Le 37ème Festival du cinéma américain de Deauville, se termine… Dernier jour avec une moitié d'Air et les fantômes de deux grands cinéastes.Le Grand Prix pour Tony Kaye ? Vendredi matin, projection de l’avant-dernier film en compétition, Detachment, de Tony Kaye. Un groupe de lycéens braillards nous cerne, paquets de bonbons et téléphones à la main. Le réalisateur d’American History X monte sur scène avec sa guitare. Il choisit de présenter son film en interprétant un air folk désespéré (refrain : « I just don’t care », je m’en fiche). La chanson et la longue barbe grise de Tony Kaye font pouffer nos ados.Detachment raconte l’histoire d’Henry (Adrien Brody), un professeur de littérature remplaçant, assigné dans un lycée difficile de la banlieue de New York. On suit le jeune enseignant désabusé, meurtri par ses blessures personnelles, mais aussi ses collègues, entre abnégation et désespoir, et deux adolescentes mal dans leur peau. Adrien Brody est magistral. Les seconds rôles de profs tous bouleversants (Lucy Liu, Christina Hendricks, James Caan, Marcia Gay Harden…). Une poésie incroyable se dégage de la mise en scène, notamment grâce aux petits dessins à la craie qui parsèment le film. Autour de nous, les ados se taisent.Au moment du générique, la salle entière se lève. Des dizaines de spectateurs quittent leur fauteuil pour aller dresser une haie d’honneur autour du réalisateur. La standing ovation dure près de 10 minutes.Brian De Palma incognitoUn peu plus tard, à l’hôtel Normandy, Nicolas Godin (Air), membre du jury, nous parle de son regard de musicien sur le cinéma. C’est un grand fan de la saga Star Wars. Dans les couloirs du palace, on tombe sur Brian De Palma, en baskets, venu au festival incognito.Naomi Watts, fan de Charlotte Gainsbourg et Vincent CasselJuste le temps de voir le déconcertant Another Earth, de Mike Cahill (deux inconnus voient leurs destins se lier dans des circonstances tragiques, alors qu’une seconde Terre est découverte), et l’on assiste à la conférence de presse de Naomi Watts. Le festival rend hommage ce soir à la sublime actrice blonde. C’est l’occasion de découvrir certains petits secrets de la star.- Elle rêve de tourner avec les réalisateurs Paul Thomas Anderson et Wes Anderson (« et pas seulement parce qu’ils ont le même nom »), et les actrices Cate Blanchett ou Meryl Streep.- Elle travaille actuellement sur deux films avec deux réalisateurs français (on n’en saura pas plus).- C’est une grande fan de Vincent Cassel (avec qui elle a joué dans Les promesses de l’ombre, de David Cronenberg).- Les œuvres qu’elle préfère dans sa filmographie ? Mulholland Drive, de David Lynch (qui l’a révélée) et 21 Grammes, d’Alejandro Gonzalez Inarritu.- Naomi Watts est aussi une grande timide. Elle vient de tourner pour Clint Eastwood, dans J. Edgar (le biopic de Hoover), et a hésité pendant plus de deux semaines avant d’oser lui demander de rejouer une scène dont elle n’était pas satisfaite.Un ange sur le tapis rougeOn file se changer pour le tapis rouge du soir. Sous un ciel de plomb, on voit passer les membres des jurys, en tenue de soirée (Elisa Sednaoui ensorcèle les photographes). Mais aussi les équipes de nombreux films en compétition : On the Ice, Yelling to the Sky, Jess + Moss, Terri, Another EarthVirginie Efira, sublime en col claudine, mini jupe et escarpins canons à paillettes, nous confie qu’elle a très envie de voir Drive ce week-end. Puis débarque Abel Ferrara, dont le film 4 :44 Last Day on Earth (encore une histoire de fin du monde) est projeté en deuxième partie de soirée. Le réalisateur est « fatigué » et ne s’attarde pas devant les caméras. Enfin, un ange apparaît : Naomi Watts descend de voiture. Elle irradie dans sa robe drapée rose poudré. Après quelques autographes, elle prend le temps de venir répondre aux questions de quelques journalistes (dont nous !), ce qui n’était pas prévu. Les mains moites, le cœur battant, nous lui tendons le micro (voir la vidéo).Abel Ferrara reste sageCe soir encore, le CID est comble. Abel Ferrara monte sur scène pour remettre à Naomi Watts son trophée. « Oh non, pas ce vieux débris », balance notre voisine. Mais, charmé par l’actrice, le sulfureux réalisateur reste sage. On découvre ensuite Crazy, Stupid, Love, de John Requa et Glenn Ficarra (sortie le 14 septembre). Une comédie poilante avec Steve Carell en père de famille quitté par sa femme (Julianne Moore), et Ryan Gosling qui joue les tombeurs. Ryan montre ses abdos et se prend pour Patrick Swayze dans Dirty Dancing. On soupire, émues. Après le film, direction une villa luxueuse où se tient une soirée. On croise Victoria Mahoney, réalisatrice de Yelling to the Sky, qui se déhanche sur le dancefloor avec Andrew O. MacLeane (On the Ice).Caroline BesseJulie Coste