Scream VI, à New York
Paramount

Les réalisateurs des deux derniers volets de la saga nous confient la recette pour faire un bon épisode de Scream.

Matt Bettinelli-Olpin eTyler Gillett, jusqu'ici connus pour les films d'horreur V/H/S ou Ready or Not, ont réalisé deux opus de Scream en un an. Grands fans des films originaux de Wes Craven, ils travaillent en étroite collaboration avec les scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick, et sont si fans de cette saga qu'ils peuvent la décortiquer comme personne.

C'est d'ailleurs ce qu'ils font dans le nouveau numéro de Première (n°538, mars 2023), en décryptant plusieurs idées fortes du sixième volet qui vient de sortir au cinéma : l'importance du masque de Ghostface, de son couteau, le changement de décors (cette suite est la première à se dérouler à New York), le mobile des tueurs, le retour du casting original, le dosage de l'humour et celui des références méta sont ainsi passés au crible. Voici trois réponses données par le duo. La suite est à retrouver dans notre kiosque en ligne.

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A propos du casting original :

Tyler Gillett : L’erreur serait de croire que cette saga est constituée de films indépendants les uns des autres. C’est faux : les relations entre les personnages continuent d’évoluer et elles donnent du sens à ce qui se passe à l’écran. Les histoires précédentes nourrissent les nouvelles. En fait, c’est même une bonne partie du langage inventé par la franchise. Mais ça veut aussi dire que lorsqu’on introduit de nouveaux personnages, il faut leur donner du poids. Quelque chose qui fait que le public s’intéresse à eux et se sente de leur côté. Et surtout, leur lien avec l’héritage de la franchise doit raconter quelque chose de leur trajectoire. Je crois d’ailleurs que cet aspect est très réussi dans Scream VI. Sans me vanter, bien sûr. (Rires.)

A propos du mobile :

Tyler Gillett : Le mobile est le ciment du film, le truc que tout le monde attend, au-delà de la révélation de l’identité du ou des tueurs. Au fond, c’est le « pourquoi » qui compte, pour le spectateur comme pour nous. Et c’est ce qui me fait dire que cette franchise pourrait continuer à l’infini : il y aura toujours un nouveau mobile et une façon inédite de revisiter ce qui pousse Ghostface à agir. (...) Avec Matt, on s’interdit que le mobile soit la pure cruauté. Évidem - ment, Ghostface est monstrueux et cruel, c’est d’ailleurs ce qui définit en partie ce personnage. Mais impossible de tomber dans quelque chose de choquant pour le plaisir, il faut que ces films restent fun et divertissants. Ce qui ne veut pas dire qu’on s’interdit de montrer des choses dures, hein.

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A propos des références méta :

Tyler Gillett : On est allés très loin dans le méta avec notre premier Scream, je pense que vous serez d’accord avec nous. (Rires.) Mais où est la limite ? Jusqu’où peut-on aller sans se prendre les pieds dans le tapis ? Ça a été l’objet de discussions sans fin avec les scénaristes. Scream VI est au moins aussi méta que le précédent, mais… différemment. L’essentiel est que ça ne se mette pas en travers de l’histoire qu’on veut raconter. Mais l’ADN de la franchise – et c’est tout sa beauté – nous permet d’aborder très frontalement des choses parfaitement méta. On peut sans problème avoir un personnage presque – je dis bien presque – conscient d’être dans un film, et qui connaît les mécanismes du cinéma d’horreur. Mécanismes qui peuvent d’ailleurs être reproduits dans le film sans que ça ne choque personne. Il y a une forme d’entente avec le public à ce sujet, et c’est quelque chose de complètement banal dans l’univers de Scream. Ce qui fait qu’on n’a jamais l’impression que c’est un pas de côté au milieu du scénario : l’aspect méta fait partie intégrante de l’histoire.

Matt Bettinelli-Olpin : Et comme pour le mobile, toute la difficulté est de trouver quel discours on va porter à travers cette métafiction, sans pour autant tomber dans la parodie. Par exemple, je suis assez fier de ce qu’on racontait sur le fandom dans le précédent Scream. Ce qui est vertigineux, c’est qu’on peut aborder pratiquement tous les sujets, et pas seulement le cinéma d’horreur. Mais sans avoir l’air d’y toucher.


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