Le réalisateur n’a pas attendu Ready Player One pour jouer avec ses propres films.
En ce week-end de Pâques, partons à la chasse aux oeufs... dans la filmo de Steven Spielberg. En 2018, la sortie de Ready Player One, un blockbuster rempli de clins d’œil à la pop culture des années 1970/1980/1990, nous avait donné envie de replonger dans la filmographie du cinéaste. Quelques clins d'oeil vus dans cette oeuvre sont d'ailleurs directement inspirés par les propres films du réalisateur. Le T-Rex de Jurassic Park apparaît par exemple dans la promo, et sa scène dans le film n'a rien de "gratuit", elle est même au contraire particulièrement bien pensée. C’est loin d’être une première pour le cinéaste de 71 ans, qui n’a cessé de s’auto-référencer et de faire des allusions à ses copains (George Lucas en tête) au sein de sa filmo, que ce soit dans ses mises en scène (Rencontres du Troisième type, E.T., Hook…) ou ses productions (Retour vers le futur, Les Gremlins, Les Goonies…). La sortie de son adaptation du roman d’Ernest Cline marque une bonne occasion de replonger dans ce jeu des clins d’œil. Ready ? Go !
7 clins d’œil bien cachés dans le teaser de Ready Player One
1977 : Rencontres du Troisième type lance le jeu des caméos de R2-D2
Il fallait avoir un œil de lynx pour le repérer, mais dès 1977, l’année de sortie de Star Wars, Steven Spielberg s’est amusé à caser un mini-robot sur le vaisseau spatial de son film Rencontres du Troisième Type. Le jeu se poursuivra ensuite sur Indiana Jones, où il apparaît sur un hiéroglyphe avec C-3PO (sans oublier le "Club Obi Wan" au début du Temple maudit), puis sur ses productions Les Goonies (un détail du bateau visible seulement dans les bonus du film) ou Transformers (où R2 s'envole au cours de l'une des multiples explosions de Michael Bay), avant que d’autres réalisateurs ne s’y mettent : J. J. Abrams, grand fan des productions Amblin, a repris cette idée dans ses épisodes de Star Trek.
Voir tous les "caméos" de R2-D2
1980 : Steven s'auto-parodie dans 1941
Si 1941, écrit par Robert Zemeckis et Bob Gale et mis en scène par Steven Spielberg, est pensé comme une parodie de films de guerre, sa scène d'ouverture reprend ouvertement l'un des passages clés des Dents de la mer, son blockbuster horrifique de 1975. La parodie est évidente, l'équipe ayant réembauché la même victime, Susan Backlinie, et elle est poussée jusque dans la musique, John Williams s'amusant à citer son célèbre thème (voir plus bas "Les clins d'oeil musicaux").
1982 : E.T. multiplie les clins d’œil à Star Wars (et inversement)
L’amitié entre Steven Spielberg et George Lucas a inspiré de nombreuses références au sein de leurs filmographies respectives. E.T. l'extra-terrestre est l’un des exemples les plus flagrants, avec un personnage qui passe devant la caméra déguisé en Yoda pendant la fête d'Halloween ou plusieurs jouets tirés de La Guerre des Etoiles dans la chambre d’Elliott. Spielberg avait même proposé un rôle à Harrison Ford. L’interprète de Han Solo et Indiana Jones, qui était aussi en couple avec la scénariste Melissa Mathison, jouait le principal du petit garçon, chez qui il est convoqué suite aux "bêtises" de l’alien (qui faisait d’ailleurs léviter la chaise d’Elliott pendant la séquence). L’acteur avait accepté l’idée de tourner de dos et en contre-jour. Ainsi, on ne le voyait pas vraiment, mais les spectateurs les plus attentifs pouvaient reconnaître sa voix. La scène a cependant et coupée, parce que son côté "film noir" ne collait pas au reste du film. Elle est aujourd’hui seulement visible en bonus, malheureusement de mauvaise qualité.
Steven Spielberg explique pourquoi il a coupé Harrison Ford dans E.T.
