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Dans son échoppe, Sentaro sert du thé et des dorayakis, des crêpes fourrées à la pâte de haricots rouges, à de jeunes étudiantes souvent moqueuses, à l’exception de Wakana. Une vieille dame, Tokue (Kirin Kiki, fascinante), vient lui proposer ses services et fait des merveilles dans la préparation des gâteaux. Ode à la vie, aux plaisirs culinaires et à la nature (Ah, les cerisiers en fleurs !), ce nouveau long métrage de fiction de Naomi Kawase offre des images aussi belles que La Forêt de Mogari, aussi sensuelles que Still the Water. Mais cette bluette réunissant trois solitudes reste bien conventionnelle et sans surprise, et la surenchère de douceurs sucrées finit par provoquer l’overdose.
Toutes les critiques de Les délices de Tokyo
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On en ressort tout ragaillardi, ému même par ce film, pudique, simple mais diablement attachant.(...) On ne pensait pas, un jour, verser une larme sur un plan de beignet japonais en train de cuire. Il faut croire qu’à Cannes, tout est possible !
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A travers la cuisine, envisagée comme une ascèse spirituelle, à l'instar de l'art de composer des bouquets ou de manier le sabre, c'est à une magistrale leçon de vie et de poésie que nous convie ce film initiatique aux teintes aussi subtiles que celles des cerisiers en fleur.
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Un grand moment de poésie et de cinéma. Bouleversant, tout simplement.
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Un film qui ne chasse pas l'idée de la mort mais créé du lien avec les liens. Un film absolument bouleversant.
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La réalisatrice explore un registre comique bienvenu. Et saupoudre de touches de légèreté une oeuvre plus grave qu’elle ne paraît. Il fallait toute l’agilité de Naomi Kawase pour faire d’une idée presque évidente un envoûtant poème cinématographique.
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(...) en nous privant des secrets de la cuisine, elle semble nous rappeler, à l’heure où la télé-réalité s’en goinfre, que l’art de la gastronomie ne s’apprend jamais vraiment que dans l’intimité partagée des corps au-dessus des fourneaux, les murmures sibyllins, et les rencontres qui nourrissent le cœur.
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La lenteur est aussi douceur dans le cinéma de Naomi Kawase, qui ne brusque jamais ses personnages et préfère les acclimater les uns aux autres. Comme elle nous acclimate à sa sensibilité, déroutante souvent mais finalement éclairante et qu’on est heureux, à la fin de "An", d’avoir pu partager.
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La beauté renversante des plans – cette gaze fine qui fait vibrer les paysages, cette humanité intense des visages filmés comme on caresse, ces enivrantes ramures qui nous ramènent au cœur des temps primordiaux, ces images suspendues où l’absence soudaine d’un personnage devient le tout de cette image – ne vaut que parce qu’elle a passé alliance avec l’âpreté du monde, l’injustice profonde de la société, la cruauté de l’isolement et la mort.
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(...) une fable humaniste à la mise en scène infiniment délicate.
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Un an après "Still the water", Naomi Kawase signe son film le plus touchant dans sa simplicité et sans doute le plus accessible.
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Dans son dernier film, Naomi Kawase dessine avec beaucoup d'élégance et retenue le portrait de deux êtres seuls et cabossés qui vont reprendre goût à la vie au contact l'un de l'autre.
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Un délice de douceur, une leçon de vie, de respect des anciens, des marginaux, des solitaires.
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Le film distille une atmosphère pleine de charme, où les éclaircies de poésie joyeuse alternent avec les moments de spleen et les épisodes dramatiques.
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Alors même que le ton se noircit et que se révèle la solitude des êtres, entraînant un constat amer, Naomi Kawase fait éclore une douce épure qui donne au film toute sa beauté et sa force.
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La réussite de AN doit également beaucoup à ses interprètes. Kirin Kiki, qui incarne aussi la grand-tante dans Notre petite sœur, dégage une poignante sensibilité.
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Kawase, en mode Top Chef, signe un joli mlo dans lequel une vieille dame sauve du désespoir un jeune pâtissier. Bon appétit.
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On peut regretter ce titre un peu trop doucereux et sucré pour un film qui n'est ni l'un ni l'autre.
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La concision est un art dans lequel Kawase a rarement excellé, mais cette fois-ci elle touche juste, comme portée par la simplicité de l’argument et le dénuement de mise en scène qu’il impose.
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Trop de poésie, trop de mots, trop de justification, alors que la cinéaste nippone sait si bien et magnifiquement encore filmer la nature, le soleil qui se diffracte à la surface de l’objectif. On aurait presque envie de nettoyer le film de ce qui nous empêche de profiter de ses moments les plus beaux, d’une émotion qui n’a pas besoin d’artifices.
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Si l’on se méfie, à raison, de la larmoyante tambouille mêlant cuisine et métaphysique, l’émulsion est arrangée de main de maître par Naomi Kawase.
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Mais s'il est souvent charmant, son mélo ne laisse aucune empreinte durable.
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Forte de son regard aiguisé et engagé, Kawase signe un joli conte philosophique, à la fois urbain et atemporel, moral et épicurien, mené avec l’aisance et la confiance d’un grand chef.
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On retiendra par ailleurs que contre la longueur habituelle de ses plans, le découpage beaucoup plus prononcé et le montage beaucoup plus rapide des Délices de Tokyo lui permettent d’acquérir une légèreté rarement perceptible jusqu’ici.
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Un film sans images car englué dans une imagerie : la bande-son fourmille de détails, la caméra tremblote, la lumière perce l’ombre des arbres, mais rien dans les choix de Kawase ne confère aux visions une quelconque singularité, ce supplément d’âme qui enflamme la rétine et marque la mémoire.