25. Intouchables
D’Éric Toledano et Olivier Nakache (2011)
L’exemple parfait de la comédie sociale française. Sens du tempo, instinct de l’époque, comédiens qui brûlent les planches et peuvent nous bousculer sans nous froisser avec leurs vannes amères : le travail d’orfèvre du tandem Toledano Nakache, jamais démagos, fait naître un sentiment fédérateur, avec cette histoire de contraires qui finissent par se (re)trouver.
24. The Artist
De Michel Hazanavicius (2011)
Rien de plus feel good que de partager son amour du cinéma à travers une évocation nostalgique et fétichiste des débuts du parlant (la preuve avec notre numéro 1, dont The Artist reproduit la trame générale). Mais Michel Hazanavicius sait éviter les chausse-trappes du simple pastiche, pour signer un vrai beau film populaire où l’on se marre et où l’émotion naît d’un plaisir partagé à travers un vrai geste de cinéma.
23. L'homme tranquille
De John Ford (1952)
Les amours tumultueuses et romantiques entre un Américain (John Wayne) de retour dans son village natal irlandais et une jeune fille du coin qui a un sacré caractère (Maureen O’Hara). Une fessée culte, une bagarre mythique, un technicolor renversant... L’Homme tranquille est une visite guidée des pubs où s’étourdir à la bière brune, une balade dans un pays fantasmé et un prospectus enflammé pour deux stars à la beauté flamboyante et tourbée. Notre Brigadoon.
22. Moulin Rouge !
De Baz Luhrmann (2001)
Moulin Rouge !, c’est le cinéma de l’excès, du trop-plein, du débordement, du mauvais goût, même. Un film grandiloquent et rupin où chaque scène pastiche un cinéaste (dans le désordre Méliès, Kubrick, Donen) pour remixer le tout façon puzzle et Barnum. Si le 7e art filait vers son apocalypse alors Baz en serait le parfait antéchrist. Kitsch ? Bien sûr. Vulgaire ? Absolument. Mais forcément jouissif et excitant.
21. Un jour sans fin
De Harold Ramis (1993)
Leçon numéro 1/ Ne réglez jamais votre réveil sur 6 h et sur une station de radio locale. Leçon numéro 2/ Testez toujours la température de la douche avant d’y entrer. Leçon numéro 3/ La meilleure façon d’empêcher un voyage dans le temps est d’arrêter de se comporter comme un con. En croisant Bergson et Capra, Harold Ramis réussit le feel good « méta » idéal. Un film qui réfléchit constamment à ce qu’est vraiment le bonheur (et le bonheur au cinéma) et offre son plus beau rôle à Bill Murray.
20. Billy Elliot
De Stephen Daldry (2000)
Une obsession anglaise post-thatchérienne : des films « inspirants » et uplifting (littéralement « qui nous soulèvent »), blindés d’émotions et où la magie du cinéma doit illuminer la grisaille du quotidien. Toutes les variantes locales ou thématiques existent, mais dans ce registre rien n’égale Billy Elliot, même pas The Full Monty. Un Jamie Bell incroyable, des scènes d’opposition père-fils lacrymales comme il faut, une galerie de personnages secondaires sensationnelle... Non, même le YMCA des chômeurs ne peut pas rivaliser.
19. Etre et avoir
De Nicolas Philibert (2002)
Être et avoir n’est pas seulement un bel hommage au dévouement discret d’un instit idéal. Ni un doc sur l’école (sa classe unique est presque hors du temps, imaginaire). Dans les marges de sa copie, Nicolas Philibert signe son Zéro de conduite qui nous renvoie à nos angoisses et à nos bonheurs d’enfants. Il y a la rigolade (le jeune Jojo), mais aussi l’émotion : Nathalie, la petite fée qui ne veut pas parler et Olivier, mini colosse qu’il ne faut pas trop secouer sous peine de le briser.
18. L'homme au complet blanc
De Alexander Mackendrick (1951)
L’acteur (Guinness) et le studio (Ealing) qui firent du feel good une spécialité british. Alec Guinness joue un scientifique qui vient d’inventer un tissu indéchirable et insalissable. Un personnage rêveur et naïf, un poète, un génie incompris. Vous et moi en somme. Un type qui tente d’échapper à la réalité et aux costards noirs du règne économique. Un chevalier blanc, un Pierrot lunaire qui, de Londres à Rio de Janeiro, essaie d’échapper au réel. On rêve parfois d’enfiler son costard.
