Une nouvelle étude analyse les succès de 2014 à 2017.
La compagnie Shift7, fondée par Megan Smith, une conseillère de Barack Obama au sujet des nouvelles technologies, vient de publier une étude comparant les succès au box-office mondial de 2014 à 2017, afin d’observer si les films portés par des personnages féminins et masculins obtenaient le même succès. A Hollywood, les studios misent traditionnellement sur des hommes pour être les héros des blockbusters les plus importants, mais depuis quelques années, cette tendance évolue. Les rôles principaux féminins se multiplient au sein des grosses sagas, telles que Star Wars (Rogue One était mené par une rebelle jouée par Felicity Jones), ainsi que les superfilms (Wonder Woman en 2017, Captain Marvel en mars prochain) ou les productions animées comme Vaiana, fin 2016.
Le résultat de l’étude démontre même que récemment, ce type de productions a mieux marché au box-office que celles dont les acteurs principaux étaient des hommes. "L’idée que ce n’est pas bon pour le business d’avoir une femme à la tête d’un film est fausse, assure Christy Haubegger, une agent de stars qui a participé à la recherche. C’est un truc marketing, mais ce n’est plus vrai." L’une des recherches appuie son argument : les films portés par des femmes ont globalement de plus petits budgets que ceux qui le sont par des hommes. Le graphique est parlant : peu importe que les œuvres coûtent une dizaine de millions de dollars pour plus de 100 millions, ce sont les productions masculines qui obtiennent le plus d’argent des studios. En tout, sur les 350 films étudiés,105 étaient menés par des femmes, et 245 par des hommes.
L’étude portait aussi sur le "test de Bechdel", qui veut mettre en avant la sur-représentation des personnages masculins dans une œuvre de fiction en observant plusieurs points. Pour qu’un film le passe, il doit respecter trois critères : qu’il y ait au moins deux femmes dans l’oeuvre, qu’elles dialoguent ensemble, et qu’elles parlent d’autres choses que des hommes qui les entourent. Un procédé qui peut donner une idée globale de la sur-représentation masculine à Hollywood, mêmes'il n'est pas fiable à tous les coups : il ne juge pas la qualité d'une oeuvre, ni son sexisme, et peut parfois se réduire à un simple "comptage" des personnages féminins.
Voici cependant le résultat obtenu ici : sur les 11 films qui ont passé le milliard de dollars de recettes sur ces trois années d’étude, tous ont franchi ce test : Star Wars 7, Jurassic World, Star Wars 8, Avengers 2, Fast & Furious 7, La Belle et la Bête, Fast & Furious 8, Captain America 3, Rogue One, Zootopie et Le Monde de Dory. Depuis 2012, le seul milliardaire du box-office mondial qui n’a pas passé le test est Le Hobbit, de Peter Jackson, puisqu'il était principalement porté par des acteurs.
Pour bien comprendre l’analyse, il faut savoir qu’un film est déterminé "porté par une actrice" ("female lead") ou "par un acteur" en fonction du poids de ses stars quantifiées sur le site de data Gracenote. Par exemple, on pourrait penser que Star Wars 7 et 8 ont pour héroïne Rey, jouée par Daisy Ridley, mais Le Réveil de la Force entre dans la catégorie masculine, car la personnalité qui est considérée comme son "lead actor" est Harrison Ford. Idem pour la suite, où c’est Mark Hamill qui est considéré comme celui qui "porte l’œuvre."
La représentation est un sujet qui est de plus en plus à l'honneur à Hollywood, et pas seulement celle des femmes. Plusieurs groupes demandent davantage de représentation que ce soit via des personnages de différentes nationalités ou faisant partie de la communauté LGBT. Lors de la dernière cérémonie des Oscars, Frances McDormand, qui recevait la statuette de la meilleure actrice pour 3 Billboards, a ainsi marqué les esprits en défendant lors de son discours la mise en place d'une "clause d'inclusion", permettant une plus grande diversité sur le plateau, aussi bien en ce qui concerne les acteurs que l’équipe technique.
Oscars 2018 : Le discours puissant de Frances McDormand
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