Aux jours qui viennent de Nathalie Najem
Paname

Le puissant Aux jours qui viennent met en scène l’emprise d’un homme sur ses deux compagnes successives. Sa réalisatrice raconte à Première le choix de ses interprètes : Bastien Bouillon, Zita Hanrot et Alexia Chardard.

Pour votre premier long métrage, vous signez un récit implacable et glaçant sur les violences conjugales à travers le soutien qu’apporte Laura, une jeune femme et mère de leur fils à la nouvelle compagne de son ex Joachim, victime de la même emprise. Comment s’est construit le casting du trio central de votre premier long métrage ? Quelle est la première pièce du puzzle ?

Nathalie Najem : Le tout premier auquel j’ai pensé, c’est Bastien Bouillon. Parce que j’avais eu la chance d’avoir déjà travaillé avec lui sur un moyen-métrage Baby Love qui racontait déjà une histoire de passion destructrice. Et ça avait été une rencontre artistiquement très forte entre nous. Mais l’écriture du scénario a été longue, notamment parce que je travaillais sur d’autres projets comme simple scénariste parallèle. Et dans la dernière ligne droite, sur une des dernières versions du scénario, j’ai soudain eu un doute. Je me suis demandé si on n’allait pas refaire la même chose en moins bien, puisque les deux personnages dégageaient le même trouble.

Qu’est ce qui vous a fait revenir vers lui ?

J’ai dû d’abord trouver l’interprète de Laura, l’ex de Joachim, la mère de leur enfant. Celle qui a pu extirper de son emprise et va aider sa nouvelle compagne Shirine à se sortir de ce à quoi elle a pu s’échapper. J’ai choisi de confier ce rôle à Zita Hanrot. C’est une comédienne que je suis depuis longtemps. Mais elle m’avait particulièrement frappé dans La fête est finie de Marie Garel-Weiss et son rôle d’une jeune femme tentant de se libérer de sa dépendance à la drogue, par sa capacité à incarner cette dualité entre dureté et luminosité que je recherchais pour Laura. J’avais besoin qu’on puisse ressentir que Laura pouvait désormais être légère, lumineuse et vivante, tout en comprenant qu’elle avait éprouvé la dureté de la vie. Et le hasard de la vie a aussi fait que Zita est devenue mère un an avant le tournage et que cela a encore renforcé la maturité indispensable à son personnage.

Aux jours qui viennent de Nathalie Najem
Paname Distribution

Et pourquoi êtes vous alors revenu à votre idée initiale de Bastien Bouillon pour incarner Joachim ?

Parce que je me suis enfin convaincue de ne pas fuir l’évidence. Bastien incarnait spontanément ce que je recherchais pour ce personnage : une fragilité qui le rend attachant mais qui, en un claquement de doigts, peut susciter la peur. Et je savais aussi que je pourrais m’appuyer sur la confiance née de notre première collaboration. Et qu’au moment où forcément – et ce fut le cas – il allait s’inquiéter que son personnage apparaisse trop antipathique voire haïssable, il s’abandonnerait car il aurait confiance en mon regard.

C’est Alexia Chardard qui incarne la troisième membre de ce trio, la nouvelle compagne de Joachim, peu à peu prise entre ses griffes. Vous l’avez choisie par casting ?

J’avais déjà vu jouer Alexia dans Mektoub my love d’Abdel Kechiche puis chez Valéria Bruni-Tedeschi dans Les Amandiers. Mais c’est ma directrice de casting Marion Touitou - qui est aussi celle de Valéria depuis toujours - qui m'a suggérée de la rencontrer. Et ce qu’Alexia a proposé en audition m’a tout de suite convaincu qu’elle était l’interprète idéale de Shirine.

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Une fois vos comédiens choisis, comment travaillez-vous avec eux en amont du tournage ?

J’ai organisé une lecture avec tous les comédiens quelques jours avant le tournage pour voir qui était déjà au bon endroit et avoir une idée du travail qu’il me restait à faire avec les autres. Mais je n’organise par contre aucune répétition en amont, y compris avec les techniciens. Je ne le fais qu’une fois sur le plateau et on filme cette répétition avant de faire évoluer la scène de prise en prise. C’est une manière de transformer le manque de budget. J’aurais aimé avoir un peu plus de temps de tournage mais sachant que ce ne serait pas le cas, je me suis dit que le lâcher prise allait pouvoir naître dans l'inconfort et dans la prise de risque de chacun. Un choix qu’on retrouve que dans le fait qu'on n'avait pas toujours les autorisations pour tourner dans les rues de Nice. Dans les scènes de gare comme celles de la Promenade des Anglais où on n’a ni bloqué les rues, ni prévenu les passants. Et j’ai tout de suite senti que les comédiens aimaient ça. Ca a créé une intensité qui a nourri le film.

L’incertitude est aussi forcément créée par la présence d’un enfant au casting de ce film, dans le rôle de la fille de Joachim et Laura. Comment avez- vous travaillé avec Maya Hirsbein ?

Tout commence à se jouer lors du casting. J’ai choisi une enfant que je sentais vraiment solide et qui dégageait quelque chose de sain, qui n’avait pas été abîmée par la vie car son personnage allait, elle, traverser un nombre d'épreuves difficiles dans l'histoire. Puis j'ai veillé à avoir une connexion permanente avec elle sur le plateau car j’ai tout de suite vu que quand je lui donnais des indications, elle était très attentive et les suivait toutes. C’est une enfant très intelligente, très cinégénique et très bosseuse car elle connaissait sur le bout des doigts son texte. L'assistante de la directrice de casting était sa coach, s'occupait d'elle entre les scènes. De mon côté, quand j'ai compris que c'était difficile de donner trop d'indications d'une prise à l'autre, j'ai choisi de la diriger à l’intérieur de celles-ci en lui parlant. Puis, entre les prises, je l’observais quand elle jouait et j'ai décidé régulièrement d’intégrer ces jeux à mon récit, de lui demander de les refaire devant la caméra. Ce qui lui a donné beaucoup de naturel en lui faisant faire quelque chose de son âge.

De Nathalie Najem. Avec Bastien Bouillon, Zita Hanrot, Alexia Chardard… Durée 1h40. Sortie le 23 juillet 2025.


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