Première
par Sylvestre Picard
Comment résumer Le Roi Cerf ? Pas évident, tant le film est d’une densité digne d’une série de romans de fantasy, encapsulée dans un film de moins de deux heures… Allez, on essaie : sur fond de conflit séculaire entre deux royaumes imaginaires, un ancien guerrier devenu esclave adopte et protège une petite fille. Pendant ce temps, un prince guérisseur essaye de sauver son peuple d’une contagion maléfique. Si les ressemblances avec Princesse Mononoké sautent aux yeux (des loups géants, des espèces de bouquetins, une peste surnaturelle, le tourment écologique, le conflit entre impérialismes divers…), Le Roi Cerf se démarque très fortement du Ghibli par son choix d’une durée explicitement longue : là où le Miyazaki était une Iliade -ramassée, colérique- Le Roi Cerf tient plus de L’Odyssée ; de par son tempo long où les saisons passent, les parents vieillissent et les enfants grandissent. Réalisé par deux cadors de l’animation japonaise au CV vertigineux (après être passé chez Ghibli, Andō a été un animateur-clé sur Paprika, Miss Hokusai, ou encore Your Name, rien que ça !), Le Roi cerf ne manque pas de moments carrément épiques mais sait surtout les préparer à bon escient, au profit d’un récit pacifiste où il importe plus de soigner que de détruire. « Puisse ce pays sourire aux orphelins », soupire un personnage qui, mis face aux calamités de son temps, se prend à espérer un avenir meilleur. Au sein du genre fantasy où c’est souvent la course à qui sera le plus cynique, ce discours optimiste contribue à rendre Le Roi Cerf encore plus précieux.