Notons que Lucas a par la suite rendu la pareille à Spielberg en incluant des E.T. au sein du conseil de La Menace Fantôme, en 1999. Ce qui "explique" pourquoi l’extra-terrestre a reconnu Yoda 17 ans plus tôt : ils viennent tout simplement de la même galaxie !
Steven Spielberg s’est également offert un caméo dans ce film, à la fin, parmi les docteurs qui soignent le petit alien, un jeu qu'il refera régulièrement, surtout dans ses productions.
C’est aussi le seul long métrage qu’il a retouché en numérique, suivant "l’exemple" de son pote George : il a fait remplacer les armes des policiers par des talkies-walkies. Récemment, il a cependant assuré qu’il ne modifierait plus ses films.
1984 : Gremlins multiplie les clins d’œil (dès son affiche !)
Si c’est Joe Dante qui a mis en scène Gremlins, Steven Spielberg est à la production avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall. C’est officiellement le premier film à s’ouvrir sur le logo Amblin, créé à partir de l’image culte d’E.T. et d’Elliott s’envolant à vélo devant la lune. Une scène teasée dès l’affiche, à condition d’avoir de bons yeux : le logo est repris sur le bouton du jean du héros !
Le saviez-vous ? E.T se cache sur le poster des Gremlins
Une fois devant le film, Gremlins est rempli de références à Spielberg et Lucas. Il y a bien sûr la scène où la bestiole répond "téléphone maison", mais aussi du jeu vidéo Star Wars, une publicité pour la radio Rock’n Ricky Rialto qui évoque Indiana Jones et même une apparition de Steven himself juché sur une sorte de fauteuil électrique tout en regardant Poltergeist, une autre de ses productions à succès (dans laquelle traînaient des jouets et des draps de devinez quelle saga).
Sans oublier une autre blague bien cachée : deux faux films annoncés devant le cinéma du quartier : A Boy’s Life et Watch the Skies, qui ne sont autre que les titres de travail d'E.T et Rencontres…
Précisons enfin que les Goonies vivent dans le même univers que les Gremlins. On le sait grâce à la courte réplique d'un policier dans le premier, qui croit à une blague lorsque qu'il reçoit un appel à l'aide de Choco et se plaint qu'il en a marre que les gamins se moquent de lui. Il raconte alors avoir reçu un autre coup de film à propos de petites créatures qui se multiplient quand on les asperge d'eau. Une idée du scénariste Chris Columbus, qui a écrit les deux films.
Ma scène culte de Gremlins, par Joe Dante
1985 : Marty peut regarder Les Dents de la mer 19 dans Retour vers le futur 2
C’est l’un des easter eggs les plus célèbres de l’histoire du cinéma : en arrivant dans le futur, Marty McFly a peur d’un hologramme de requin, qui vante la sortie des Dents de la mer 19. Il pousse un cri, avant de se reprendre : "Le requin a toujours l’air faux." Une excellente blague, qui a tellement plu au producteur de Retour vers le futur, Steven Spielberg, qu’il a validé sa fausse bande-annonce en 2015 (l’année du futur dans le film). Et la trilogie de Robert Zemeckis est d'ailleurs l'une de ses principales références de Ready Player One.
1991 : Hook ou la revanche de Carrie Fisher
Toujours aussi proche de George Lucas, Steven Spielberg lui propose un court caméo avec sa princesse Leia, Carrie Fisher, dans Hook, sa relecture libre de Peter Pan portée par Robin Williams. Ils jouent un couple qui s'embrasse et qui se met à flotter lorsqu'ils sont touchés par de la poussière de fées. C'est aussi l'actrice qui a servi de modèle pour "designer" Clochette, rôle finalement offert à Julia Roberts. Et Hook a également été en partie réécrit par Carrie, célèbre pour son humour décapant, qui a souvent été appelée à la rescousse en tant que script doctor à Hollywood.
