Possessions
Vered Adir - Haut et Court TV / Quiddity / Canal+

Un thriller franco-israëlien qui convoque astucieusement une atmosphère religieuse et mystérieuse, même si celle-ci est parfois trop
traînante et diffuse...

Alors qu'elle produisait No Man's Land pour Arte, la division télé de Haut et Court gardait un pied en Israël et l’œil sur ses talents créatifs. S'ensuit Possessions, mini-série en six épisodes, où il est question d'une jeune expatriée que tout accuse du meurtre de son mari, la nuit de leurs noces. Un diplomate français (Reda Kateb), dépêché sur place pour veiller au respect de ses droits par les autorités locales, se prend de fascination pour la jeune femme. Le doute plane, d'autant que l'accusée a des absences et qu'on lui découvre d'étranges marques sur le corps dont elle ignore la provenance.

Rapidement, ce thriller intime promet de naviguer aux confins de l'étrange. Il s'entoure de mystère, avec son héroïne tantôt interdite ou extatique et un entourage du même bois. Si Possessions emprunte à Polanski (dans la veine hystérique et fantastique d'un Rosemary's Baby, métaphore comprise), la série met du temps à révéler ses intentions. Elle déroule une intrigue tout en langueur, comme le faisait Sirènes, la précédente création de son showrunner, Shachar Magen, qui flirtait aussi avec le genre. Elle donne au rythme de l'enquête une forme d’indolence, laisse infuser le surnaturel (en s'arc-boutant sur le folklore judaïque, une bonne idée). Mais, à trop vouloir conserver sa part de secrets, le script donne trop peu de consistance à ses personnages. Si bien que le casting semble parfois un peu perdu en terre inconnue. Volontairement ou non, on ne pouvait pas faire mieux écho aux tourments des protagonistes.