Affiches Films à l'affiche semaine du 9 octobre 2024
Metropolitan/ Pyramide/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THE APPRENTICE ★★★☆☆

De Ali Abbasi

L’essentiel

Sebastian Stan incarne Donald Trump dans ses jeunes années. Un biopic surprenant, où brille également Jeremy Strong en mentor sans foi ni loi.

Comment Donald est-il devenu Trump ? Ali Abbasi (Les Nuits de Mashhad) ausculte le futur président américain dans les années 70, alors aspirant entrepreneur immobilier mais déjà armé d'un appétit féroce pour l’argent et le clinquant. L'idée de ce biopic est de raconter l'origine du mâle à travers sa faille originelle : un père tyrannique impossible à rendre fier. Mécanisme psychologique simplissime, mais que Sebastian Stan vend admirablement entre imitation light de Trump et réelle liberté de mouvement. Face à lui, Jeremy Strong (Succession) incarne Roy Cohn, mentor autant que papa de substitution. L’acteur est immense dans la peau de cet avocat véreux qui va se faire dévorer par sa création. Un grand film se cache dans ces scènes de relation vampirique mais The Apprentice faiblit à chaque passage obligé (la construction de la Trump Tower…) et redescend alors au niveau d’un - bon - téléfilm HBO.

François Léger

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

L’HISTOIRE DE SOULEYMANE ★★★★☆

De Boris Lojkine

Pour son troisième long, Boris Lojkine met en scène deux jours décisifs dans la vie d’un Guinéen ayant fui son pays, livreur à vélo dans les rues de Paris. Quarante- huit heures avant de passer un entretien qui décidera si sa demande d’asile sera acceptée. En 93 minutes sans temps mort, le film traduit la tension permanente que ce dernier doit affronter. Nulle trace de démonstration ou de sentimentalisme dans l’écriture et la réalisation de Lojkine. A mille lieux d’un mélodrame sociopolitique, L’Histoire de Souleymane raconte d’abord et avant tout une quête d’identité. Celle d’un personnage que Lojkine ne quitte jamais des yeux, lui redonnant ainsi une existence et par ricochet une humanité alors que tout le pousse à échapper au regard des autres, tous assimilés à une potentielle menace. Un grand film incarné par un immense acteur non-professionnel, Abou Sangaré, lui- même en quête d’une régularisation qui lui a été refusée… quelques jours après avoir reçu le prix d’interprétation de la section Un Certain Regard cannoise.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LE ROBOT SAUVAGE ★★★☆☆

De Chris Sanders

Dans un monde futuriste, un robot d’assistance, échoue sur une île loin de toute civilisation. Pour survivre, elle se met à imiter ce qui l’entoure. Monstre aux yeux des autres animaux, elle se montre pourtant curieuse et volontaire, toujours à la recherche d’une tâche à accomplir. Coup du sort, elle se retrouve à prendre sous son aile un oisillon et tient là sa raison d’être. S’affranchissant de sa programmation, elle découvre en elle une chose dont elle ne soupçonnait pas l’existence : un cœur. Mais un robot sentimental n’est-il pas défaillant ? A travers sa galerie de personnages aussi drôles qu’attachants, le très poétique Le Robot Sauvage émeut sans pour autant tomber dans le pathos. Le retour en force des studio Dreamworks dans le monde de l’animation avec aux commandes, le co- réalisateur de Dragons et des Croods.

Anthéa Claux

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TERRIFIER 3 ★★★☆☆

De Damien Leone

En 2016, Damien Leone se faisait un nom dans l’horreur underground avec Terrifier, tourné avec un budget riquiqui. L’histoire d’Art, un clown muet et malfaisant, Un sommet d’humour gore rendant hommage aux slashers 80’s, suivi d’un deuxième volet en 2023 qui montait les potards à 11 et faisait de ce mime Marceau sadique une figure immortelle entre Michael Myers et Freddy Krueger. Terrifier 3 troque le décor d’Halloween pour celui de Noël où Art refait surface pour donner aux fêtes de fin d’année une saveur particulière… Bras amputés, parties génitales coupées en deux, explosion de gamins, cerveaux à l’air libre : généreux dans la perversité graphique, Leone signe une nouvelle farce grand-guignolesque qui n’a jamais peur de pousser le bouchon un peu trop loin. Et les amateurs de cinéma crapoteux se délecteront de l’inventivité des exécutions d’Art, dopées par la grande prestation de David Howard Thornton sous le masque

