La plongée réaliste en asile psychiatrique signée Steven Soderbergh est diffusée samedi sur Canal+.
Envie de faire une petite visite dans la blancheur clinique d'un asile psychiatrique ? Canal+ vous propose d'enfiler la camisole de force en diffusant pour la première fois Paranoïa de Steven Soderbergh, samedi à 21h05. Filmé entièrement à l'iPhone, ce thriller étouffant brille grâce à l'interprétation habitée de l'actrice britannique Claire Foy (The Crown). Voici un extrait de notre critique de cette expérience immersive et troublante au royaume des fous :
C'est presque un cliché, vieux comme Shock Corridor ou Vol au-dessus d'un nid de coucou : le héros se retrouve interné dans un asile psychiatrique alors qu'il est a priori sain d'esprit, puis entre dans un engrenage brouillant les frontières entre raison et folie. Sauf que Steven Soderbergh tire de ce canevas confortable une expérience retorse dont le spectateur, doucement encamisolé, est en fait le principal jouet. Traumatisée par un stalker, la jeune cadre dynamique Sawyer Valentini consulte un psy pour soigner ses épisodes paranoïaques. Signant une décharge par erreur, elle est retenue un jour dans une clinique dont l'un des infirmiers n'est autre que… son fameux harceleur, grand type spongieux aux airs de nounours faussement inoffensif. À moins qu'il s'agisse d'un sosie ? D'une sévère hallu ?
Kafkaïen
De cette simple hésitation découle un thriller dont la malice consiste non pas à refuser de trancher quant au diagnostic de l'héroïne, mais plutôt à superposer les hypothèses : Sawyer est certes parano, mais le danger criminel semble bien réel. De quoi produire un mélange d'odyssée mentale et de survival en milieu hospitalier, dans lequel Soderbergh ménage au public une place insolite. Filmant à l'iPhone ce théâtre kafkaïen, il travaille l'immersion documentaire (le moindre champ-contrechamp donne l'impression d'être enfermé là, devant un plateau-repas et avec un cocktail de tranquillisants dans la panse), mais pour mieux dérouler une série B d'horreur qu'on soupçonne à chaque instant de nous mener - en bateau ? - jusqu'à la froideur asphyxiante d'une cellule capitonnée.
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