-
« J’ai juste rédigé une première version du scénario, il y a des années. Depuis, ça a été réécrit et heu… ‘’transformé’’ », nous disait l'année dernière Craig Mazin, scénariste des séries Chernobyl et The Last of us. Effectivement, pas de trace de son nom au générique de Borderlands, transposition au cinéma du très rigolo jeu vidéo du studio Gearbox Software. Dommage, car Mazin avait certainement en tête un autre angle que celui de la copie carbone des Gardiens de la galaxie : le film d’Eli Roth (Hostel, The Green Inferno, Thanksgiving…) en reprend en effet à la lettre la formule, soit un mélange d’action et d’humour avec des marginaux lancés dans une aventure aux confins de l’espace. Sauf que Roth n’a pas le talent de James Gunn pour écrire des figures d’outsiders attachants…
Tout n’est que stéréotypes dans Borderlands, à l’image de son héroïne, Lilith (Cate Blanchett), chasseuse de primes badass à la gâchette facile, embauchée par un milliardaire (Édgar Ramírez qui en fait des caisses) pour retrouver sa fille. Direction la chaotique planète Pandore, où se cachent pêle-mêle un robot qui ne fait que jaqueter (doublé par Jack Black), un mercenaire chevronné (Kevin Hart), une ado à l’ego boursoufflé (Ariana Greenblatt), un timbré masqué sorti de l’asile (Florian Munteanu) et une scientifique farfelue (Jamie Lee Curtis). Des clichés sur pattes qui devraient fournir toute la matière comique dont le film a besoin, mais traités ici avec un premier degré inouï. À l’exception de quelques gags visuels (d’ailleurs l’univers est très respectueux du jeu, peut-être même un peu trop pour le bien du projet), les vannes font rarement mouche.
Borderlands souffre surtout de l’absence d’enjeux dramatiques dignes de ce nom, et d’une histoire téléguidé par un MacGuffin quelconque - une arche abandonnée par une ancienne civilisation extraterrestre, qui ne sera pas plus intéressante une fois découverte. Si la tentative de camouflage des failles du script par des scènes de fusillades marche un temps, l’ennui s'installe aussi vite que les corps s’empilent. Eli Roth y met pourtant du coeur mais semble avoir oublié en cours de route pourquoi il a accepté d’adapter le jeu… La définition même du blockbuster lambda, jamais complètement nul, simplement dépourvu de goût ou d’odeur. Et donc bien incapable de justifier sa propre existence.
Borderlands