François Léger

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A L’OMBRE DE L’ABBAYE DE CLAIRVAUX ★★★☆☆

De Eric Lebel

 Et si les moines et les détenus avaient plus de points en commun qu’il n’y paraît ? Les similitudes sont frappantes : même isolement, même vie communautaire, et même logis, puisque de nombreuses abbayes sont devenues des prisons. C’est le cas de la Maison centrale de Clairvaux, dans laquelle Eric Lebel s’aventure avec ce parallèle innovant en tête. Ni glorifié, ni diabolisé, le milieu carcéral est ici humanisé par les témoignages de deux détenus, Michel et Pierre-Jean, touchants de sincérité.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

NIKI ★★☆☆☆

De Céline Sallette

Face aux codes souvent figés des biopics, Céline Sallette fait un pas de côté en relatant seulement neuf années de la vie de la peintre et sculptrice Niki de Saint Phalle, avant qu’elle ne connaisse la célébrité. Situé de 1952 à 1961, le récit met en valeur le processus de libération de Niki vis-à-vis de l’inceste qu’elle a subi à l’enfance et montre combien sa vie rangée d’épouse et de mère de famille constitue une impasse dont elle va devoir s’extirper. Par un style soigné, Sallette témoigne aussi avec ce premier film en tant que réalisatrice d’une fascination pour son actrice Charlotte Le Bon. N’ayant pu utiliser les œuvres de Niki de Saint Phalle, la cinéaste se concentre ici sur un portrait psychologique intense dans lequel la comédienne s’investit à corps perdu. Mais à force de coups d’éclat et de cris célébrant l’élan créatif, cet affranchissement par l’art en devient trop systématique et cadenassé.

Damien Leblanc

SUPER/MAN : L’HISTOIRE DE CHRISTOPHER REEVE ★★☆☆☆

De Ian Bonhôte et Peter Ettedgui

C’est le genre de documentaire HBO sur une vieille gloire hollywoodienne que l’on regarde en général en streaming à la maison. Le nom de Superman dans le titre de celui-ci a convaincu la Warner de le sortir en salles, afin de battre le fer à quelques mois de l’arrivée d’une nouvelle version des aventures du Man of Steel, réalisée par James Gunn. Super/Man retrace les heures de gloire puis de douleur de Christopher Reeve, icône pop devenue tétraplégique à la suite d’un accident de cheval, qui continua néanmoins sa carrière d’acteur, tout en participant à la recherche contre les lésions de la moelle épinière. L’histoire de la superstar forcée de devenir un super-héros « pour de vrai » est racontée via un tas d’archives et de home movies, sans éluder les sujets qui fâchent, mais sans la puissance conceptuelle et émotionnelle d’un Val (sur Val Kilmer), qui justifiait le passage de la case télé à la salle de ciné. Bon docu, donc. Mais pas SuperDocu.

Frédéric Foubert

UN AMOR ★★☆☆☆

De Isabel Coixet

On avait découvert Isabel Coixet en 2003 avec le bouleversant Ma vie sans moi. Mais jamais depuis elle n’a retrouvé cette magie- là. Pas plus qu’elle ne le fait avec ce nouveau portrait de femme, une trentenaire qui se retire dans un village espagnol où elle passe un singulier deal avec son voisin, échangeant des faveurs sexuelles contre des travaux. L’entame est prometteuse, l’âpreté ambigüe de l’ensemble prenante mais tout se délite au fil d’un récit trop long qui à force de bégayer suscite l’ennui.

Thierry Cheze

LES DOCTEURS DE NIETZSCHE ★★☆☆☆

De Jorge Leandro Colas

Et si le langage médical créait une frontière entre le docteur et le malade ? C’est ce que le Dr. Esteban Rubinstein, éperdument passionné par Nietzche, tente de démontrer. A chaque consultation, le médecin questionne ses patients sur leur propre manière de définir la maladie. Mais, aussi intéressant que ce pas de côté puisse être, on garde plutôt l’impression d’un converti donneur de leçon. Et peinant à trouver une direction au milieu de la compilation d’échanges, le documentaire laisse une place floue au philosophe moustachu.

