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Un couple qui se dispute pour une broutille, rompt, et élabore toute sorte de stratégies pour se reconquérir, c'est le pitch type de la comédie romantique. Nul besoin de raconter la fin, elle est généralement téléphonée. Mais La Rupture contourne ce passage obligé et tente de camper une comédie anti-romantique qui casserait les poncifs du genre. C'était une bonne idée, sur le papier.
C'est l'histoire d'un couple. Elle est jolie, sophistiquée, travaille dans une galerie d'art et fait la bouffe, le ménage et la vaisselle en sortant du boulot. Lui, un peu beauf, regarde le sport sur son écran plasma, joue à la console vidéo, boit des bières avec ses potes et ignore superbement le chemin de la cuisine. Difficile de faire plus cliché. Mais pour démonter un lieu commun, il faut bien commencer par le camper. Car l'idée de départ de La Rupture est de prendre le contre-pied de la comédie romantique pour casser le genre, ou le réinventer. Au lieu de raconter la formidable ascension d'un couple, le film nous servirait sa terrible déchéance.Le genre est si éculé qu'il devient difficile de trouver un nouvel angle pour l'aborder. L'histoire d'une rupture plutôt que celle d'une rencontre était donc un bon point de départ. Encore que pas nouveau. Beaucoup de couples se sont déchirés à l'écran, offrant des grands moments de cinéma. La cruauté perverse de La Guerre des Rose, pour rester dans la comédie, donne une idée des profondeurs dans lesquelles il est possible d'aller. On salivait donc devant la promesse de coups tordus, dialogues cinglants, chutes inattendues. Ce n'était qu'un leurre.Les acteurs ne sont pas mauvais, le couple Aniston/Vaughn fonctionne, et pour cause - ils sont aussi ensemble dans la « vraie vie ». Le réalisateur, Peyton Reed, était prometteur : ses précédentes réalisations - American Girls, Bye Bye Love - portaient un propos fort, parfois corrosif. Pourtant, rien à faire, La Rupture est un film tiède. Aucune idée n'est jamais creusée, les stratégies imaginées ne sont jamais assez cruelles, les dialogues assez drôles, la chute assez douloureuse.Le film navigue entre deux eaux et s'y noie. Il tente régulièrement des clins d'oeil en direction du spectateur qui peut se dire : "Ah ! Tiens ! J'ai déjà vécu ça" - d'autant qu'une rupture est sans doute plus universelle qu'un coup de foudre -, mais ça s'arrête là. La mise en scène est parfois maladroite et souvent lente - certaines scènes s'étirent à n'en plus finir. Pourtant, jusqu'alors, on reconnaissait au réalisateur un sens du rythme et une esthétique travaillée. Il semble les avoir perdus dans la faiblesse du scénario.Que La Rupture fasse un carton au box office américain semble ne pouvoir s'expliquer qu'à l'aune du phénomène « couple à l'écran/couple à la ville ». Comme l'avait démontré la comédie de l'été dernier - Mr and Mrs Smith - qui n'avait d'autre intérêt que de voir évoluer le couple Brad Pitt/Angelina Jolie -, ce filon attise la curiosité du public. C'est un peu comme adapter des articles de Voici au cinéma. Les scandales racoleurs en moins, les bons sentiments en plus. La Rupture
Un film de Peyton Reed
Etats-Unis, 2005
Avec Jennifer Aniston, Vince Vaughn, Joey Lauren Adams, Judy Davis, Ann-Margret, Jon Favreau
Sortie en salles (France) : le 21 juin 2006
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