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Pour soulager son épouse qui s’épuise à coudre à la machine dans leur toute nouvelle maison, un prof de musique engage une servante recommandée par l’une de ses élèves. Mais, sous l’influence de la nouvelle venue, la famille commence à se disloquer. Longtemps invisible, ce film de 1960, considéré comme un chef-d’oeuvre du cinéma coréen, est le reflet d’une profonde mutation. Il explore le moment où la nouvelle classe moyenne coréenne découvrait les avantages et les inconvénients de son enrichissement récent. L’arrivée de la servante représente l’intrusion de cette modernité qui menace l’équilibre familial jusqu’alors considéré comme fondamental. La porte est ouverte au matérialisme, à l’individualisme, à l’infidélité, à la jalousie. Pour orchestrer cette mise en scène du désir et de ses désordres, Kim Ki-young varie sauvagement les ambiances, passant du réalisme social au mélodrame chargé de symboles, frôlant parfois le Grand-Guignol, mais sans jamais perdre le sens de l’ironie. Au-delà de son contexte historique, le film conserve une force intemporelle qui justifie à la fois sa réputation et la restauration dont il a été l’objet.
Toutes les critiques de La servante
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Film brûlant, ravageur, dans lequel chaque plan prouve par la cruauté la puissance d'anarchie explosive du cinéma quand il est dans de bonnes mains.
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La mise en scène tirée au cordeau ne laisse aucun répit jusqu'au final, totalement déconcertant.
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Réalisé en 1960 et resté longtemps endommagé, à la suite de la perte de deux bobines, La Servante est en quelque sorte la pierre de Rosette du cinéma coréen contemporain. Il aura fallu le concours de la World Cinema Foundation de Martin Scorsese pour, à partir d’une (mauvaise) copie d’exploitation, restaurer le film. Quel est son secret ? La brutalité extrême et absurde, presque cartoonesque pour un spectateur occidental, qui irrigue si souvent les films coréens trouve ici son paroxysme en même temps qu’une forme d’épure. Le génie de Kim Ki-young consiste à faire calmement résonner toutes les cordes de sa mise en scène dans un mouvement rigoureux et sec, sans la moindre frime, qui contraste avec les élans grandiloquents de certains de ses héritiers cités plus haut.
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La meilleure nouvelle de l'été pourrait bien être la ressortie de ce classique du cinéma coréen (...). Rarissime, ce joyau a été restauré et sa découverte peut inciter à découvrir la filmographie d'un cinéaste méconnu qui a payé sa prise de risque et osait un mélange des genres très surprenant et audacieux pour l'époque.
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Baigné par une musique jazz et un noir et blanc dignes des films noirs américains des années 1950, « la Servante » est un film ahurissant qui n'épargne personne (et surtout pas les enfants). Une sorte de tragédie grotesque, monstrueuse. Son réalisateur, Kim Ki-young, était d'ailleurs surnommé « le Monstre ». I
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Malgré quelques longueurs, Kim Ki-Young a réussi l’un des films les plus torturés. La tourmente qui règne au sein de la famille et l’explosion des pulsions ont rarement été mises en scène avec autant de force.
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Le malheur - ou le Mal heurtant les êtres - est un leitmotiv de cette "Servante", qui, davantage qu'un pur film d'horreur, se rangerait plus volontiers dans la catégorie des films inclassables, puisque éminemment complexe et dérangeant.
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Ce classique du cinéma coréen, huis-clos horrifique qui n’hésite pas à chausser les gros sabots du film de genre tout en adoptant une forme virtuose et quasi expérimentale, sort enfin sur les écrans français en version restaurée.