"Frank estime qu'il est temps d'en finir. Il veut que toute cette souffrance s'arrête une bonne fois pour toute..."
Il est de retour sur Netflix, et ça va faire mal. Ce vendredi, la saison 2 de Punisher (en 13 épisodes) sort sur la plateforme de streaming. Nous avons pu parler avec Jon Bernthal de ce nouveau chapitre, des nouvelles relations de Frank Castle, et de cette fin sanglante. Attention spoilers !
Comment c'était de se retrouver dans la peau de Frank Castle, pour la troisième fois ?
Jon Bernthal : Je suis un chanceux. C'est toujours un honneur d'incarner Frank. J'espère que cela se ressentira à l'écran. Mais c'est vrai que Frank fait partie de moi maintenant. Je l'ai dans la peau.
Mais cette fois, c'était un peu différent, parce que cette saison 2 n'a absolument aucune connexion directe avec l’univers Marvel de Netflix. Pas de Karen Page ni de Matt Murdock. C'est une histoire complètement séparée du reste...
Oui et en même temps, Frank Castle a toujours été dans cet espèce de coin solitaire, un peu à l'écart des autres. Il n'a pas de super pouvoir. Et en ce sens, il est déjà très différent des autres héros de la franchise. Je ne sais d'ailleurs même pas si on peut dire que Frank est un héros... Et c'est ce qui m'a attiré vers ce personnage au départ. Avec le showrunner, Steve Lightfoot, on a toujours cherché à faire de lui un personnage unique, évoluant dans un univers très solitaire.
On a l’impression que Frank est beaucoup plus mature dans cette saison 2. Il sait qui il est, il cesse de tout remettre en question...
On peut dire ça. Parce que du temps a passé. Il a effectivement mûri. Ce n'est plus un homme en mission. Il était temps pour lui d'aller au-delà de sa mission de loup solitaire, concentré uniquement sur les traumas de son passé. Il s'en est sorti. Il a trouvé un moyen de se remettre de ces drames, notamment en acceptant sa solitude et le monde qui l'entoure. Après, les gens évoluent et c'est vrai aussi pour Frank Castle. Mais en même temps, la paix dans laquelle il se trouve, au début de la saison 2, ne lui va pas très bien. Il se sent mieux dans un univers de violence, dans un univers sombre. C'est là qu'est sa place, selon lui.
Dans les trois premiers épisodes, et notamment dans l'assaut du commissariat, il y a quelque chose de Rambo chez ce Punisher, non ?
Oui, carrément, vous avez raison ! Personne ne sait qui est ce type, qui est cet homme arrivé de nulle part et qui peut faire tous ces trucs de fou (rires) C'était vraiment fun à filmer.
Cette saison, Frank est aussi en duo avec la jeune Amy. Comment avez-vous trouvé cette alchimie avec Giorgia Whigham ?
En fait, je suis très ami avec son père, Shea Whigham (l'acteur de Boardwalk Empire, Fargo, Agent Carter...). On s'apprête même à tourner un film ensemble. Je n'avais jamais rencontré Georgia (avant le tournage de Punisher 2). Mais elle m'a épaté par son implication et son professionnalisme. C'est quelque chose de rare pour une jeune actrice de son âge. Je l'ai beaucoup protégé durant ce tournage, un peu comme Frank protège Amy dans la série, d'une certaine façon. Frank et Amy ont dévoilé un lien fort au fil des épisodes, un respect mutuel. Et clairement, il s'est passé la même chose entre Georgia et moi. De tout façon, l'alchimie c'est quelque chose de naturel. Elle est là, ou pas.
Pensez-vous que Frank voit en Amy cet enfant qu'il n'aura jamais ?
Je crois bien. C'est en tout cas un sentiment qui est toujours en lui, quelque part. Frank est un type un peu paumé. Toujours hanté d'une manière ou d'une autre pas ses traumas passés. Que ce soit profondément ancré en lui ou pas, c'est là. Et Amy lui rappelle un peu ce que c'était d'être père. Le fait de vouloir ce qu'il y a de mieux pour elle, de vouloir la protéger, de l'aider à faire des choix... C'est toujours là en lui.
Et qu'en est-il de Beth ? Aurait-il vraiment pu rester avec elle, dans cette petite ville ?
Peut-être. C'est possible. Je crois qu'elle a réveillé en lui ces sentiments... Et il a décidé à un moment de se lancer, de donner une chance à la vie. Plutôt que se refermer et de construire un mur autour de son coeur. Il assume donc ce choix, et ça se passe bien d'ailleurs. Jusqu'à ce que ça parte en vrille, avec elle qui se prend une balle ! Du coup, il s'en veut terriblement après ça, et il estime que c'est de sa faute. Il est persuadé d'être le genre de type qui attire la violence dans la vie des autres. Il se dit qu'il faut qu'il reste à l'écart des gens... Et puis l'actrice qui joue Beth, Alexa Davalos (star de The Man in The High Castle), est une très bonne amie à moi. Une femme que j'adore et dont je suis très proche. C'est moi qui lui ai personnellement demandé de me faire une faveur et de venir dans la série. Et elle a accepté.
Mais pourquoi ne part-il pas la retrouver à la fin de la saison 2 ?
Parce qu'au bout du compte, Frank est ce qu'on pourrait appeler un "aimant à emmerdes". Il sait qu'il finira par apporter la violence dans sa vie et il ne veut pas de ça pour elle. Du coup, il n'ira jamais retrouvé Beth. Et c'est aussi pour cela qu'il dit à Amy, à la fin de la saison 2, de s'en aller.
Dans le même temps, Billy Russo est de retour. Comment est-ce que Frank encaisse le retour de son vieil ennemi ?
Il est mortifié, bien entendu. Il a fait une erreur. Il sait qu'il aurait dû le tuer à l'époque. Mais en même temps, il ne peut jamais complètement oublier le fait que Billy, c'était la famille pour lui, avant la guerre, avant tout ça. Quelqu'un de très important dans sa vie. Billy est le dernier petit bout qui le connecte encore à cette vie passée. Ainsi, il a encore un petit peu d'affection naturelle pour lui... Mais cette toute dernière étincelle qu'il avait pour lui s'éteint définitivement à la fin de la saison, quand il l'abat.
Et d'ailleurs, il ne considère jamais le pardon ? Il n'envisage pas de l'épargner une seconde et au moment de le terminer, il n'hésite pas du tout...
Non, il n'est plus question de pardon à ce moment-là. Et vous savez, à la fin de la saison 1, lorsqu'il le laisse vivre, dans ce carrousel, ce n'est pas par miséricorde, mais parce qu'il veut que Billy souffre. Mais là, Frank estime qu'il est temps d'en finir. Il veut que toute cette souffrance s'arrête une bonne fois pour toute, pour lui, pour Billy, et pour tout le monde. Il était temps d'abréger ses souffrances.
Donc il y a une forme de compassion quand il l'abat ?
Oui, effectivement, il y a une part de compassion dans son geste. Ce n'est pas de la rage pure et dure. Il ne l'abat pas sous le coup de la colère, mais par nécessité. C'est une décision froide, réfléchie, et inexorable. Frank n'est pas quelqu'un de chaleureux à l'intérieur. C'est quelqu'un de froid, qui finit par faire le travail que personne ne fait. Et on finit par comprendre ça à la fin.
Effectivement, à la fin de la saison 2, on peut dire qu'on voit Frank devenir vraiment le Punisher à New York !
Oui, tout à fait, je crois que c'est ce que la fin veut dire.
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