17. Scaramouche
De George Sidney (1952)
Il n’y a pas que les musicals ou les comédies qui rendent heureux. Le swashbuckler (film de cape et d’épée) est le troisième grand pourvoyeur de feel good, de Robin des Bois à Jack Sparrow, en passant par Scaramouche, le plus virevoltant de tous, sommet d’élégance hollywoodienne, fait de vrais masques, de fausses identités et de morceaux de bravoure sidérants. À la fois incroyablement sophistiqué et d’une fluidité absolue, ce qui pourrait presque servir de définition du genre.
16. Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
De Jean-Pierre Jeunet (2001)
Amélie ? Une VRP du bonheur. Après avoir été artisan de SF, Jeunet devient brocanteur de félicité, compilant les événements riquiquis et les joies fugaces –comme on sait, au cinéma le bonheur est aussi dans le «près». Si l’aventure d’Amélie enchante toujours, c’est parce qu’elle touche du doigt et de sa cuillère à café magique un dénominateur commun – les plaisirs minuscules et l’amour vrai.
15. 4 mariages et 1 enterrement
De Mike Newell (1994)
Les réveils manqués de Charles toujours en retard aux mariages. L’oubli des bagues à
l’église. Le placard pendant la nuit de noce, la révélation Andie MacDowell, actrice feel good certifiée. Pourquoi 4 Mariages... ? Pour tout ça, mais encore plus pour Hugh Grant, charmeur ambigu qui trouve ici son meilleur rôle dans une belle leçon de sentimentalisme sec et d’humour british décomplexé.
14. Slumdog Millionaire
De Danny Boyle (2009)
Le feel good comme genre universel et proposition de cinéma world. D’un côté, des flashback « dickensiens » qui chroniquent la misère des bidonvilles indiens. De l’autre, une mise en scène déchaînée, éclairée par un chef op’ en surchauffe qui explose un récit kaléidoscope. Le meilleur film de Danny Boyle est un concentré d’énergie pop métissée. En plus de mettre une patate d’enfer, il raconte que si le pire est toujours à craindre, le jackpot se trouve parfois au bout du calvaire.
13. Quand Harry rencontre Sally
De Rob Reiner (1989)
Le jeu de l’amour et du hasard version US : deux êtres qui s’aiment, se détestent et brûlent de se croiser tout en craignant le moindre déraillement. Rob Reiner aligne les hommages à Woody Allen en s’inspirant des classiques de Capra et Lubitsch. Dialogues et scènes jouissives, duo impeccable (Billy Crystal et Meg Ryan). Drôle, sentimental, spirituel, trivial, l’invention de la romcom contemporaine.
12. Le Livre de la jungle
De Wolfgang Reitherman (1967)
Le dernier film supervisé par Walt Disney n’a l’air de rien, mais c’est une comédie musicale à la partition exemplaire mélangeant blues proto funky (Louis Prima) et rock façon Beatles (les Fab Four ont servi de modèles pour les quatre vautours). L’horizon du bonheur, ici, c’est le Swinging London, et Le Livre de la jungle carbure à l’euphorie hippie et à la morale peace and love. Il en faut (effectivement) peu pour être heureux.
11. Haute Pègre
D’Ernst Lubitsch (1932)
On pourrait vivre dans chacun des films de Lubitsch, mais surtout dans celui-là où, entouré de deux femmes sublimes (la malicieuse Miriam Hopkins et la sensuelle Kay Francis), on jouerait au roi de la cambriole et on se lancerait à la recherche du bonheur dans un monde aussi léger qu’une bulle de champagne.
10. The Blues Brothers
De John Landis (1980)
Le meilleur du rhythm & blues + la plus grande destruction de voitures du cinéma = l’acmé du cool. On se contrefiche de l’histoire des Blues Brothers qui est d’abord un défilé des stars de la musique black. Le gospel hystérique de James Brown, Ray Charles en revendeur de sax d’occasion, Lady Aretha Franklin en déesse du gospel soul débordant de vitalité en peignoir rose. Le tout « hosté » par Dan Aykroyd et John Belushi en apôtres du bonheur swinguant. Quand rien ne va plus, chantonnez « Everybody, needs somebody... » et observez.
09. Jerry Maguire
De Cameron Crowe (1996)
Capra croise la sensibilité indé de Cameron Crowe. Une fable feel good irrépressible, un hymne à tous les losers arrogants de la Terre, porté par un Tom Cruise au sommet de son époque wonderboy. Son meilleur rôle, sa partenaire la plus craquante (Renée Zellweger) et une phrase culte (« You got me at hello. »), restée dans l’histoire des émotions mêlées (rires et larmes) qui définissent le genre.
