"Avec le temps, j’ai commencé à faire des films pour un public d’une seule personne : Diane Keaton. Je n’ai jamais lu une seule critique de mon travail, je ne me souciais que de ce que Diane en pensait..."
Ils ont formé un couple de cinéma légendaire.
Woody Allen a rendu un hommage bouleversant à Diane Keaton, décédée à 79 ans. Dans un longue texte publié par The Free Press, le cinéaste controversé est revenu sur leur histoire, à la fois amoureuse et artistique, et sur une complicité qui aura marqué un demi-siècle de cinéma.
Diane Keaton a tourné dans huit des cinquante films de Woody Allen — dont certains des plus réussis comme Annie Hall, Manhattan ou Radio Days.
Déjà, en 2017, il lui remettait le AFI Life Achievement Award, déclarant : "La minute où je l’ai rencontrée, elle a été une immense inspiration pour moi. Une grande partie de ce que j’ai accompli, je le lui dois, sans aucun doute."
Et aujourd'hui, au moment de lui dire adieu, le cinéaste a la gorge nouée. Il écrit :
"Contrairement à quiconque sur cette planète, et sans doute à quiconque on reverra jamais, son visage et son rire illuminaient chaque endroit où elle entrait."
Allen se souvient de leur première rencontre, lors d’une audition pour sa pièce Play It Again, Sam en 1969, au Morosco Theatre. Keaton, tout juste arrivée d’Orange County, travaillait comme vestiaire tout en jouant dans Hair. "Si Huckleberry Finn avait été une jeune femme sublime, il aurait été Diane Keaton," raconte-t-il.
Au début des répétitions, rien ne semblait pourtant évident. "Elle était timide, j’étais timide, et quand deux personnes timides se rencontrent, les choses peuvent vite devenir ennuyeuses" raconte Woody Allen. Tout change après un simple repas partagé pendant une pause : "Elle était tellement charmante, tellement belle, tellement magique, que j’ai douté de ma santé mentale. Je me suis demandé : est-ce possible de tomber amoureux aussi vite ?"
Quand la pièce s’ouvre à Washington, ils sont déjà en couple. Keaton devient rapidement sa plus précieuse collaboratrice, sa première spectatrice, sa boussole.
"Avec le temps, j’ai commencé à faire des films pour un public d’une seule personne : Diane Keaton. Je n’ai jamais lu une seule critique de mon travail, je ne me souciais que de ce que Diane en pensait."
Woody Allen salue aussi les multiples talents de Diane Keaton — écrivaine, photographe, décoratrice, réalisatrice — et son goût absolu.
"Elle pouvait même reprocher à Shakespeare d’avoir dérapé, si elle trouvait qu’il s’était trompé," écrit-il, admiratif.
Le réalisateur évoque ensuite des souvenirs plus tendres, comme un Thanksgiving passé chez la famille Keaton, en Californie : "J’ai joué au poker à un cent avec ses proches, et j’ai fini par gagner environ 80 centimes."
“Cette belle fille de la campagne est devenue une actrice multi-récompensée et une icône de mode sophistiquée. Nous avons partagé quelques années merveilleuses, puis nous avons chacun pris notre chemin. Pourquoi ? Seuls Dieu et Freud pourraient le dire.”
Woody Allen conclut son texte par une phrase d’une simplicité désarmante :
“Il y a quelques jours encore, le monde comptait Diane Keaton. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est un monde plus terne. Mais il reste ses films. Et son grand rire résonne toujours dans ma tête.”







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