1993 : L’hommage aux Goonies bien caché dans Jurassic Park
C’est un peu tordu, mais une fois qu’on l’a vu, impossible de croire à une coïncidence : l’employé Dennis Nedry, joué par Wayne Knight, porte trois tenues au cours du film, et chacune reprend celles des jeunes héros des Goonies : la chemise à fleurs de Choco, la veste grise de Bagou et l’anorak jaune de Mickey. Et devinez quel film il regarde sur son ordi au lieu de bosser. Star Wars ? Perdu : Les Dents de la mer.
Au niveau des caméos, c'est dans la suite Le Monde Perdu, sortie en 1997, que Steven va se lâcher : il apparaît lui-même à la fin en reflet sur la télévision des Malcolm (une erreur ? Ou une manière de dire qu'il est avec eux sur le canapé du salon ?), son scénariste David Koepp se fait happer par le T-Rex lorsqu'il arrive en ville, et dans le vidéo-club, on trouve des clins d'oeil à des films fictifs d'Arnold Schwarzenegger, Robin Williams et Tom Hanks, qui sont respectivement à l'affiche du Roi Lear, Jack et le Haricot Magique et Tsunami Sunrise.
40 ans de blockbusters hollywoodiens : Jurassic Park (1993)
1997 : Steven Spielberg et George Lucas viennent d'une autre galaxie dans Men In Black
"Des visiteurs. Venus d’ailleurs. Ohhh !" Oops, on se mélange un peu dans nos sagas à succès, mais oui, Steven Spielberg et George Lucas apparaissent bien en tant qu'extra-terrestres dans Men in Black, que le premier a co-produit. Ils figurent sur l’écran des aliens aux côtés de Sylvester Stallone ou Barry Sonnenfeld (le réalisateur). C’est d’ailleurs Steven qui a personnellement offert les rôles principaux à Will Smith et Tommy Lee Jones, d’après une suggestion du réalisateur concernant le premier, car c'était un grand fan du Prince de Bel Air.
2011 : Les Aventures de Tintin Jones : Le Secret de Peter Jackson
Steven Spielberg a découvert Tintin dans les années 1980, après avoir lu une comparaison entre son premier volet d'Indiana Jones et les BD d'Hergé dans une critique. Il tenta par la suite de les adapter pendant des années, et c'est en 2011, soit 30 ans après la sortie des Aventuriers de l'Arche perdue, que ce rêve devient réalité, en animation 3D. Si son film ressemble beaucoup aux aventures de l'archéologue (même vivacité virtuose en terme de mise en scène, notamment), le réalisateur y fait finalement peu de vrais clins d'oeil à sa filmo. Il a bien "designé" le personnage de Sakharine à son image (un concept repris dans Ready Player One, où Tye Sheridan et Mark Rylance font figure de doubles), mais il s'amuse plus à référencer les copains, notamment Peter Jackson, producteur qui a travaillé étroitement avec lui sur le projet et doit toujours tourner sa suite. Quand le Capitaine Haddock s'écrie "un rat géant de Sumatra !", c'est un clin d'oeil à Brain Dead. Et au début, parmi les destinations mentionnées au cours du générique, la plupart évoquent les BD (la Lune, le Tibet…), mais pas Miramar, qui désigne la ville de Nouvelle-Zélande où Peter Jackson a fait construire ses studios. Par contre, son adaptation contient bien des centaines de clins d'oeil aux BD d'Hergé, ce qui crée un "film hommage" absolument fascinant.
Les clins d'oeil musicaux
Steven Spielberg ayant très souvent travaillé avec le compositeur John Williams, les deux artistes ont pu faire quelques blagues auditives à leur public. Dès 1977, dans Rencontres du type, on pouvait entendre quelques notes de Jaws, sorti deux ans avant. Une idée reprise de façon ouvertement parodique dans 1941, donc, et qui a aussi été développée pour Ready Player One par Alan Silvestri, qui peut reprendre un extrait de son célèbre thème de Retour vers le futur lorsque le héros, Wade/Parzival, est au volant de la DeLorean.
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