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En matière de films d'horreur aujourd'hui, tout est question de cannibalisme (et de digestion) : que faire une fois qu'on a bien dévoré tous les maîtres ? Coralie Fargeat, déjà réalisatrice d'un joli court de science-fiction transhumaniste (Reality+), a visiblement un métabolisme efficace. Revenge raconte donc comment Jennifer, maîtresse d'un riche homme d'affaires, se fait violer par l'un de ses amis pendant une partie de chasse au milieu du désert. Laissée pour morte, elle va exercer une vengeance sanglante. Le mot est à prendre au pied de la lettre : Revenge balance littéralement l'hémoglobine par hectolitres à l'écran. Et c'est réjouissant. Matilda Lutz est parfaite en bimbo naïve qui se transforme via sa mort et sa résurrection en Érinye armée d'un shotgun prête à faire voler des têtes.
Punk attitude
Petit frère punk et flingueur de Grave, Revenge tord l'espace, le temps et la logique ; et regorge de visions sensorielles, aussi surréalistes que gores (la séquence osée du tatouage du phénix, le climax sous peyotl) qui font rapidement digérer les quelques défauts du film (notamment Vincent Colombe, inattendu sosie de Cyril Hanouna). C'est le danger de l'exercice cannibale : mordre à pleines dents dans la viande d'une bonne série B musclée, en risquant de basculer à tout instant dans la série Z en s'enquillant toutes les lettres de l'alphabet au passage. Mais le risque est payant : Revenge trace à coups de fusil une piste aussi sanglante qu'appétissante. Taïaut !