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Labellisé Cannes 2020, le premier long métrage de Jimmy Kairouz raconte les tragédies perpétrées par l’Etat Islamique, sans avoir peur d’exprimer ses émotions

C’est une de ces histoires vraies que peu de scénaristes auraient osé imaginer. Ou comment un pianiste syrien (Tarek Yaacoub, saisissant) sélectionné pour une audition à Vienne va voir ce moment de basculement potentiel d’une vie bousculée par la guerre dans son pays et la haine de toute forme d’art chez les soldats de l’Etat Islamique qui, en détruisant son piano, le contraigne à un voyage incertain pour en retrouver des pièces et le réparer. Pour son premier long qui a eu les honneurs du Label du festival de Cannes 2020, Jimmy Keyrouz raconte la terreur dans ce qu’elle peut avoir de plus abjecte sans détourner sa caméra. Un homosexuel balancé sans ménagement d’un toit avec pour seul crime une orientation sexuelle qui déplaît à Daesch. Des livres qu’on brûler pour effacer durablement pour les générations à venir la riche et tumultueuse histoire d’un pays. Mais il le fait en assumant pleinement un côté mélodramatique. Sur le papier, ce grand écart semble propice aux sorties de route. Et ici et là, elles peuvent effectivement se produire. Mais au final ce geste audacieux emporte la mise parce que jamais Jimmy Keyrouz n’en dévie ou ne freine artificiellement le torrent d’émotions fortes que son récit charrie. Le tout avec l’aide du remarquable travail à la photographie de Joe Saade dans une Syrie reconstituée dans un Liban en ruines mais aussi la musique composée par le toujours inspiré Gabriel Yared.

De Jimmy Keyrouz. Avec Tarek Yaacoub, Adel Karam, Badih Abou Chakra… Durée : 1h50. Sortie le 13 avril 2022