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Banel et Adama. Un homme et une femme amoureux au cœur d’un village sénégalais aux conventions traditionnelles qui tolère mal ce type de passion et s’inquiète surtout du fait que ce couple n’ait pas encore d’enfant au bout d’un an. Dans la première partie solaire de ce film (le premier long de Ramata Toulaye- Sy) qui porte leurs noms, rien ne semble pouvoir dévier de leur désir d’un pas de côté, de se construire leur nid douillet, pas loin du village certes mais hors des murs. Et puis la pluie va se mettre à manquer, la sècheresse gagner du terrain, les troupeaux dépérir. Et Adama qui avait dit son intention de ne pas devenir le chef de ce village va être obligé de s’impliquer au détriment de sa relation fusionnelle avec Adama (Khady Mane, une révélation) qui, elle, va se battre pour entretenir la flamme tout en revendiquant son désir de ne pas avoir d’enfant. Et par-delà cette histoire d’amour et le constat d’une Afrique percutée par le réchauffement climatique, Banel & Adama séduit surtout pour le palpitant récit d’émancipation féminine qu’il propose avec des aspirations rarement montrées dans des oeuvres mettant en leur centre des héroïnes d'Afrique noire. L’aspect conte ici choisi – et traduit à l’écran tant par la luminosité enveloppante de la première partie que par la noirceur anxiogène de la seconde (Amine Berrada, à la lumière, fait des petits miracles) – permet de transcender la facilité du film à message. Tout n’y est pas parfait. Quelques longueurs par ici, des affèteries dispensables par là. Mais surtout un désir de cinéma qui transcende tout cela.