PHOTOS - Hasta la vista : la version road movie réaliste d'Intouchables
Devenir handicapé
<strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"Au début, je voulais recruter parmi les castings belges de télé-réalité comme X Factor, où l'on trouve des handicapés pleins de talent. Mais cela posait de nombreuses contraintes techniques -et au fond, je voulais vraiment choisir des acteurs, des gueules, et je ne voulais pas faire un documentaire." <strong><strong>Tom Audenaert</strong></strong> : "Pour jouer le rôle du malvoyant, je me suis inspiré d'un ami aveugle à 95%. En observant surtout comment regarder sans regarder : on a l'impression que les aveugles sont dans un autre monde." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"Tom (Jozef) mettait des lunettes tellement fortes qu'il ne voyait rien du tout. Ca l'a frustré pendant les scènes du bordel : "et merde, je ne vois pas toutes les belles femmes, c'est chiant."
Un road movie en camionnette
<strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"L'actrice devait savoir conduire et jouer en même temps. On n'avait pas de voiture travelling. J'étais dans la camionnette, avec le directeur photo et l'ingénieur du son. En tout, on était sept dans le véhicule." <strong><strong>Isabelle De Hertogh</strong> : </strong>"C'était une vieille camionnette Mercedes, un vieux machin avec un embrayage pourri. Il fallait que je conduise pour de vrai tout en jouant mon rôle, avec le réalisateur derrière les pédales. Ca collait bien à l'ambiance de road movie." <strong><strong>Tom Audenaert</strong> : </strong>"Isabelle a d'ailleurs presque décapité un policier français qui nous escortait sur l'autoroute, avec la caméra fixée à l'extérieur de la camionnette." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"J'ai pensé au cinéma d'<strong>Alexander Payne</strong> (Monsieur Schmidt). Mais c'est surtout Little Miss Sunshine que j'ai passé à toute l'équipe : un road-movie féérique, réaliste mais drôle."
Au son de Joe Dassin
<strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"J'ai quelque chose avec la musique française, un peu vintage, un peu mélo. Les paroles de "Et si tu n'existais pas ?" de <strong>Joe Dassin</strong> rejoignent le scénario de Hasta la vista. Au début, les personnages se sentent au-dessus de cette chanson un peu ringarde, un peu vieux jeu. Mais si tu écoutes vraiment, c'est une chanson très jolie, pleine de chaleur." <strong><strong>Isabelle De Hertogh</strong> : </strong>"Il faut dire que c'était la seule cassette qu'on avait dans la voiture. On écoutait que ça ! Deux mois passés avec <strong>Joe Dassin</strong> en boucle..."
La Belgique, c'est l'Europe en miniature
<strong>Geoffrey Enthoven : </strong>"Le film n'a aucun message politique à faire passer. Nos personnages sont flamands, mais ça ne les définit pas. En Belgique, il y a un espace immense entre la politique et les gens. On a géré notre pays pendant deux ans et demi sans gouvernement. Ca prouve bien que les politiciens ne servent à rien (rires)." <strong>Isabelle De Hertogh : </strong>"La Belgique est surréaliste, impossible à décrire : ce qui est certain, c'est que les Français voient un peu la Belgique comme les personnes "normales" voient les handicapés. La Belgique, c'est une grande histoire entre personnes de cultures différentes qui se mélangent." <strong>Geoffrey Enthoven : </strong>"La Belgique, c'est l'Europe en miniature. Il y a plein de communautés qui doivent vivre ensemble. Le pays a été construit pour servir de mur entre l'Allemagne et la France : c'est n'importe quoi, comme pays. Les Français, les Allemands, les Anglais, ils se détestent, mais ils doivent vivre ensemble. Un Belge comprend bien ça. C'est aussi pour ça qu'Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, est un Belge."
La sexualité des handicapés
<strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"L'amitié est le thème principal du film, plus que la sexualité. C'est important que le film passe en France. Ce n'est pas parce que la prostitution est légale dans un pays que les gens ont l'esprit ouvert." <strong><strong>Claude Lelouch</strong> : </strong>"Je pense que c'est un non-sens pour la France de refuser le statut d'assistant sexuel. Ca devrait être remboursé par la Sécurité sociale. D'ailleurs les prostituées devraient être remboursées par la Sécurité sociale. Elles ne font du mal à personne, sinon à elles-mêmes." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"Tous les bordels en Andalousie sont accessibles aux handicapés, leurs chambres pour eux sont même plus grandes et confortables." <strong><strong>Isabelle De Hertogh</strong> : </strong>"J'ai fait beaucoup de projections avec des associations. Ce n'est pas un film militant : c'est surtout trois potes qui partent en voyage. On verra bien si le film provoque des discussions en France." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"La sexualité est quelque chose qui se discute difficilement. C'est un besoin, comme la nourriture, la boisson, l'amitié... Tout le monde en a besoin, du moment que deux personnes adultes sont d'accord pour faire l'amour, personne ne doit s'en mêler."
