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Votre attachée de presse nous expliquait que vous étiez au théâtre…. Elle en parlait comme d’un événement. C’est important qu’on en parle ? Non. Mais le théâtre est très important pour moi. C’est là que j’ai commencé et ça nourrit très certainement mes performances cinéma. Je crois que j’ai besoin de ça. J’ai besoin d’y revenir. J’aime le théâtre parce que j’aime l’idée de la répétition, l’idée de polir le même texte sur plusieurs mois. J’aime cette discipline que le cinéma ne permet pas….  Rien à voir avec le fait d'apparaître dans une énorme franchise où votre performance n’est qu’un élément parmi d’autres ?Ah ah ah. Peut-être. Sans doute un peu (sourire)C'est fou ! J’entends votre voix, là, et je me rends compte que ce n’est pas du tout celle que vous avez dans le film... J’ai énormément travaillé dessus. Je ne vois plus du tout la différence d’ailleurs. Mais j’avais un coach avec lequel je ne travaillais que ça. Sa densité, le ton, l’accent…. En général je prenais deux heures, les soirs précédant une prise, et nous travaillions ardemment pour me mettre sur les bons rails. Thorin est un leader. C’est un chef militaire et il doit avoir une voix qui corresponde à cette idée. Et surtout qui corresponde à sa carrure (sourire)C’est à dire ?Je suis un maigrichon ! Thorin en impose et sa voix doit refléter ça.Il y a le ton, mais il y a aussi le débit…Oui, la cadence est un peu plus lente. Ce fut une des clés du personnage. Je savais qu’il fallait baisser le ton de ma voix, mais quand j’ai découvert qu’en ralentissant un peu mon élocution je gagnais en autorité j’avais définitivement trouvé l’équilibre. Je voulais à la fois pouvoir parler à voix basse dans un corridor et commander une armée de 13 000 nains sur un champ de bataille…Puisque vous en parlez : vous avez eu une grosse préparation physique ?Oui. Le rôle le réclamait. Outre mon travail vocal, j’ai fait de la gym, j’ai appris à me battre. Et puis il y a eu le coach d’attitude. Il fallait que j’apprenne à me comporter, ou plutôt à me mouvoir comme un nain. Le costume et le maquillage donnaient déjà beaucoup d’indices, mais ça ne suffisait pas…Concrètement ça se travaille comment ?Baisser son centre de gravité. Épaissir un peu et puis des gestes bêtes à réapprendre - s’asseoir, se lever, manger comme un nain….>>>> [Critique] Le Hobbit 3 : une sensation de jamais vuQuand vous en parlez, la voix semble décisive dans le processus d’appropriation du personnage. Oui, mais il fallait comprendre aussi sa personnalité. J’ai eu une épiphanie en découvrant la chanson (Misty Mountain). On la trouve dans le livre. Au début, Bilbo ne veut pas partir, mais en entendant cette chanson, il comprend que, tapie au coeur de la culture des nains, il y a ce désir irrépressible de récupérer leur terre. De rentrer à la maison. Quand on a chanté ce thème tous ensemble, quand on l’a apprise et répétée, j’ai immédiatement compris la tragédie du personnage. J’ai compris ce qui était en jeu. Malgré ce qui allait arriver, malgré ce qu’on pense de ses choix ou de ses actions, au bout du compte, la gravitas de cette chanson et de ses résonnances donne une idée très claire de Thorin. C’est là que j’ai saisi pourquoi il se bat. Pourquoi il voyage.  Vous connaissiez le roman avant d’être casté ?  Oui ! J’ai lu et aimé Le Hobbit passionnément, petit. Jouer ce rôle a été un don du ciel.En tant que fan, quelle fut votre relation avec le metteur en scène qui est aussi le scénariste ? J’imagine que se plier aux exigences de Peter Jackson surtout à propos d’un personnage aussi fantasmatique que Thorin n’a pas dû être tout le temps simple…  C’est un homme extraordinairement collaboratif. Mais on a mis du temps à s’apprivoiser. Il a fallu que j’admette qu’il connaissait le personnage mieux que moi. Mais à un moment, ce rapport s’est inversé et, à force de le jouer de l’étudier et en fonction de mes propres souvenirs, j’ai fini par connaître Thorin mieux que lui. L’idée que nous connaissions chacun - et différemment - le personnage de manière intime a amené un respect mutuel qui a porté ses fruits. Mais ce n’est pas venu en un jour et il a fallu le gagner. Quand nous avons réussi cela, nous pouvions partager nos idées de manière très libre et très constructive. Et quand nous avons eu des avis divergents, c’était parce que j’avais tort. Vraiment. >>>> [Entretien] Ian McKellen : "Gandalf c'est l'ONU de la terre du milieu"Vous aviez des références précises pour construire le personnage ?J’ai surtout utilisé ce qu’en dit Tolkien. Et aussi les références qu’il avait exploré pour le personnage. On m’a dit à plusieurs rerises que Thorin était un sale type… C'est unpeu trop unilatéral pour moi. Je le vois comme un homme qui chute. Du coup, j’ai beaucoup pensé à des personnages shakespeariens. Thorin c'est Macbeth, Henry V ou Richard III. Ce sont vraiment des personnages dont j’ai volé clairement quelques bribes, des caractéristiques. Par exemple, j’ai repris des discours de Macbeth pour pratiquer mes exercices vocaux. Franchement, c’était une bonne source d’inspiration.Une phrase vous a marqué ? Ah ah ah ! Et bien oui… Pas sur que ce soit vraiment shakespearien mais en lisant le script je me souviens être tombé sur : “Si ca doit finir par le feu, au moins brûlons tous ensemble !”. Je me suis vraiment dit que j’étais impatient de pouvoir dire cette phrase !Tout en sachant que Le Hobbit 3 sera votre film, je n’arrive pas à savoir quoi penser de Thorin jusqu’à présent…C’est amusant parce que c’est exactement comme ça que j’ai travaillé le personnage. En développant ses failles mais en essayant de le rendre humain. J’ai commencé par trouver la noblesse du personnage. Puis, j’ai ensuite cherché à le “remplir” d’une extrême humilité. Pour des raisons dramatiques, des raisons de storytelling, il fallait que Thorin emprunte un chemin qui l’amène à regarder ses propres faiblesses, ses propres turpitudes - la corruption. C’était un moyen pour que les spectateurs veuillent sa rédemption. Et s’approprient ce personnage. Au-delà, je pensais aussi que si on sait ce qu’il vaut à l’intérieur, on est plus enclin à lui laisser le bénéfice du doute. Malgré tout, dans cet épisode il va traverser des coins sombres…. Et je ne suis pas sûr que le public l’accompagne jusqu’au bout…Il chute de haut ? De très haut. La Bataille des 5 armées montre Thorin face à l’or. Comment son comportement va être affecté par sa cupidité… Et comment ça le transforme.Interview Gaël Golhen>>>> Orlando Bloom : "Je dois tout à Legolas"Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées de Peter Jackson avec Martin FreemanIan McKellenEvangeline LillyOrlando Bloom... sort le 10 décembre dans les salles