La série culinaire sous tension revient avec un menu repensé du sol au plafond, et ausculte le possible apaisement de ses personnages au milieu du chaos. Un grand cru ? Oui, chef !
Succès surprise de l’année dernière, la saison 1 de The Bear racontait le parcours chaotique du chef Carmen Berzatto (épatant Jeremy Allen White), jeune surdoué qui lâchait les restaurants étoilés pour se consacrer entièrement à la sandwicherie léguée par feu son frère. Travail, famille, plats de riz : « Carmy » se débattait pour tirer le meilleur de son cousin colérique et ses autres employés sans la moindre formation. Une superbe fournée d’épisodes en ébullition sur un stakhanoviste de la cuisine au bord du burn-out, cherchant un sens à sa vie entre deux coups de feu du midi. À la fin, l’équipe tombait sur une grosse somme d’argent laissée derrière lui par le frangin décédé, assez pour espérer relancer l’affaire en visant la haute cuisine… Et après ?
La facilité aurait été d’ouvrir le nouveau restaurant et de rejouer tous les hits de la série en poussant les potards dans le rouge (plus de tension, plus d’engueulades, plus de plats ratés, plus de crises de panique). Cette saison 2 prend la direction opposée et laisse légèrement la vapeur sortir de la cocotte-minute. Une fois le compte à rebours lancé (il faut ouvrir le restau dans des délais intenables), la question sera moins celle de la réussite que de la sérénité. Peut-on tutoyer la perfection sans devenir toxique pour soi et ses proches ? Trimballe-t-on partout ses traumas familiaux (fabuleux épisode 6 sur un dîner de Noël tout en frictions) ? Vastes questions sur lesquelles Carmy bute encore et toujours, pris entre des forces contraires (réaliser le rêve de sa sous-chef Sydney d’obtenir une étoile Michelin ; s’impliquer pleinement dans une relation amoureuse naissante ; devenir un mentor). Plus que jamais chorale, The Bear offre à chaque membre de la brigade - ou presque - son épisode dédié, pensé comme une aventure en soi, voyage intérieur pour se comprendre et trouver sa juste place dans le collectif.
Pur fantasme, bien sûr, pour un univers culinaire où la violence et le stress sont inhérents au boulot. Mais la série parvient sans forcer à nous faire gober ce monde parallèle fait de cuistos et de serveurs entièrement dédiés au plaisir de leurs clients, où l’on se reconstruit dans la minutie et le service au sens noble du terme. La magie opère à travers une écriture pointue et une mise en scène d’une finesse renversante, captant les doutes et les victoires au plus près des visages et des mains qui s’activent. Vous ne verrez pas grand-chose de ce calibre à la télé cette année.
The Bear saison 2, disponible sur Disney+
Commentaires