Quand Yann Moix revenait sur l'échec de Cinéman : « Même chez Nanarland, ils n'en veulent pas ! »
Quand Yann Moix revenait sur l'échec de Cinéman : « Même chez Nanarland, ils n'en veulent pas ! »
Yann Moix revient sur l'échec de Cinéman : « Même chez Nanarland, ils n'en veulent pas ! »
« Le seul responsable, c'est moi »
<em>« J'ai mis cinq ans à adapter un roman de 450 pages, je suis allé à la Cinémathèque voir cinq films par jour. Je ne vais dauber sur personne, parce que le seul responsable, c'est moi. »</em>
« J'ai oublié Dupontel »
« J'avais écrit Cinéman pour Benoît Poelvoorde et le méchant devait être Albert Dupontel. Dans le scénario avec des photos-montages, tellement obsédé par Poelvoorde, j'ai oublié Dupontel. Quand il a vu le scénario, il m'a dit: "Où est-ce que je suis ?" Du jour au lendemain, il a disparu, impossible de le joindre, plus aucune nouvelle de Dupontel. »
« Poelvoorde a oublié le scénario sur la banquette du resto ! »
« Au moment où on doit commencer à tourner, Poelvoorde m'annonce qu'il fait Les Deux Mondes. Je prends donc un an de délai dans la gueule, puis il enchaîne avec Les Randonneurs à Saint-Tropez (...). Benoît est complètement lessivé, il ne peut pas faire Cinéman et, surtout, ne veut pas le faire. Malgré sa dépression, il a vu que le film allait être mauvais, que le scénario ne valait rien. La première fois que je lui ai donné au cours d'un dîner, il l'a oublié sur la banquette du resto ! »
« Ecoute, connard, je suis un génie car j'ai fait quatre millions d'entrées avec Podium »
Toujours à propos de Benoît Poelvoorde :<em> « Il me dit: "Ton film n'est ni fait ni à faire." Suivent d'autres journées de travail où il me fait des remarques. Je fais semblant de prendre ses propositions en compte tout en me disant: "Ecoute, connard, je suis un génie car j'ai fait quatre millions d'entrées avec Podium. Les acteurs ont besoin de mecs comme moi, sinon ils ne sont rien." D'ailleurs, à chaque fois dans ma vie que je me suis cru bon dans un domaine, je me suis ramassé la gueule tout de suite après. »</em>
« Le problème de Dubosc, c'est qu'il ressemble à tous les personnages »
« Cinéman, c'est l'histoire d'un mec qui ne ressemble à aucun des personnages. Le problème de Dubosc, c'est qu'il ressemble à tous les personnages ? Clint Eastwood, Errol Flynn, etc. Mais je dois le prendre, c'est le seul qui me permette de monter le film pour des questions financières. Et puis, dans ma tête de petit génie du cinéma français, je me compare à Milos Forman qui a choisi Jim Carrey pour Man on the Moon. »
« François Cluzet m'en veut à mort »
« Quand les méchants que je caste ? François Berléand, Jean-Paul Rouve ? apprennent que c'est Dubosc le personnage principal, ils se barrent ! Pire: je n'ose pas dire à François Cluzet, qui était partant, que ce n'est pas Poelvoorde qui tient le premier rôle. Bien sûr, il finit par l'apprendre et là, il m'en veut à mort. Dans le même temps, Elie Semoun me harcèle pour faire le méchant, mais j'ai peur que ça fasse trop Petites Annonces. »
« Pef et Dubosc ne s'entendent pas du tout »
« Finalement, je me dis: "J'ai pris un mec des Robins des Bois pour Podium (Jean-Paul Rouve - NDLR), je fais la même pour Cinéman (Pef - NDLR), ça va me porter chance !" Voilà à quel genre de chose je suis obligé de me raccrocher. Même si Pef fait de bons essais en méchant, je sens que ça ne va pas le faire. Mais je suis dans le déni: je vais dans le mur tout en me disant que ça va aller. (...) Pef et Dubosc ne s'entendent pas du tout, ils se chamaillent comme des gosses puis ne s'adressent pas la parole de tout le tournage. »
« Le casting des filles dure des mois, une vraie galère »
« Le casting des filles dure des mois, une vraie galère. Julie Depardieu refuse mais Lucy Gordon accepte ? elle se suicidera quelques mois plus tard, un drame. »
« Dubosc, c'est une grenouille en pyjama vert »
<em>« Quand on arrive sur les lieux du tournage, pas une fleur dans les bois, de la gadoue partout... (...) Avec ses costumes Technicolor à 8h00 du mat', le petit crachin et de la boue plein les bottes, Dubosc, c'est une grenouille en pyjama vert. Ensuite, on part à Almeria (Espagne) pour tourner la partie western et là, tempête de sable ! Il n'y en avait pas eu depuis 1972 mais nous, on n'a pas pu tourner pendant dix jours. Comme un jour de tournage coûte 80 000 ?, le producteur me coupe des scènes pour équilibrer avec les jours de tempêtes. (...) le pire: mon chef op' fait un infarctus un soir durant le tournage. Heureusement, il n'est pas mort mais on a dû changer de chef op'. »</em>
