Affiches Films à l'affiche semaine du 16 octobre 2024
StudioCanal/ Les Films du Losange/ Paramount

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
L’AMOUR OUF ★★★★☆

De Gilles Lellouche

L’essentiel

Gilles Lellouche signe un film dont la générosité lui joue parfois des tours mais finit par emporter la donne. Une fresque romantique kamikaze

L’intrigue court des 80’s aux années 2000. Une lycéenne studieuse et un petit voyou intrépide y tombent fou amoureux avant que la vie ne les sépare mais sans jamais, malgré tous les obstacles mis sur leur route, parvenir totalement à ses fins. L’Amour ouf démarre tambour battant et, au rythme d’une BO démente, Lellouche n’appuiera jamais sur la pédale de frein. Sa mise en scène riche en mouvements de caméra traduit un enthousiasme débordant à mettre en scène cette histoire- là, ces personnages- là, ces acteurs- là. Il y a dans ce geste un panache kamikaze qui emporte souvent tout sur son passage. Mais pour que ce voyage tonitruant fonctionne sans que les moments plus intimes ne paraissent hors sujet, il fallait des acteurs au diapason. Intenses mais capables de nuances. Malik Frikah et Mallory Wanecque, d’un côté, François Civil et Adèle Exarchopoulos de l’autre sont faits de ce bois- là. Ils font corps et cœur avec un cinéaste qui fait ici rimer coup de foudre et coups de poing.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MISERICORDE ★★★★☆

De Alain Guiraudie

Ça part comme un western. Un jeune homme revient dans son village d’Aveyron. Si lui a bougé, l’ancien meilleur ami, pas vraiment. Encore que, les sentiments n’ont pas forcément besoin de voir du pays pour s’épanouir. Or les sentiments chez Guiraudie sont des vieux rêves qui bougent pour paraphraser le titre d’un de ses moyens métrages. Toutes les tensions du récit ont pour point d’appui la salle à manger de Martine (Catherine Frot géniale), veuve depuis peu et qui bientôt verra son fils disparaître mystérieusement. Il y a aussi et surtout un prêtre adepte de la cueillette aux champignons et des plaisirs pas forcément solitaires qui pourrait arbitrer les passions. Miséricorde est une farce spirituelle autant qu’un thriller psychologique où le surnaturel est d’autant plus fou qu’il se love dans un réalisme inquiétant.

Thomas Baurez

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SAUVAGES ★★★☆☆

De Claude Barras

Claude Barras nous entraîne à Bornéo, dans une forêt tropicale menacée de destruction par des sociétés âpres au gain. Et raconte le combat d’une fillette citadine pour l’empêcher en se reconnectant avec la partie nomade de sa famille, celle de sa mère trop tôt disparue, vivant au cœur de cette forêt. Un double récit initiatique donc où elle fera l’apprentissage de l’engagement politico- écologique tout en découvrant les secrets de famille enfouis par son père pour la protéger. Il y a ici chez Barras la volonté de délivrer un message à destination des plus jeunes, dans un mélange savamment orchestré entre réalisme des situations et poésie de leur traitement. Sans jamais infantiliser les choses. Et dans la droite lignée de Ma vie de Courgette, son animation en stop- motion et toute l’expressivité de ses marionnettes aux yeux immenses feraient fondre les cœurs les plus secs.

