pathé/ Pan Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
JE DIRAI TOUJOURS VOS VISAGES ★★★★☆

De Jeanne Herry

L’essentiel

Dans la droite lignée du magistral Pupille, Jeanne Herry s’empare de la justice restaurative pour signer un grand et beau film de personnages et d’acteurs.

En 2018, Jeanne Herry a frappé un grand coup avec Pupille et son Je verrai toujours vos visages s’inscrit dans sa droite lignée. Sa maestria de se déploie ici autour d’un autre sujet de société – la justice restaurative – qui lui permet de célébrer de nouveau la beauté du collectif à même de renverser toutes les montagnes. Un geste politique fort dans notre époque de défiance et où la justice est surtout envisagée comme punitive. Mais un geste assumé où elle ne tremble jamais, surtout quand il s’agit de créer de l’émotion, le cœur battant de son cinéma. Résultat : elle réussit à raconter un type de justice méconnu sans se faire didactique. La parole est ici aux personnages, à grand coup de monologues déments entrecoupés d’échanges vifs. Servi par un casting dément, le résultat d’une force inouïe laisse KO debout.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

SEPT HIVERS A TEHERAN ★★★★☆

De Steffi Niederzoll

En 2007, l’iranienne Reyhaneh Jabbari, âgée de 19 ans, entaille et tue l’homme sur le point de la violer. Il est puissant, elle, non. Reyhaneh est accusée du meurtre, jetée en prison, condamnée à mort après un procès malhonnête. Pendue en 2014. Entre-temps, elle est devenue, à l’instar de Mahsa Amini aujourd’hui, une figure de la lutte pour les droits des femmes en Iran. Ce documentaire raconte cette tragédie et fait écho au récent She Said, fiction américaine qui filmait la chute de l’ogre Harvey Weinstein, tant la superposition d’images et de témoignages, de mots et de souvenirs poussent au vertige. Tant, en face, la réaction des femmes est sororale et l’injustice frontale, dégueulasse. Sept hivers à Téhéran est une secousse. Émotionnelle et politique.

Estelle Aubin

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

AILLEURS SI J’Y SUIS ★★★☆☆

De François Pirot

Mathieu est au bout du rouleau. Sous la pression de son patron au boulot et malheureux dans son couple, il va fuir cette réalité étouffante le jour où il suit un cerf qui passe devant chez lui et s’enfonce avec lui dans la forêt au bord d’un étang paradisiaque où, trouvant enfin la paix, il décide de s’installer. Ainsi débute ce singulier conte existentiel autour de cette idée d’un retour à la nature devenu l’alpha et l’oméga de citadins fantasmant la campagne comme un Eden. Et François Pirot (Mobil- home) réussit à nous embarquer dans sa folie douce et mélancolique au gré de ses personnages tous impactés par le choix de Mathieu et confrontés aux propres insatisfactions de leur existence. Car il ne confond jamais malice et moquerie et a su réunir une distribution (Jérémie Rénier, Jean- Luc Bideau, Samir Guesmi...) à l’aise comme un poisson dans l’eau dans cette ambiance surréaliste

Thierry Cheze

GRAND PARIS ★★★☆☆

De Martin Jauvat

Dans la psyché française - et cinéphile en particulier - l’idée même de la banlieue renvoie forcément à une terre sauvage et sacrifiée, lieu de tension explosive.  Il existe pourtant bien des chemins de traverses, ceux empruntés récemment par Guillaume Brac et son Ile au trésor ou Alice Dop avec Nous. En cartographiant son film comme on regarderait un plan RATP où les lignes de couleurs affublés de lettres seraient les codes d’un plan secret et joyeux, Martin Jauvat poétise d’emblée sa traversée. Le Grand Paris du titre renvoie au serpent de mer qui verrait la capitale débarrassée de sa petite couronne et par voie de fait, de son gros nombril. Leslie et Renard, les deux protagonistes, se retrouvent en rade quelque part en Île-de-France. En explorant le chantier d’une future ligne du RER, ils tombent sur objet mystérieux et décident immédiatement de son caractère ancestral donc précieux, promesse d’un pactole à venir.  Leslie et Renard croient en leur rêve et tels des Don Quichotte arpentent un territoire au gré de leurs rencontres. La menace du surplace est bien réelle mais la quête des personnages finit par devenir un peu la nôtre. Et puisqu’elle mène aux étoiles, on se dit qu’on a bien fait de prendre part au voyage.

