Federico Garcia Lorca vient d’une terre irriguée de passions. Il porte un surnom qu’aucun autre artiste n’aurait mieux mérité que lui, le rossignol andalou.Musicien d’abord, poète et peintre ensuite, Lorca s’essaiera aussi à l’écriture dramaturgique et le réussira à merveille. Ce désir d’explorer toutes les voies d’expression possibles témoigne de la sensibilité accrue de l’artiste et d’une richesse intérieure sans limites. Ce natif du XIXe (1898) sera témoin de maints combats idéologiques et sociaux au sein de son propre pays, mais aussi partout dans le monde. Issu d’une famille plutôt aisée, il cultivera quand même une grande proximité avec les milieux populaires. Une amitié avec le musicien Manuel de Falla conditionnera à jamais ses choix musicaux. Lorca s’engage en faveur du folklore populaire et œuvrera, sa vie durant, à la revalorisation du flamenco. Ce penchant dépasse le statut d’une simple passion et s’élève au rang d’un véritable engagement intellectuel pris par l’artiste. Son séjour madrilène le mettra sur les pas de Dali et de Bunuel. Cette époque à cheval entre impressionnisme et surréalisme sera propice au réveil de sa fibre progressiste, avant-gardiste. On compte parmi ses plus vifs engagements le droit d’accès de tout le monde au savoir et à la culture. Avec la Barraca, une troupe théâtrale qu’il lance et dirige, il sillonnera le pays de ville en ville, de village en village, avec le désir de vulgariser le patrimoine culturel espagnol et de le mettre à la portée de tout un chacun. On trouve à l’affiche de ses créations les maux de la société espagnole de l’époque. On notera une présence à la fois prononcée et équivoque de la femme dans ses œuvres : Bernarda, Marianna … et un esprit hanté par des thématiques philosophiques lourdes, témoignant d’un intérieur tourmenté : douleur ou suicide, amours impossibles, relations violentes. La Maison de Bernarda Alba ou encore Yerma et Noces de sang...sont autant de chefs-d’œuvre inscrits en lettres d’or dans le répertoire théâtral espagnol, voire universel. Lorca entreprend un long voyage aux États-Unis, suivi par un autre à Cuba, dans une tentative de se retrouver et de fuir le malaise constant qui le poursuit en Espagne, notamment en raison de son homosexualité, dans ce pays où conservatisme et fibre religieuse sont assez présents. La poésie vient alors à son secours et s’offre à lui comme le meilleur canal d’expression de son mal-être.La voix de Lorca s’élève alors en vers et en proses, Poète à New York, sera son cri libérateur, sa catharsis, le recueil qui lui permet d’expectorer ses douleurs enfouies.Lorca sera réduit au silence, un certain été de l’année 1936, quand La Phalange Espagnole, un groupe fasciste, met fin à ses jours et à son combat, éteignant à jamais la voix du rossignol andalou.