Thierry Cheze

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BARBES LITTLE ALGERIE ★★★☆☆

De Hassan Guerrar

Attaché de presse depuis des années, Hassan Guerrar signe sa première réalisation en mettant le cap sur le quartier parisien de Barbès dans lequel un quadra célibataire emménage et accueille son neveu fraîchement arrivé d’Algérie. Le point de départ d’une chronique toute en finesse, portrait de la communauté algérienne qui vit et fait vivre ce lieu du nord de la capitale où co- existent la plus grande des fraternités et la plus triviale des violences. Au gré de personnages riches en couleurs, Barbès, Little Algérie évolue en permanence entre ces extrêmes, au fil d’un récit mené avec un vrai talent de conteur. Chez Guerrar, l’émotion s’écrit avec un E majuscule, grâce aussi à son acteur principal Sofiane Zermani qui franchit ici un nouveau cap

Thierry Cheze

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BAMBI, L’HISTOIRE D’UNE VIE DANS LES BOIS ★★★☆☆

De Michel Fessler

Bambi en live action : en attendant que Disney le fasse, un jour ou l’autre inévitablement (mais avec des animaux 100% numériques comme son remake du Roi Lion), voici la version française. Et ce par le prisme d’un documentaire sur la jeunesse d’un faon habillé par une légère dramaturgie -et surtout une voix off (celle de Mylène Farmer) pour nous rappeler que le héros s’appelle Bambi. Au fond, cela nous interroge un peu sur la porosité entre fiction et documentaire, et sur le mélange que fait le cinéma entre le vrai et le faux. On peut réfléchir à tout cela en s’extasiant sur le charmant imagier que le film déploie : la rencontre entre Bambi et un hérisson ou un lapin, les facéties d’un raton-laveur, la présence récurrente d’une corneille dans les branches… On n’est donc pas si éloigné des True-Life Adventures, les docus Disney cultes des années 40-60 qui mythologisait la nature américaine à l’attention des petits enfants. On revient toujours à Disney, en somme.

Sylvestre Picard

NORAH ★★★☆☆

De Tawfik Alzaidi

Situé en 1996, à une époque où toute forme d’art était interdite dans les lieux publics en Arabie Saoudite, ce premier long métrage raconte comment un instituteur fraîchement arrivé dans un village isolé noue avec une jeune femme une relation artistique à travers un portrait secret qu’elle lui demande de dessiner. De ce récit épuré, Tawfik Alzaidi tire une tension admirable, où les silences subliment les visages et où les paysages rocheux incarnent à merveille le besoin universel de se libérer des entraves.

Damien Leblanc

CROQUETTE, LE CHAT MERVEILLEUX ★★★☆☆

De Christopher Jenkins

Avec l’aide d’un ange, un chat ne cesse de se réincarner en divers animaux (raton laveur, poisson, cheval…) pour tenter de sauver sa maîtresse d’un complot orchestré par un savant fou, puisque celle-ci est une scientifique qui cherche à sauver les abeilles de la disparition… Et oui, Croquette le chat merveilleux est un film beaucoup plus complexe qu’il n’en n’a l’air, tout en remplissant son cahier des charges de comédie familiale (le mot est affreux, mais vous voyez le genre) bien pensée, correctement écrite, pleine de bons personnages, et plus intelligente que la moyenne. Ça parle donc d’écologie, de famille, voire même de religion -rassurez-vous, ça ne force pas trop le trait côté réac, puisque la mythologie de Croquette repose plutôt sur des clichés narratifs rigolos (le Paradis est une lumineuse bureaucratie) que sur une propagande tradi. Bref, Croquette est à ranger dans la catégorie des bonnes surprises de la rentrée.
Sylvestre Picard

LE SENTIER DES ABSENTS ★★★☆☆

De Eugénie Zvonkine

Rares sont les documentaires attentifs aux « mères sans enfant », ces femmes forcées de naviguer le vide que laisse une mort périnatale. Pourtant, Eugénie Zvonkine en fait sa mission : suite à une IMG, elle décide dans un élan cathartique de récolter les témoignages de trois femmes rencontrées dans un groupe de parole, sans jamais couper sa caméra. Ainsi, elle leur laisse le temps d’exhaler la douleur, accompagnant le silence qui vient avec les larmes, bien plus évocateur que des mots. En filmant trois chemins endeuillés – l'une retraçant le trajet vers l'hôpital où elle a accouché, l'autre vers la tombe de son enfant au Maroc, et la dernière vers le seul village en France qui porte le prénom de sa fille – la réalisatrice se livre à un exercice intime, aussi douloureux que libérateur, qui permettra sans nul doute à d’autres femmes meurtries de s’aventurer sur leur propre sentier.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

