Cette "suite spirituelle de Kiss Kiss Bang Bang", signée Shane Black, vaut le détour. Elle revient en ce dimanche soir sur la chaîne L'équipe.
Présenté à Cannes en mai 2016, The Nice Guys revient à la télévision. A ne pas manquer si vous voulez vous défouler. D'ailleurs, Emily Blunt vous le conseille : en pleine promo de The Fall Guy, comédie d'action dont elle partage l'affiche avec Ryan Gosling, la comédienne a clamé tout l'amour qu'elle porte à ce film déjanté de Shane Black, mimant une scène complètement surréaliste de l'acteur.
Emily Blunt’s impression of Ryan Gosling in The Nice Guys. Give her an Oscar now pic.twitter.com/G6vifJHl3F
— Liv Marks (@OliviaLilyMarks) April 24, 2024
Première est d'accord avec elle : on a rarement vu Gosling s'amuser autant à l'écran ! Voici notre critique publiée à sa sortie :
En décembre 2015, Shane Black présentait The Nice Guys comme "la suite spirituelle de Kiss Kiss Bang Bang", comédie noire et maligne sortie dix ans avant. Son préquel, plutôt, si on veut jouer sur les mots, puisque l’enquête menée par Ryan Gosling et Russell Crowe se déroule dans les années 1970. Dès les premières minutes du film, qui démarre sur des chapeaux de roues, la promesse du réalisateur et scénariste est tenue : la disparition d’une jolie fille à Hollywood impose à deux hommes mal assortis de collaborer pour tenter de la retrouver. Comme Robert Downey Jr., Gosling est une victime, un "punching-ball" maladroit et pas très malin qui va être malmené par la brute Crowe –quand il ne se mutile pas tout seul. Ce partenaire, qui rappelle autant le Val Kilmer de Kiss Kiss… qu’une version exagérée du flic castagneur de L.A. Confidential, va finalement s’adoucir, révélant sous sa carapace un cœur gros comme ça. En grande partie grâce à la fille de l’anti-héros (la jeune révélation Angourie Rice), qui s’incruste dans leur duo, quitte à briser les codes du "buddy movie", genre si cher à Shane Black. Grande lectrice d’Agatha Christie, elle parvient à recueillir des indices pendant que ses aînés se mélangent les pinceaux. Heureusement qu’il y en a une pour faire marcher ses "petites cellules grises" !
Les limites de la coolitude
De fêtes alcoolisées en courses poursuites improbables, The Nice Guys est rythmé et cool, mais il n'est jamais à la hauteur de ses modèles (les chefs-d'oeuvre 70's comme la matrice Kiss Kiss...). Sans doute parce que ses héros courent davantage après un "Macguffin" qu’après un tueur concret, ce qui rend l’intrigue faussement compliquée et affadit son dénouement, que Russell rejoue un type de personnage qu’il a déjà bien exploré -pas de surprise dans son jeu, donc, même si ça lui va bien- et surtout que les vannes fusent moins que d’habitude. Même si certaines font mouche (toute la scène de la "manifestation contre l’air" est une véritable leçon de dialogue absurde), les échanges sont globalement moins percutants que dans L’Arme Fatale, pour ne citer qu’une référence de Shane Black. L'ensemble contient bizarrement trop de coïncidences très pratiques et de "twists" prévisibles (la valise de fric, les révélations hystériques d’Amélia…)... Un comble pour le King des scénaristes 80's.
Ryan Gosling, roi de la comédie
Le gros point fort de cette comédie noire est finalement sa star, peu vue dans ce registre (The Big Short, Crazy, Studid Love…). Ryan Gosling est drôle, surtout quand il exagère son expression de Droopy ou qu’il sort des réflexions débiles avec le plus grand sérieux. Impossible de résister devant sa prise de notes sur le thème du "porno, c’est mal", quand il ne comprend rien à rien ou se met à palper son collègue à la recherche d'un flingue imaginaire. Le plaisir fou qu'il prend à enfiler le costume de ce détective raté est communicatif. En 2005, la liberté, la joie communicative de Robert Downey Jr. rendaient sa performance jouissive dans Kiss, Kiss ; sans atteindre de tels sommets, celle de Ryan Gosling est définitivement l'aspect le plus cool de The Nice Guys.
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