Speed Racer
Warner Bros.

Qui fête à présent son 15e anniversaire !

Sorti en juin 2008 au cinéma, Speed Racer fête cette semaine ses 15 bougies. Ce qui marque une excellente excuse pour revenir sur sa fabrication... qui a demandé justement 15 ans de travail !

A l'époque, il n'était pas encore question de Matrix Resurrection, et l'on pensait que Lana et Lilly Wachowski avaient mis un point final à leur trilogie culte avec les sorties à quelques mois d'intervalle de Matrix : Reloaded et Matrix Revolutions, cinq ans plus tôt. Elles revenaient sur le devant de la scène après avoir entre temps aidé au tournage de V pour Vendetta, avec cette adaptation d'un manga de Tatsuo Yoshida adapté dans les années 60 en anime par les studios Tatsunoko.

Malheureusement, en dépit d'une promotion intense et d'un budget confortable de 120 millions de dollars, Speed Racer fut un four au box-office, suivi de deux autres, Cloud Atlas et Jupiter : le destin de l'univers, malgré leurs indéniables qualités. Avec seulement 93 millions de dollars de recettes et à peine 110.000 entrées en France, le film fut sérieusement éreinté par la critique à la sortie, bien qu'il fut en partie réévalué depuis.

À l'époque de sa sortie, Première avait pourtant soutenu le film, écrivant à son sujet : "Elles étaient fans de la série japonaise de Tatsuo Yoshida dans leur enfance. Devenues adultes, les Wachowski lui rendent hommage en live en inventant une nouvelle intrigue. A leur manière, extrêmement spectaculaire et dopée d'une étonnante esthétique de bonbonnière dont on se délecte avec gourmandise. Passé les animations du premier quart d'heure, dans lesquelles les effets de maquette sont beaucoup trop visibles, le reste du film se savoure à pleines dents, les yeux grands ouverts et sans plaisir régressif coupable. Et cela même si l'histoire est, au moins jusqu'au twist final, cousue de fil blanc".

Speed Racer (2008)
Warner Bros.

L'échec de Speed Racer mit fin à plus de quinze ans d'un développement incroyablement chaotique, au cours duquel le film connut plusieurs vies, et souvent dans les mains de grands noms hollywoodiens. Autant de rendez-vous manqués qui rendent a posteriori l'échec du film encore plus regrettable.

Johnny Depp, Gus van Sant, Alfonso Cuaron : de nombreux échecs

Les premières traces d'une adaptation de ce manga culte remontent en effet à septembre 1992. La Warner acquiert alors les droits d'adaptation de l'oeuvre des studios Tatsunoko et souhaitent développer le projet en collaboration avec un de leurs producteurs phares, Joel Silver. Le rôle principal de Speed Racer est casté en juin 1995 et offert à Johnny Depp. La production du film, qui doit à l'époque être réalisé par Julien Temple (Absolute Beginners, par ailleurs papa de l'actrice Juno Temple), est même prévue pour le mois d'octobre de la même année.

Le projet connaît subitement plusieurs contretemps. Johnny Depp quitte le tournage pour raisons personnelles, suspendant la production du film. Le budget gonflant dangereusement, Temple décide lui aussi de partir. La Warner et Joel Silver doivent dès lors reprendre tout à partir de zéro. Si très rapidement, le nom de Gus van Sant revient dans les discussions, c'est finalement à un autre réalisateur bien connu que le projet est proposé : Alfonso Cuaron, engagé en 1997 pour relancer le film.

Malheureusement, Speed Racer continue de patiner, aucunes des différentes réécritures du scénario ne parvenant à convaincre Joel Silver. Parmi les scénaristes qui se casseront les dents sur le sujet, on retrouve un jeune scénariste encore inconnu : J. J. Abrams (qui va finalement produire sa version animée en série pour AppleTV). Alfonso Cuaron disparaît rapidement du tableau, tout comme le réalisateur de clips Hype Williams.

Dix ans après les premières ébauches, Speed Racer est toujours coincé aux stands. Et lorsqu'en 2004, Vince Vaughn propose de reprendre le projet en présentant une nouvelle version plus centrée sur les personnages (il aurait incarné Racer X, frère aîné du héros, dans ce projet dont il était également co-producteur exécutif), il perd à son tour vite patience.

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Quinze ans de production
La situation ne se décantera finalement qu'en octobre 2006. Joel Silver décide de reformer avec Lilly et Lana Wachowski l'équipe gagnante de la trilogie Matrix, mais aussi de V pour Vendetta, qui connaît un succès correct au box-office en 2005.

Également aux manettes à l'écriture du scénario, les Wachowski parviennent enfin à mettre le bolide Speed Racer dans les starting blocks, en essayant notamment d'ouvrir le film à un public plus familial. Avec l'aide du designer d'effets visuels de Matrix John Gaeta et du compositeur Michael Giacchino, l'équipe entend rendre hommage à la série des années 60 par un look résolument rétro-futuriste. Le tournage se déroule dans les studios allemands de Babelsberg à l'été 2007. Avec la partenaire de jeu de Johnny Depp dans Sleepy Hollow, Christina Ricci, mais aussi Emile Hirsch, Susan Sarandon, John Goddman, Matthew Fox...

La suite, tout le monde la connaît : malgré une campagne marketing appuyée, le film est un désastre commercial, sans doute trop mal compris à sa sortie. Il vaut pourtant le coup d'oeil : si ça vous intrigue, ne le manquez pas en VOD, par exemple sur Première Max.


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