Le réalisateur de Spotlight dévoile les secrets de fabrication de ce petit bijou de film familial, à voir sur Disney +
C’est l’envie de changer totalement de registre qui vous a poussé à vous lancer, après Spotlight, dans l’adaptation des romans jeunesse de Stephan Pastis et son jeune héros qui tente de fuir les vicissitudes du quotidien en s’imaginant détective ?
Tom McCarthy : J’avais en effet envie d’un film plus léger. Mais l’envie de porter à l’écran les aventures de Timmy Failure est bien antérieure à Spotlight. Et je le dois à Kate Churchill, ma co- productrice de The Cobbler et de Spotlight. C’est elle qui m’a conseillée de le lire il y a quelques années. Mais j’ai mis du temps à le faire. Il était sur ma table de nuit mais j’avais toujours un autre bouquin à lire, un peu plus adulte. Bref, je l’ai longtemps snobé. Et puis un jour je m’y suis plongé. Et là, je n’ai plus décroché. J’en ai tout de suite parlé à ma femme qui comme moi, a adoré. Vous auriez dû nous voir à la maison, tous deux pliés en deux de rire au fil des pages. Stephan Pastis a écrit un personnage vraiment unique capable de parler aux enfants comme aux adultes. Alors je me suis souvenu de mes échanges avec Sean Bailey, le boss de la production chez Disney qui m’avait encouragé à venir le voir un jour si j’avais un projet « Disney- compatible ». J’ai tout de suite eu la certitude que Timmy Failure en était un, précisément parce qu’il n’obéit pas aux codes habituels d’un Disney. Je suis allé rencontrer Stephan lors d’une séance de signature de ses livres. Je lui ai parlé de mon idée et lui ai demandé un feu vert pour aller voir Disney. Et une fois son accord en poche, je suis allé en parler à Sean qui a d’emblée été d’accord. On s’est donc lancé dans cette adaptation avec Stephan. Sa présence m’apparaissait indispensable car il était le garant de cette voix si singulière de Timmy qui m’avait séduite et que je ne devais pas perdre. Et puis, j’ai eu un créneau de libre entre Spotlight et Stillwater que je viens de tourner. Et j’ai pu y glisser Timmy Failure.
C’est votre premier film pour enfants. Mais vous aviez collaboré à l’écriture de Là- haut et de Jean-Christophe et Winnie. Est-ce que ces ceux expériences vous ont servi sur Timmy Failure ?
Pas vraiment parce que sur Là- haut et Jean- Christophe et Winnie, mon job consistait à retravailler un scénario existant. Alors que là, tout était à faire de A à Z. Je me suis concentré sur le premier livre de la saga. Mais évidemment sans le respecter à la lettre. J’ai enlevé des choses, j’en ai rajouté et Stephan a vraiment été essentiel. Il n’a jamais été un frein - il était au contraire ouvert à toutes les nouveautés - mais un guide parce que je savais qu’avec lui l’essence de cette histoire – à laquelle je tenais – serait respectée : faire vivre cette aventure à la hauteur d’un gamin de 10 ans, pas à celle d’un adulte observant cet enfant
Y a-t-il des films qui vous inspiré dans la mise en images de cette histoire ?
Enormément. A commencer par Forrest Gump ou le travail de Wes Anderson. Mais aussi un film français : Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse. L’histoire de ce petit garçon qui poursuit un ballon dans les rues de Paris m’avait fait aimer la Nouvelle Vague. Et je rêvais de faire de Timmy Failure un film de la Nouvelle Vague pour enfants
On imagine donc l’importance de trouver l’interprète de Timmy, Winslow Fegley…
J’en étais tellement conscient que j’ai décidé de commencer le casting des mois avant d’avoir les vraies dates du tournage. Et j’ai eu raison. Car Winslow est vraiment arrivé à la toute fin du processus, au moment où je me disais qu’on allait laisser tomber car je ne pouvais décaler et repousser Timmy Failure à cause de Stillwater. Et puis après avoir vu 600 ou 700 gamins, il a surgi. Comme une évidence. C’est un rôle qui nécessite un excellent comédien, pas juste une nature. Il y a énormément de choses très différentes à jouer. Sa première scène à l’audition était un peu à côté. Je lui ai donc glissé quelques mots. Et la manière dont il a écouté et su retranscrire avec précision mes directions m’a soufflé. J’avais devant moi un acteur. Un très bon acteur. De manière générale, ma plus grande fierté sur ce film, ce sont mes comédiens. A commencer par Ophelia Lovibond qui joue la mère de Timmy. Leur relation constitue une colonne vertébrale essentielle à cette histoire. Et la manière dont Ophelia exprime à la fois son amour pour son fils et les blessures qu’on imagine qu’elle a vécues dans sa vie amoureuse est une merveille de finesse et de sensibilité.
Parmi ceux qui entourent Timmy, il y a aussi son ami imaginaire qu’il est le seul à voir. Cet ours pataud créé en images de synthèse mais terriblement « humain » par ses maladresses…
Sur le plateau, il était représenté par une marionnette géante dans lequel se glissait une personne qui la mettait donc en mouvement. Mais vous savez ce qui m’a inspiré pour cet ours ? L’attitude de mon propre chien. Il est aussi pataud et maladroit, du genre à rentrer la tête la première dans toutes les poubelles du quartier en se promenant car il regarde ailleurs… (rires)
Il existe 6 autres volumes de Timmy Failure. Vous verra t’on un jour donner une suite à ses aventures au cinéma ?
J’ai encore tellement de films différents à faire que je ne pense pas. Mais j’ai adoré ce personnage et la collaboration avec Stephan. Donc j’adorerai un jour m’y replonger, écrire avec lui une nouvelle histoire. Mais pour la confier à un autre réalisateur.
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