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Décousu? Certes, le film passe du coq à l'âne. Du drame passionnel âpre au thriller d'espionnage international vaguement vraisemblable. De lieux clos aux rues grouillantes de Hong Kong. Asia Argento, formidable en femme bafouée comme en castagneuse, troque les talons aiguilles contre des flingues. Ce changement, aussi brutal soit-il s'inscrit dans la logique du personnage, aventurière guidée par la passion ou passionaria attirée par l'aventure. Paumée, coupable, en sursis, vivante, elle passe par tous les états d'âme avant de connaître un semblant de rédemption. Comme il l'avait fait fait dans Demonlover, Assayas brouille les genres pour signer un fascinant portrait de femme d'aujourd'hui, doublé d'une photographie réaliste de la mégalopole hong-kongaise.
Toutes les critiques de Boarding Gate
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Succession virtuose de plans rapprochés, Boarding gate affiche un rythme étourdissant dès les premières scènes, l'affrontement entre Sandra - Asia Argento, actrice unique, succube prodigieux - et Miles - Michael Madsen, corps alourdi, gueule de crapule. Mêlant thérorie du complot, mysticisme obsessionnel et élégance esthétique, Boarding Gate est une réussite sans mélange dans l'oeuvre d'Oliver Assayas, cinéaste de l'accélération.
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Plus de faux-semblants : on est dans la réalité des corps, multipliés comme à l’infini, il s’agit juste de préserver le sien, de sauver sa peau. Au cours d’une poursuite haletante, Asia Argento, actrice qui a pu agacer dans sa posture obligée de séductrice provocante, est alors plus nue que nue : sans maquillage, sobrement vêtue, elle gagne en humanité ce qu’elle perd en artifice. Ce qui arrive à l’actrice correspond à la course de son personnage : il lui faut une nouvelle identité, une renaissance loin de ceux qu’elle a trahis (ou qui l’ont trahie). Le désarroi qu’Assayas saisit alors sur le visage métamorphosé d’Asia, la bien prénommée, est l’une des plus belles visions que l’on puisse goûter cet été sur un écran de cinéma.
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Déroutant de bout en bout, filmé au cordeau et dans le frémissement de l'urgence, ce polar de facture artisanale dynamite les règles du genre, marie sans vergogne action, suspense, ambiances tour à tour glamour et réalistes. Petit frère de Demonlover et de Clean, dans lesquels Assayas interrogeait déjà le spectaculaire et la globalisation, ce Boarding Gate se nourrit d'une chronique inattendue de la violence contemporaine et des embrouilles du pouvoir, ici imbriquée à des fantasmes de luxure, de barbarie, mais aussi de liberté.
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Boarding Gate prouve en effet qu'Olivier Assayas est à ce jour l'un des filmeurs les plus virtuoses. Tour à tour sensuel et brutal (dans la longue séquence du début), puis rapide, échevelé, caméra sur l'épaule (dans le vertigineux épisode asiatique), toujours fluide, toujours dans le mouvement, Olivier Assayas signe ici une oeuvre plastique, à la fois l'osmose d'un héritier de la Nouvelle Vague et d'un fan du cinéma d'action de Hongkong, et le souci de composer ses plans comme des tableaux où la frénésie des personnages donne forme à des traits de trajectoires qui s'enchaînent comme tracés par un pinceau, au gré de l'émotion, rythmés par la grâce d'une actrice et la musique de Brian Eno ou de compils chinoises.