Thomas Baurez

LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ECHAPPE ★★★☆☆

De Natalya Merkulova et Alexeï Chupov

Ce survival sur fond de purge stalinienne, peut s’appréhender comme un récit d’anticipation à rebours, voire une dystopie sur la Russie d’aujourd’hui. Dans l’URSS de 1938, juste avant le grand saut vers un conflit mondiale inévitable, les autorités font le ménage dans leurs propres rangs. Le jeune capitaine Volokogonov est ainsi promis à une fin certaine pour des faits que la raison semble ignorer. Le duo de cinéastes à qui l’on doit L’homme qui a surpris tout le monde opte pour une esthétique très affirmé avec des décors sépia dont la monotonie est contrariée par une forte présence des tons rouges, renforçant cette idée d’un monde sous cloche. La mise en scène très animale et mobile, reste impressionnante de bout en bout, au point de pêcher par quelques excès d’afféteries de représentation. Car ce que l’énergie du récit déploie et permet comme tension, est malheureusement quelque peu affaibli par un scénario qui ne parvient pas tout à fait à figurer la quête sacrificielle du héros, entre transcendance et folie suicidaire. Un chemin de croix impossible qui renvoie autant le héros à l’absurdité d’un système aveugle qu’au déraillement de sa propre volonté.

Thomas Baurez

LOS REYES DEL MUNDO ★★★☆☆

De Laura Mora

C’est un mirage que l’on touche du bout du doigt, une Terre promise que l’on marque de ses mains, sur laquelle on rêve de régner. Après la mort de sa grand-mère, Rà hérite d’un lopin de terre paysan autrefois confisqué à sa famille. Lui et ses quatre amis, gamins prisonniers des rues frénétiques de Medellín, rêvent de ce retour à la terre, ou à la liberté. Commence alors une odyssée anarchique à travers la Cordillère colombienne, ponctuée de moments de grâce captés par une photographie onirique et une ambiance sonore remarquablement travaillée. La mécanique du drame social se devine, mais la quête devient plus instinctive grâce au geste esthétique affirmé de Laura Mora qui redonne éclat à ce road-trip désenchanté, rencontre édifiante entre l’insouciance et la brutalité, la pudeur et l’insolence de cette bande de jeunes qui se rêvent propriétaires, ou rois du monde.

Lou Hupel

LE ROYAUME DE NAYA ★★★☆☆

De Oleh Malamuzh

Une forêt peuplée d’être magiques est menacée par d’avides humains à la recherche d’une fontaine de jouvence… OK, on a déjà vu et entendu ça mille fois, mais ce film d’animation qui nous vient d’Ukraine nous le fait revoir et ré-entendre très joliment. La technique est vraiment solide (le passage obligé de la séquence d’intro dans un style naïf est accompli avec brio), le character design très sympathique (avec de vrais méchants bien tordus et violets comme Disney n’ose plus en faire depuis quinze ans ! Ouais !), les vannes sont bien trouvées… Même si le film pourra paraître un poil longuet aux grands dadais qui s’y traîneront (la faute à ses multiples personnages, entraînant autant d’intrigues à boucler en 90 minutes), et les chansons très oubliables (car il y en a : heureusement, elles sont rares), ce Royaume-là est une jolie surprise.

