-
Aurélie Saada a deux amours. La chanson bien sûr (en solo comme en duo avec Brigitte aux côtés de sa complice Sylvie Hoarau) mais aussi le cinéma. Membre du collectif Les Quiche (avec notamment Isabelle Vitari ou Benoît Pétré, le réalisateur de Thelma, Louise et Chantal), auteurs de Foon, elle avait laissé quelque peu de côté cette deuxième passion ces dernières années… jusqu’à ce Rose qui marque ses grands débuts dans la réalisation d’un long métrage. Rose, une septuagénaire qui, après la perte douloureuse de son mari, va se reconstruire en faisant fi des stéréotypes d’une société qui voudraient que retrouver l’amour – surtout dans des bras beaucoup plus jeunes qu’elle – lui soit interdit. Aurélie Saada filme ici la reconnexion d’une femme à ses propres désirs, la redécouverte à 78 ans passés de qui elle est vraiment avec une générosité et une gourmandise qui traversent l’écran. Aussi douée pour les scènes de groupe que dans les face à face intimes, aussi à l’aise sur le terrain de la comédie que dans cette capacité à susciter jamais une émotion jamais forcée, la cinéaste rayonne derrière la caméra et ce soleil irradie la bande de comédiens qu’elle a réunie : Aure Atika, Pascal Elbé, Gregory Montel et last but not least… Françoise Fabian. L’héroïne de Ma nuit chez Maud transcende ce personnage de Rose, incarne avec une finesse et une justesse inouïes sa métamorphose d’épouse un peu effacée qui a toujours sacrifié ses envies à celles de sa famille en femme libre osant enfin écrire son histoire à la première personne du singulier. Un premier film emballant.