08. On connaît la chanson
D’Alain Resnais (1997)
Un film vaudeville conceptuel (les acteurs se mettent à chanter leur vague à l’âme au beau milieu d’un dialogue) qui est le vrai manifeste pop(ulaire) d’Alain Resnais. Quand le Top 50 rencontre le film d’auteur malicieux et donne un mashup irrésistible.
07. Le Sauvage
De Jean-Paul Rappeneau (1975)
Un chef-d’œuvre de sophistication, de liberté, d’audace, de sensualité et d’euphorie voyageuse. Jean-Paul Rappeneau filme les amours d’un couple que tout oppose (un aventurier et une fille foldingue) avec une grâce et une vitesse dignes des grands classiques hollywoodiens. Sublime, enlevé, nostalgique. La magie d’un certain cinéma made in France.
06. Mary Poppins
De Robert Stevenson (1964)
Les mélodies du bonheur, l’incroyable Dick Van Dyke et surtout l’inoubliable Julie Andrews, actrice feel good s’il en fut ; le film a les vertus de cette nounou d’enfer qui encourage en chansons deux gamins à profiter de chaque petite joie de la vie. Aussi contagieux que le tube du film, Supercalifragilisticexpialidocious.
05. Certains l’aiment chaud
De Billy Wilder (1959)
Tony Curtis en robe lamée? Jack Lemmon en travesti ? Cela pourrait ressembler au patron des comédies graveleuses d’aujourd’hui, mais c’est plus que ça. Un modèle de subversion, conduit par un tandem qui en- chaîne les scènes d’anthologie à une allure folle. La présence de Marilyn – au sommet de sa beauté et de son jeu aérien alors que sa vie perso est un champ de bataille ! – rajoute au bonheur de chaque vision. Seulement cinquième de ce classement ? Nobody’s perfect.
04. Mon Voisin Totoro
De Hayao Miyazaki (1988)
La découverte de la nature par deux gamines de la ville qui s’installent à la campagne en attendant que leur maman sorte de l’hôpital. Aucune trace de la violence écolo ou des embardées politiques que l’on trouve dans les autres films de Miyazaki. Juste une poésie de la candeur et du frémissement. La campagne verdoyante, le ciel bleu, les ra- fales de vent, un orage dont on s’abrite sous un parapluie riquiqui, auprès d’une grosse peluche qu’on a envie de serrer dans ses bras. Miyazaki fait vibrer les spectateurs au rythme du vol des feuilles et de l’eau d’une rivière qui s’écoule lentement.
03. Les Demoiselles de Rocherfort
De Jacques Demy (1967)
Parler des choses dures de façon légère, c’était le génie de Demy ici au sommet de ses contradictions. Un film musical et bariolé avec un serial killer en goguette. Des histoires d’amour qui se font et se dé- font. Bonheur et chagrin se consument dans la grâce, la sensibilité, l’artifice trompeur et la facétie douce, habillés par les musiques de Michel Legrand qui foudroient toute forme de mélancolie.
02. La Vie est belle
De Frank Capra (1948)
Capra : « C’était un film qui disait à ceux qui avaient perdu le goût de vivre qu’aucun homme n’est un raté! » Sans son happy end, ce chef-d’œuvre serait pourtant un film terrible, la descente aux enfers d’un homme qui se sacrifie pour ses proches. Mais le dernier quart d’heure permet de tout relire sous un angle merveilleux. Et les soirs de cafard ou de Noël amer, les pétales de Zouzou restent le meilleur remède pour chasser les pensées tristes.
01. Chantons sous la pluie
De Stanley Donen et Gene Kelly (1953)
Si la comédie musicale est le genre feel good par excellence, Chantons sous la pluie reste la comédie musicale absolue. CQFD. Les semelles de feu de Gene Kelly, la danse sous la pluie (et sur la chanson titre), les jambes de Cyd Charisse, « Good mornin’! »... Invention constante, satire légère, joie inoxydable et nostalgie colorée : Chantons sous la pluie est un rêve qui contient le style Donen dans toute sa pureté – son énergie, sa manière folle de retranscrire la vie en dansant, son optimisme à toute épreuve – et synthétise la philosophie de la Freed Unit, maison de production MGM qui fut la plus grande usine à bonheur du XXe siècle.
Vous avez peur de déprimer en ces temps de confinement ? Promis, après avoir (re)vu ces films, ça ira mieux.
Il y a bien sûr dans ce top quelques unes des plus grandes comédies (musicales ou pas) de l'histoire du cinéma, de l'animation, de l'aventure, du swashbuckle (film de cap et d'épée), de la machine à Oscars et même du documentaire. Leur point commun : ces films rendent heureux.
Voici notre top 25 des feel-good movies.
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