Il tourne des films amateurs alors qu'il a à peine vingt ans, puis étudie au Centro sperimentale de Rome, collabore à El Mégano (J. García Espinosa, 1955) et développe une activité semi-professionnelle. Après la chute de Batista, il participe à la création de l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographiques (ICAIC) et accomplit le passage obligatoire par le documentaire (Esta tierra nuestra, 1959). Il met en scène les trois épisodes de Historias de la revolución (1960), une reconstitution sobre, à l'affût des cheminements psychologiques plutôt que d'envolées lyriques sur l'épopée révolutionnaire encore fraîche. Nous retrouvons cette retenue dans Cumbite (1964), drame de la sécheresse et des rivalités ancestrales, situé en Haïti. Cependant, l'originalité de celui qu'on surnomme « Titón » transparaît plus clairement dans deux autres films, dont l'action a pour cadre la société cubaine contemporaine : Las doce sillas (1962) est une chasse au trésor burlesque ; La muerte de un burócrata (1966), surtout, est une satire féroce des bureaucrates en herbe et du réalisme socialiste. Son humour macabre en fait un héritier de Buñuel et des comiques du muet. Avec Mémoires du sous-développement (Memorias del subdesarrollo, 1968), Gutiérrez Alea propose une courageuse et efficace interrogation sur l'actualité de la révolution, grâce à une assimilation maîtrisée des recherches sur l'expression filmique. Le protagoniste, dont les parents ont choisi Miami, promène sur la capitale un regard à la fois désabusé et lucide, auto-ironique et réfléchi, traitant avec franchise les contradictions des intellectuels et d'une société marquée par le sous-développement. Sa liberté de ton reste inégalée à Cuba. Les films suivants s'en prennent autrement au dogmatisme : Una pelea cubana contra los demonios (1971) évoque l'Inquisition dans l'île, au XVII siècle ; la Dernière Cène (La última cena, 1977) revient aussi à la période coloniale, par la confrontation de l'idéologie catholique et de l'esclavage ; et Los sobrevivientes (1978) est une lourde allégorie buñuélienne sur la bourgeoisie aux prises avec la révolution. Jusqu'à un certain point (Hasta cierto punto, 1984) s'impose par son originalité dramaturgique en mêlant l'approche documentaire à la fiction sentimentale sur le thème du machisme. Dans Cartas del parque (1988), sur un scénario de Gabriel García Márquez, il raconte en images raffinées une romanesque histoire d'amour. En collaboration avec Juan Carlos Tabío, il signe ensuite Fraise et chocolat (Fresa y chocolate, 1993), son plus grand succès international, plaidoyer pour la tolérance qui met face à face un homosexuel passionné de culture cubaine et un jeune communiste étriqué et mal dans sa peau. Guantanamera (1995), toujours avec Tabío, revient à l'inspiration première de la Mort d'un bureaucrate. Titón symbolise parfaitement l'indépendance d'esprit, l'exigence artistique et l'humanisme du cinéma cubain.
Nom de naissance | Tomás Alea |
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Naissance |
Havana, Cuba |
Décès | |
Genre | Homme |
Profession(s) | Scénariste, Réalisateur/Metteur en Scène |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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1995 | Guantanamera | Réalisateur, Scénariste | - | |
1993 | Fraise et chocolat | Réalisateur | - | |
1983 | Jusqu'A Un Certain Point | Réalisateur | - | |
1979 | Les Survivants | Réalisateur | - | |
1976 | La Derniere Cene | Réalisateur | - |