Après le succès de La Maman et la Putain, un autre classique de Jean Eustache restauré sera présenté à la 79e Mostra de Venise.
La société des Films du Losange poursuit sa restauration de l’intégralité de l’œuvre de Jean Eustache. Après le gros morceau, La Maman et la Putain (1973), présenté comme un sou neuf au dernier Festival de Cannes et qui continue d’attirer des milliers de curieux en salles, c’est au tour de Mes Petites Amoureuses (1974) de parader dans un grand raout cinéphile.
La Maman et la Putain par Françoise Lebrun, Gaspar Noé, Cédric Anger...Mes Petites Amoureuses, sera présenté dans une copie 4K à la 79e Mostra de Venise qui se déroulera sur l’île du Lido du 31 août au 10 septembre prochain. Ce film très autobiographique raconte l’itinéraire sentimental du jeune Daniel qui avant son entrée au collège va connaître ses premières passions amoureuses.
L’action se passe dans le Sud-Ouest de la France. Jean Eustache, enfant de Pessac a grandi à Narbonne auprès de sa mère, comme ici, le petit Daniel. La « maman » est incarné par la muse de Fassbinder, Ingrid Caven. L’ « ami » Maurice Pialat figure aussi au générique dans un petit rôle. On peut d’ailleurs rapprocher Mes Petites Amoureuses de L’enfance nue, tourné six ans auparavant par le même Pialat. On y retrouve cette même approche ultra-sensible du réel, ce qui n’exclue bien-sûr pas une certaine âpreté.
Le contretype de La Maman et la Putain
Au début des seventies, Jean Eustache porté par le succès de La Maman et la Putain, bénéficie enfin d’un budget « confortable » pour le tournage de son prochain long-métrage. Une première mais aussi une dernière, l’échec de Mes Petites Amoureuses l’obligeant à réintégrer la marge.
Si on s’en tient à l’une des théories de François Truffaut selon laquelle certains films sont fait contre le précédent, alors celui-ci peut se voir comme le parfait contretype de La Maman et la Putain. Au noir et blanc granuleux, il répond par la couleur ; à une parole surabondante, un certain laconisme ; à un présent désabusé, un voyage au pays des souvenirs d’enfance ; à l’impureté supposée des sentiments, les parfums de l’innocence.
« Ce film-là, c'est le passage d'un enfant de la vie normale à la marginalité, alors que tous mes autres films se situaient dès le début, dans la marginalité. », expliquait Jean Eustache.
Mes Petites Amoureuses de Jean Eustache : Martin Loeb, Ingrid Caven, Jacqueline Dufranne… Dist. Les Films du Losange. Bientôt en salles en copies 4K, avant une édition vidéo.
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