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Hier soir, c’était le retour du roi, l’homme qui valait des millions faisait l’ouverture de l’Alpe avec sa nouvelle comédie d’action.

Comme il nous le confiait hier lors d’un Facebook Live, c’est ici, à l’Alpe d’Huez, que tout a commencé pour Dany Boon : c’est là que s’origine le début du carton des Ch’tis (qui avait  reçu 2 prix des mains de Luchini). Et, depuis, Boon est revenu au festival en tant que président du jury ou pour accompagner ses films. Mais ça faisait trois ans qu’il n’avait pas posé ses moonboots sur le massif des Grandes Rousses et ça se sentait… Hier soir, Dany fut le roi de la fête et du village et avant la projection du film les fans étaient à blocs. Dans la queue du palais, Sylvette se demandait « s’il était aussi gentil dans la vie qu’au cinéma » (incapable de répondre) et l’hôtesse de notre Pierre & Vacances, elle, voulait savoir si Raid Dingue était « mieux que Supercondriaque » (on l’a rassurée). Une fois le palais du festival rempli et le lancement de séance opéré avec maestria par Omar et son jury (on aimerait savoir ce que Sylvette a pensé de la danse anthologique d’Omar et Timsit sur Etoile des neiges), une fois les vannes de Dany, Forent Peyre et Alice Pol consumées pour chauffer le public, Raid Dingue pouvait commencer.

Sans surprise ce fut un triomphe. Absolu. Il n’y a pas de mystère d’ailleurs : Dany Boon reprend dans ce film tous les ingrédients de son succès dans une nouvelle comédie d’action. L’histoire est celle de Johanna, une jeune femme maladroite qui n’a qu’un rêve : intégrer l’élite de la police. Avec un coup de pouce de son père, ministre de l’intérieur (Michel Blanc en lunettes), elle parvient à rentrer au Raid où elle est prise en charge par Eugène (Boon), un membre historique de la section qui vient de se faire larguer par sa femme et hait encore plus que le genre humain, la gent féminine. L’entraînement va être compliqué surtout qu’un terroriste vient s’inviter dans la danse.

Boon à tout faire

Boon endosse donc, après le képi des facteurs et celui des douaniers, l’uniforme du Raid pour assurer la sécurité du public français. Circulez y a rien à voir ? Pas si vite : cette fois-ci, il n’est plus au centre du dispositif. Ce n’est plus Dany la star, mais Alice Pol, jolie brin de fille allongée dont la maladresse et l’élasticité bizarre lorgnent vers l’humour clownesque de Pierre Richard. Boon lui offre les vingt premières minutes de son film (un one woman show qui enchaîne les gags physiques et change constamment de registre) et la regarde comme Pygmalion sa muse. On la voit gesticuler, grimacer, gaffer, bafouiller, chuter à répétition avec une énergie hallucinante. On frise l’overdose, jusqu’au moment où Boon rentre en piste. En s’offrant le rôle de l’Auguste (un flic dépressif, taciturne, misanthrope et misogyne) face au clown blanc, il fait vraiment décoller Raid Dingue. Alors qu’on le connaît surtout dans le rôle de l’hystérie (sur scène et dans ses films), il est ici tout en maîtrise, dans un registre plus sombre que d’habitude, laid back, et il est réellement drôle et fascinant à regarder. Le rôle (bête et méchant) confirme après Radins ! que Boon s’éloigne un peu plus de ses avatars de benêts façon Bourvil, pour assumer l’héritage de De Funès, à la fois dans son jeu et dans son choix de personnages plus acariâtres.

Dans sa deuxième partie, le film fonce dans l’action avec l’arrivée maboule du personnage d’Yvan Attal, terroriste d’Europe Centrale qui finit déguisé en trav et file des torgnoles à son « ami ». Il faudra un jour s’interroger sur la folie furieuse de cet acteur qui, désormais, n’a plus peur de rien (et Rock’n’roll le prouvera très bientôt). Mais plus tard : parce qu’on est à l’Alpe d’Huez et dans Raid Dingue qui dans sa dernière ligne droite est donc une succession programmatique de poursuites, de cascades et de gags progressant jusqu’à un final (la destruction de Vaux-Le-Vicomte) beau comme un quatorze juillet. C’est au fond le propre des comédies de Dany Boon : l’acteur-réalisateur se met en scène dans le rôle du médiateur et use d’un rire fédérateur, réconciliatoire, pour faire marrer la foule. Hier soir, c’était une fois de plus le cas. Et pour ouvrir un festival de comédie, par les temps qui courent, c’est sans doute le mieux.

Raid Dingue sort en salles le 1er février. Bande-annonce : 


Dany Boon : "Il n'y a pas de prise de tête à l'Alpe d'Huez"