Sylvestre Picard

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

THE LOST KING ★★☆☆☆

De Stephen Frears

En 1998, en lisant une biographie de Richard III, Philippa Langley s’arrête sur une phrase : « c’était un homme dont la véritable histoire n’avait jamais été raconté ». Une phrase qui va dès lors la pousser à consacrer son existence à rétablir la vérité sur ce Roi à la réputation salie par la pièce de Shakespeare et à retrouver sa dépouille qu’on croyait perdue à jamais… pour lui offrir réinhumation et réhabilitation. L’histoire est dingue et portée ici par la toujours parfaite Sally Hawkins. Mais aux commandes de ce scénario qui tresse des liens entre un double procès en illégitimité – Richard III considéré comme usurpateur, Langley longtemps regardée de haut parce que femme et non historienne professionnelle – Stephen Frears semble hélas aux abonnés absents. Mise en scène fantomatique, flirtant avec le (mauvais) téléfilm, il manque une envie, un souffle pour être à la hauteur de son sujet.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

APACHES ★★☆☆☆

De Romain Quirot

Après une ballade dans le futur (Le Dernier voyage), Romain Quirot a choisi de remonter le temps jusqu’au Paris de 1900 où des gangs ultra- violents faisaient régner la terreur de Montmartre à Belleville et de les raconter à travers une jeune femme intégrant l’un d’eux pour venger son frère assassiné. Il y a chez Quirot une envie de cinéma, un désir de flamboyance qu’on retrouve dans sa direction artistique, même si tous ses partis pris ne sont pas forcément heureux (ponctuer le récit de chansons « modernes » bégaie inutilement avec la modernité du propos). Mais son ambition vient surtout se fracasser sur le temps court… d’un long métrage qui ne permet pas de développer les histoires de ses personnages secondaires haut en couleur. Et on reste donc un peu sur sa faim, en dépit de l’enthousiasme communicatif du cinéaste et de la qualité sans faille de l’interprétation (Alice Isaaz, Niels Schneider et Artus en tête).

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

BONNE CONDUITE ★☆☆☆☆

De Jonathan Barré

Le troisième long de Jonathan Barré (Les Vedettes) démarre pied au plancher, au rythme d’une formatrice de la prévention routière dans un centre de récupération de points (Laure Calamy) qui se sert de sa fonction pour repérer les chauffards indécrottables et se muer la nuit en serial killeuse qui les pourchasse au volant de sa voiture pour les envoyer dans le décor. Sauf qu’une fois cette situation posée, le réalisateur semble peiner à savoir quoi en faire. Scènes répétitives, personnages hauts en couleurs virant à la caricature à cause d’une écriture mal maîtrisée, péripéties dont l’agitation masque mal le vide… Le film s’embourbe au fil des minutes. David Marsais et Grégoire Ludig nous arrachent certes un sourire en duo de flics lunaires, mais avec un côté Bullitt et Riper qui leur donne un furieux air de déjà vu et symbolise l’aspect un peu daté de cette comédie noire poussive.

Thierry Cheze

VOYAGES EN ITALIE ★☆☆☆☆

De Sophie Letourneur

En 2016, Sophie Letourneur (Enorme) est partie en vacances en Italie avec son compagnon, un voyage dont les péripéties ayant conduit leur couple au bord de la crise de nerfs l’ont poussée à enregistrer avec lui à leur retour un récit dudit périple, matériel dont elle a décidé de faire une fiction. On voit bien le but de sa démarche : transcender sa propre expérience pour aboutir à une réflexion autour du lien conjugal et de la pérennité du désir. Seul hic, on ne voit que ça :  les intentions, les coutures. Et le film s’enferre dans méandres de la plus banale des autofictions où tout ce qui est censé paraître naturel et léger pèse des tonnes d’artificialité. La manière dont Sophie Letourneur sort Philippe Katherine de son emploi habituel de grand naïf sympa n’est pas inintéressante mais ce qui se passe entre eux à l’écran se révèle un tunnel d’ennui où on a la sensation d’être de trop.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Contes de printemps, programme de courts métrages

La Naissance des oasis, programme de courts métrages

La Roya, de Juan Sebastian Mesa

Shazam ! La Rage des Dieux, de David F. Sandberg

Le Voyage d’Anton, de Mariana Loupan

Reprises

L’Etrange Monsieur Victor, de Jean Grémillon