« Aucune réaction positive, pas le moindre rire, que des têtes d'enterrement »
<em>« A la fin de chaque semaine de tournage, on projette les rushs à l'équipe: aucune réaction positive, pas le moindre rire, que des têtes d'enterrement. Alors, je remonte le film dans tous les sens. Dix-huit mois de montage. (...) Je prends la décision de changer tous les dialogues et de réécrire une histoire qui n'a plus rien à voir. Les acteurs reviennent en studio et disent d'autres dialogues, c'est pour ça que la post-synchronisation est foireuse. (...) Résultat: 300 000 entrées, dix fois moins que Podium qui, avec le recul, était un téléfilm moyen, il fallait faire 2,5 millions d'entrées pour se rembourser... Même chez Nanarland, ils n'en veulent pas ! J'avais honte, physiquement honte, une impression d'être enveloppé de merde. Je n'ai plus osé sortir de chez moi pendant longtemps. C'est un film malade. Si j'avais su, j'aurais fait ma dépression plus tôt, avant de commettre ce film. »</em>
Cinéman Affiche
Retour sur l'échec programmé de Cinéman, flop colossal diffusé ce soir sur 6ter.
Ce soir, 6ter programme en première partie de soirée le Cinéman de Yann Moix, sorti dans les salles françaises en 2009. Un film resté célèbre mais pas forcément pour les meilleures raisons, souvent considéré comme l'un des pires films français de ces dernières années (voire plus). Unanimement conspué par la presse à sa sortie, il est depuis devenu avec le temps un sujet de moquerie, et même un contre-argument désormais employé par ses contradicteurs, notamment sur le plateau d'On n'est pas couché, où il officie en tant que chroniqueur depuis la rentrée de septembre.
Projet malade de ses débuts jusqu'à sa sortie en salles, Cinéman a laissé un souvenir douloureux aussi bien au spectateur qu'à Moix lui-même, qui n'a plus touché à une caméra depuis (il devrait retrouver les chemins des plateaux pour la suite de Podium actuellement en préparation). Un échec cuisant qui fut le résultat d'une succession de mauvaises décisions et de rendez-vous manqués qui ont abouti au flop que l'on connaît, aussi bien critique que public (à peine 300.000 entrées).
Quatre ans après avoir fait un flop avec Cinéman, Yann Moix revenait auprès de Technikart sur l'échec de son projet porté par Franck Dubosc.Vécu comme un véritable cauchemar, Cinéman a été mal pensé de A à Z, juge son créateur avec le recul. L'idée de départ n'était pas mauvaise (un homme lambda peut voyager dans les films et vivre de folles aventures auprès de la femme de ses rêves), mais dès la phase de préproduction, Moix n'a pas réussi à obtenir ce qu'il voulait. Problème de distribution, d'égos, de calendrier... Il aurait adoré filmer Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel dans les rôles principaux, mais les deux acteurs ont refusé.
Une fois sur le tournage, la situation ne s'est pas arrangée. Accidents sur le plateau, mésentente entre Franck Dubosc et Pierre François Martin-Laval, problèmes supplémentaires liés à la météo, retards conséquents, dépassement de budget, infarctus du chef opérateur... Le réalisateur revenait sur une multitude d'éléments négatifs qui ont transformé les prises de vue de Cinéman en catastrophe humaine, économique et artistique. "Même chez Nanarland, ils n'en veulent pas ! J'avais honte, physiquement honte (...). C'est un film malade. Si j'avais su, j'aurais fait ma dépression plus tôt, avant de commettre ce film". Retour sur un projet de comédie qui a profondément traumatisé son créateur, qui prend la responsabilité de cet échec et avoue avoir parfois mal réagi face aux problèmes rencontrés lors de sa production. Et dont on sent qu'il a encore le coeur lourd en évoquant Cinéman, même plusieurs années après sa sortie.
L'histoire de Cinéman : Professeur de mathématiques à Montreuil-sous-Bois, Régis Deloux a soudain le pouvoir de voyager dans les films où il rencontrera enfin la femme de ses rêves.
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