Une histoire vraie
<strong><strong>Claude Lelouch</strong> : </strong>"Pourquoi j'aime ce film ? Autant me demander pourquoi j'aime telle femme. Il est très bien filmé, très bien écrit... Il nous montre le handicap comme une chose naturelle. Il nous montre que ce n'est pas parce qu'on est handicapé qu'on peut tout se permettre, qu'on doit tout pardonner."<strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"Le producteur, Mariano Vanhoof, a vu un documentaire sur Asta Philpot, un handicapé qui a fait le voyage (avec ses parents) d'Angleterre jusqu'en Espagne. Il m'en a parlé et j'ai visualisé la scène : un bus plein d'handicapés qui font un grand voyage pour aller niquer, j'ai trouvé l'image très drôle. On a développé l'idée atour de cette image."<strong><strong>Claude Lelouch</strong> : "</strong>C'est un film dans l'air du temps, il a énormément de points communs avec Intouchables : il parle du handicap, mais Hasta la vista va un peu plus loin car il a un parfum de vérité. Hasta la vista est un film culotté et courageux car il prend des risques et veut casser les clichés. C'est une course d'obstacles au pays des merveilles."
Un tournage épique
<strong><strong>Isabelle De Hertogh</strong> : </strong>"En tournage, loin de tout, ton point de repère, c'est ton équipe. Il faut qu'on se retrouve et qu'on aille boire des coups, sinon la vie est nulle." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"On voulait tourner dans l'ordre chronologique, mais ça n'a pas été possible. On a commencé par la France, puis l'Espagne, puis la Belgique. C'était bien : on a démarré le tournage dans le Périgord. On se levait tôt, le soir on prenait l'apéro, on mangeait ensemble, on picolait ensemble, on faisait la fête... <strong><strong>Tom Audenaert</strong> : </strong>"On a transformé le parking de notre hôtel à Malaga en bar improvisé." <strong><strong>Isabelle De Hertogh</strong> : </strong>"A Périgueux, on a installé une mini-discothèque au bord du canal. En France, à minuit, ils sont chiants, tout est fermé (rires). On avait mis l'alcool dans les tentes du tournage, et on éclairait avec des projecteurs roses. On ne s'est pas limités à une heure du matin." <strong><strong>Tom Audenaert</strong> : </strong>"Les flics sont arrivés, alertés par le bruit, mais ils ont été très sympas." <strong><strong>Geoffrey Enthoven</strong> : </strong>"J'ai mis un petit clin d'oeil à la fin du générique pour se rappeler cette ambiance."
Hasta la vista : la version road movie réaliste d'Intouchables
<strong>Joe Dassin, la politique en Belgique, la sexualité des handicapés et un tournage épique: Hasta la vista est tout sauf une blague belge.</strong>Hasta la vista, cinquième film de <strong>Geoffrey Enthoven</strong>, est le premier à être distribué en France grâce à <strong>Claude Lelouch</strong>. Le cinéaste, tombé amoureux du film vu par hasard à Montréal, en a immédiatement acheté les droits et voilà Hasta la vista qui sort aujourd'hui en France.Le film raconte le voyage de trois amis handicapés, Philip, Jozef et Lars, qui décident de partir en road trip vers l'Espagne perdre leur pucelage dans une maison close spéciale : car ils sont tous les trois lourdement handicapés. Ils louent les services de Claude, une accompagnatrice bourrue au volant d'une camionnette vintage, et s'embarquent pour un drôle de voyage qui mettra à l'épreuve leurs préjugés et leur amitié. Incorrect, drôle et touchant, porté par un quatuor d'acteurs hallucinant, <em>Hasta la vista</em> bouscule les idées reçues avec culot.Les acteurs <strong>Isabelle De Hertogh</strong> (Claude la conductrice) et <strong>Tom Audenaert</strong> (Jozef le malvoyant), le réalisateur <strong>Geoffrey Enthoven</strong> et le distributeur <strong>Claude Lelouch</strong> ont raconté à <em>Premiere.fr</em> l'aventure de Hasta la vista, à l'image du film : sans langue de bois et sans tabou.Propos recueillis par Sylvestre Picard.Suivez <strong>@SylvestrePicard</strong> sur <em>Twitter</em><strong>>>> Bande-annonce de <em>Hasta la vista</em></strong><strong>>>> Retour sur la carton d<em>'Intouchables</em> dans le nouveau numéro de <em>Première</em></strong>
Joe Dassin, la politique en Belgique, la sexualité des handicapés et un tournage épique: Hasta la vista est tout sauf une blague belge.Hasta la vista, cinquième film de Geoffrey Enthoven, est le premier à être distribué en France grâce à Claude Lelouch. Le cinéaste, tombé amoureux du film vu par hasard à Montréal, en a immédiatement acheté les droits et voilà Hasta la vista qui sort aujourd'hui en France.Le film raconte le voyage de trois amis handicapés, Philip, Jozef et Lars, qui décident de partir en road trip vers l'Espagne perdre leur pucelage dans une maison close spéciale : car ils sont tous les trois lourdement handicapés. Ils louent les services de Claude, une accompagnatrice bourrue au volant d'une camionnette vintage, et s'embarquent pour un drôle de voyage qui mettra à l'épreuve leurs préjugés et leur amitié. Incorrect, drôle et touchant, porté par un quatuor d'acteurs hallucinant, Hasta la vista bouscule les idées reçues avec culot.Les acteurs Isabelle De Hertogh (Claude la conductrice) et Tom Audenaert (Jozef le malvoyant), le réalisateur Geoffrey Enthoven et le distributeur Claude Lelouch ont raconté à Premiere.fr l'aventure de Hasta la vista, à l'image du film : sans langue de bois et sans tabou.Propos recueillis par Sylvestre Picard.
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