 

SMILE 2 ★★☆☆☆

De Parker Finn

En 2022, on trouvait que, dans le style "horreur à très petit budget inspirée par un court-métrage", Smile valait le coup d’œil, sans pour autant révolutionner le genre. Smile 2 commence quelques jours après le premier, et suit toujours le parcours d’une malédiction prenant la forme d’un sourire horrible sur le visage de celui ou celle qui la porte. Et bien qu'objectivement meilleur que le premier, il souffre de vraies lacunes. Ainsi, au moment où le très généreux Terrifier 3 ravage les salles, les efforts déployés ici pour faire flipper son public paraissent bien trop classiques. Et alors que tout repose ici sur le jumpscare Parker Finn a une fâcheuse tendance à couper les scènes de folie par une coupe franche lorsqu’elles deviennent enfin intéressantes. La scène de fin se révèle cependant très rigolote, et laisse sur une très bonne impression : celle que Smile 3 pourrait enfin être un grand film de frousse.

Sylvestre Picard

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TOUCHER TERRE ★★☆☆☆

De Jérémie Basset

Les passionnés de construction en terre crue seront comblés : un documentaire décortique ce sujet niche aussi bien grâce à l’expertise d’archéologues et d’architectes que d’une immersion au sein d’un chantier participatif. Les autres, par contre, auront un peu plus de mal à se passionner pour ces charmants édifices en terre : les témoignages leur sembleront éparses, le fil conducteur fragile, et le contexte historique trop vite effleuré pour réellement saisir les vertus éco-responsables de ce matériau…

Lucie Chiquer

LES VOIX CROISEES ★★☆☆☆

De Raphaël Grisey et Bouba Touré

Arrivé en France vers 1960 et mort en 2022, le malien Bouba Touré signe, pour ce qui restera son ultime long métrage (en duo avec Raphaël Grisey) un documentaire ambitieux autour de la lutte des travailleurs africains venus en France. Dégâts du colonialisme, développement de l’agriculture au Mali et enjeux écologiques sont au programme de ce kaléidoscope mêlant les lieux et les époques un peu compliqué à suivre et qui aurait gagné, vu la quantité des sujets et les années traitées, à être traité en série.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

C’EST LE MONDE A L’ENVERS ★☆☆☆☆

De Nicolas Vannier

Et soudain tout bascula. Plus d’électricité, plus d’eau courante, plus de réseau pour communiquer. Et voilà le héros du nouveau Nicolas Vannier (Donne moi des ailes), trader obsédé par le fric contraint de quitter Paris avec femme et enfant pour se réfugier à la campagne dans une exploitation agricole acquise dans un pur but spéculatif mais que ceux qui y vivent et la font vivre n’ont aucune intention de quitter. Nul ne pourra remettre en cause la sincérité de Vannier dans ce plaidoyer pour la sauvegarde de la planète. Mais l’écriture ultra- caricaturale du personnage de trader conduit le film dans le mur dès son entame, rendant artificiels tous les rebondissements qui suivent et conduisent à un happy end à marche forcé. L’ensemble aurait mérité moins de manichéisme, plus d'ambiguïté et une direction d’acteurs qui ne pousse pas au surrégime permanent pour que le message qu’entend délivrer Vannier passe.

Thierry Cheze

 

Et aussi

La Chanson de Jérôme, de Olivier Bosson

Chouette, un jeu d’enfants, programme de courts métrages

Harold et le crayon magique, de Carlos Saldanha

Macpat et le chat chanteur, programme de courts métrages

Reprise

Héros fragiles, de Emilio Pacull

Les Violons du bal, de Michel Drach