Première
par Frédéric Foubert
Gold, très clairement, aimerait marcher sur les brisées du Loup de Wall Street. Mais il ne suffit pas de situer sa satire du capitalisme vicié dans les années 80 et de la peupler de connards adipeux pour que ça marche. Sans la folie cartoon et cocaïnée de Martin Scorsese, un film de Stephan Gaghan reste, euh… un film de Stephan Gaghan. Didactique, sage et empesé. Et dont le sérieux papal est ici en décalage total avec son interprète en roue libre. A la recherche effrénée d’un nouvel Oscar (une règle non écrite dit qu’il faut se méfier des films à Oscars qui sortent au mois d’avril), Matthew McConaughey, après le régime radical de Dallas Buyers Club, exhibe ici une bedaine triomphante, et s’est fait la tête de Tom Cruise dans Tropic Thunder. Son personnage de chercheur d’or pris au piège d’un énorme scandale financier est de fait l’un des plus bizarrement caractérisés de sa filmo – un bonimenteur de seconde zone looké comme un figurant de The Office, mais qui évoluerait dans le monde avec la grâce féline de Rust Cohle, l’enquêteur philosophe de la série True Detective. N’importe quoi. Les fans hardcore de l’acteur se doivent néanmoins de voir ce film, le cabot texan s’y livrant à de nouvelles et irrésistibles facéties, comme dompter un tigre à mains nues, ou s’ébrouer lascivement sur un matelas de dollars en slip kangourou.