Bastien Assié

PAS UN MOT ★★☆☆☆

De Hanna Slak

Quand son fils, Lars, a un accident à l’école, Nina, interprétée par Maren Eggert (I’m Your Man), brillante cheffe d’orchestre, décide de s’éloigner du Conservatoire et d’emmener son fils dans leur maison de vacances, pour se rapprocher de lui. Au titre explicite, Pas un mot évoque le silence confus entre une mère et son enfant, alors que toute tentative de communication est perturbée autant par une sonnerie de téléphone, que par un éloignement physique. Ils sont seuls, proches, et pourtant, une distante proximité les sépare. Au centre, la musique, troisième personnage invisible de ce conflit, orchestre chaque étape de la réconciliation qui ne fonctionne que par symbolisme – à l’image de ce bateau que l’on répare, comme on espère renouer des liens. Mais tout cela ne fonctionne qu’en apparence. On ne parvient jamais vraiment à parler de Lars. La réalisatrice fait l’énième récit d’un conflit familial, monotone, et discordant, où l’abcès n’est pas totalement percé.

Anthéa Claux

L’HOMME AU BÂTON- UNE LEGENDE CREOLE ★★☆☆☆

De Christian Lara

Jusqu’à la fin de ses jours, Christian Lara a filmé les Outre-mer et ses habitants. Lui, père du cinéma antillais, décédé l’année dernière, a dépoussiéré une dernière fois l’imaginaire collectif de son île et ses faits divers dans son ultime long-métrage – L’homme au bâton, une légende créole. En 1956, plusieurs femmes sont assassinées. Le tueur, dit l’homme au bâton, n’a jamais été arrêté. Des années plus tard, deux femmes meurent dans les mêmes circonstances. La légende renaît. Il convient alors aux inspecteurs – l’un d’eux étant incarné par Luc Saint-Eloy, acteur bien-aimé du cinéaste – de rouvrir ce cold case, et trouver le coupable. Après le romancier guadeloupéen Ernest Pépin, Christian Lara, bercé par la culture créole et ses croyances, s’intéresse à l’affaire et explore l’une de ses pistes. Mais à la frontière entre film policier et fantastique, l’ensemble est décousu, les dialogues artificiels ; et le rendu – loin d’être ensorcelant.

Anthéa Claux

SUR LA TERRE COMME AU CIEL ★★☆☆☆

De Nathalie Saint- Pierre

L’héroïne de ce récit d’apprentissage inspiré d’une histoire vraie, s'enfuit de la secte chrétienne où elle a été élevée pour retrouver sa sœur, qui vient de disparaître. A Montréal, elle fait la connaissance de sa drôlatique tante et va s’émanciper, interroger ses croyances, trouver sa voie. La réalisation est un peu sommaire, le scénario façon Unorthodox teinté de poncifs. Mais Nathalie Saint-Pierre observe ses attachants personnages avec une telle tendresse que le charme opère en dépit de tout.

Emma Poesy

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LEE MILLER ★☆☆☆☆

De Ellen Kuras

Ellen Kuras signe ici son premier long-métrage de fiction. Chef opératrice réputée, elle avait signé la lumière si caractéristique d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind opérant un rapprochement avec Kate Winslet. Elle s’est peut-être dit qu’elle était la mieux placée pour raconter la vie d’une femme d’images, en l’occurrence Lee Miller, muse de Man Ray, une des première photo-reportrice de guerre qui aura réussi à imposer son regard durant la Seconde Guerre Mondiale. Malheureusement ce biopic lourdingue se vautre dans tous les pièges de l’exercice avec son petit mémo Wikipédia en guise de scénario. Quant à la structure en flash-back sur le mode du « je me souviens », ce n’est décemment plus possible. Winslet, également productrice, y met beaucoup trop de bonne volonté, peu aidée il est vrai par des dialogues sentencieux et des choix esthétiques douteux voire vulgaires. Un comble pour cette femme qui aura recherché tout sa vie l’image juste.

Thomas Baurez

 

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