Martin Scorsese BFI interview
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Quand le réalisateur des Affranchis est interviewé par celui de Hot Fuzz, on se tait et on écoute.

À l’occasion du British Film Institute London Festival 2023, Edgar Wright réalisateur producteur britannique (Hot Fuzz, Shaun of the Dead) a eu l’honneur d’interviewer Martin Scorsese sur scène. Le tenor de la réalisation a ainsi partagé l’expérience cinématographique qui lui a fait prendre de la hauteur sur le métier de cinéaste. La vidéo de cette rencontre d'une heure trente est à voir ici, en anglais. Nous traduisons ci-dessous quelques extraits.

“J’ai commencé à devenir très ambitieux lorsque j’ai vu Before The Revolution de Bertolucci au New York Film Festival. J'ai compris que c'était ce que je voulais faire. Je voulais être capable de m’exprimer de cette manière. Ce n’est pas seulement l’engouement de réaliser un film mais de réaliser la vie. Il y a une telle profondeur de culture, même si je ne connais rien de cette culture.“

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Le réalisateur émérite est revenu sur son rapport au cinéma lorsqu’il était plus jeune. Avec du recul, Martin Scorsese souligne le caractère fondamental qui consiste à maintenir constamment une ouverture d’esprit. D’après lui, il faut s’ouvrir aux genres et à toutes les cultures pour appréhender au mieux les propositions cinématographiques.

“J’avais cet enthousiasme pour le cinéma. J’étais très excité de partager. Un réalisateur aborde ce phénomène d’inspiration mutuelle, où des réalisateurs lui montrent leur film, ils en discutent et de là naissent de nouvelles inspirations, de nouvelles idées. De fait, il faut être ouvert à tous les genres de cinéma, même lorsqu’il s’agissait (à l’époque) de cinéma underground américain […] Le fait d’être à proximité de cette créativité était extraordinaire […] Pour moi, il s’agissait vraiment d’être ouvert à toutes les cultures et toutes les façons de penser, et toutes les manières de raconter une histoire avec des images.“

On devine toute l’importance de ces mots puisque le dernier film de Martin Scorsese (Killers of the Flower Moon) se focalise sur deux cultures qui s’entrechoquent en raison d’un insatiable désir d’acquérir une source de richesse conséquente, celle du peuple Osage. Edgar Wright a par ailleurs interrogé le réalisateur sur sa collaboration avec Leonardo DiCaprio. Le réalisateur britannique a ouvertement demandé à Martin Scorsese si Robert De Niro a bien soufflé le nom de Leonardo. 

 “Oui exactement, répond-il. En ordre général, Robert n’est pas du genre à dire : “tu devrais travailler avec untel“, non. Mais un jour, lors d’un appel téléphonique il m’a dit : “Je travaille sur Blessures Secrètes avec ce petit, Leo DiCaprio, tu devrais le rencontrer. Tu devrais travailler avec lui un jour. Il est très bien.“ Ce que je retiens, c’est que c’est la participation de Leo dans Gangs of New York qui a fait que le film soit réalisé. Peu importe ce que Leo a apporté, tout ce que je sais, c’est que le film a été fait parce qu’il était là.“

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Paramount

De cette suggestion, est née une collaboration prestigieuse entre le réalisateur et l'acteur : ils se sont retrouvés pour Aviator (2004), Les Infiltrés (2006), Shutter Island (2010), Le Loup de Wall Street (2013) et plus récemment Killers of the Flower Moon, donc.

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En conclusion, Martin Scorsese est revenu sur les possibilités cinématographiques inédites qu’octroient les nouvelles technologies.

“Je suis vieux, les jeunes verront les choses autrement. Les questionnements autour de certains plans seront différents. On réinvente et cela va de paire avec la technologie. Je n’aurais pas tourné Mean Streets comme ça aujourd’hui. Il faut repenser la technologie comme on l’espère, pour que des films sérieux puissent être réalisés et être appréciés par un public.“

Conscient de son âge, Martin Scorsese a déjà dit qu'il aimerait tourner encore un ou deux films. Il ne compte pas rendre son tablier et envisage d'ores et déjà une septième collaboration avec Leonardo DiCaprio dans une adaptation de The Wager, un autre roman de David Grann.

Killers of the Flower Moon est disponible en salles.