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On n'en a pas fini avec le dernier Tarantino. Attention, SPOILERS !

1. Tarantino n'a quasiment rien changé au script qui a fuité
Le réalisateur culte en a fait toute une saga à coup de communiqués de presse et déclarations internet. Le script original ayant fuité sur la toile en janvier 2014, Tarantino abandonne le film, avant de se raviser, après une lecture en public le 19 avril 2014, avec la participation des acteurs Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Amber Tamblyn, James Parks, Walton Goggins, Zoë Bell, James Remar, Dana Gourrier, Bruce Dern, Tim Roth et Michael Madsen. Tarantino annonce alors qu'il va reprendre le scénario et rédiger deux versions différentes avant le tournage. Mais plutôt que de reconsidérer le script en entier jusque dans sa structure, Tarantino s'est contenté de le réviser, y apportant de menus changements (le personnage joué par Samuel Jackson, mort en cours de film à l'origine, survit désormais jusqu'à la fin). Particulièrement, l'un des éléments les plus improbables (tuer le personnage principal joué par Kurt Russell, en plein milieu du film), demeure inchangé. C'est un peu comme si Snake Plissken ou John MacReady mourraient au milieu de New York 1997 ou The Thing. Mais c'est du Tarantino tout craché.

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2. Le format est emprunté aux vieilles séries TV
C'était un standard dans les années 60 ou 70, quand une saison de série TV arrivait à cours de budget et avait besoin d'être remise financièrement sur les rails, les producteurs ordonnaient un "bottle show", ou épisode réalisé en quelques jours se déroulant presque entièrement dans un décor unique, afin de faire des économies, pouvant être redirigées dans les épisodes suivants. A partir de cet impératif économique, les scénaristes redoublaient de virtuosité et d'inventivité, donnant lieu à des épisodes parfois mémorables, alors qu'ils étaient à la base conçus comme "pauvres". C'est à ce phénomène industriel que Les Huit Salopards rend hommage, avec la grande différence que Tarantino a eu tout le temps, sur son décor studio unique, de peaufiner chaque performance et chaque plan, ce que les séries TV cultes, réalisées dans l'urgence, ne pouvaient pas se permettre.

3. Kurt Russell joue son rôle même dans les scènes où il est mort
On pourrait croire qu'une fois flingué en plein milieu du film, Kurt Russell a été remplacé par une doublure ou un mannequin pour toutes les scènes où il est attaché à Jennifer Jason Leigh. Hors il n'en est rien. "J'ai passé quatre mois et demi enchainé à Jennifer" explique Russell. "Ca m'aurait fait trop bizarre de ne pas être là pour de vrai à côté d'elle. Pour Jennifer, c'était quand même mieux de m'avoir en vrai, si elle avait besoin de me trainer au sol, ce n'aurait pas été pareil si cela avait été un mannequin. C'est pourquoi j'ai insisté pour être présent. Et puis à part ça, c'était comme si j'avais décoché la meilleure place dans le cinéma : j'étais au premier rang pour voir ce casting démentiel jouer, et je n'avais même pas besoin d'apprendre des répliques !"

4. Seul Samuel Jackson peut faire des suggestions à Tarantino pour modifier les dialogues
Tarantino a toujours été un réalisateur rock star, et ce dès Reservoir Dogs. Mais avec le succès, il est devenu presque impossible à quiconque de discuter de ses choix artistiques, ou modifier ses dialogues. Sauf pour Samuel Jackson, qui peut à sa guise s'approprier les mots qui lui conviennent, et changer ceux qu'il estime ne pas aller. "Je ne change pas grand-chose en fait" estime Jackson. "Si je veux dire autre chose que ce qui est écrit, j'en discute avec lui. Il me dit alors "Laisse-moi entendre comment ça fonctionne comme je l'ai écrit", et je lui joue la scène comme sur la page. Puis il me dit "très bien maintenant, joue comme tu l'entends" et je lui refais la scène, mais comme j'en ai envie. Je mets le dialogue en bouche, parce que je pense que le personnage le dirait plutôt de cette manière. Il va alors me dire "très bien, on fait comme tu veux", ou bien "non, je préfère comme je l'ai écrit". Ca se passe habituellement comme ça". Pas étonnant donc que ces performances chez Tarantino soient à chaque fois mémorables

Sam Jackson dans Les Huit Salopards
SND

5. Les Huit Salopards a un point commun avec Fast & Furious
Pour ceux qui ne s'en seraient pas aperçu, le cinéma de Tarantino a changé depuis Django. Depuis Reservoir Dogs, les films de Tarantino étaient tous montés par Sally Menke, décédée en 2010. C'est son assistant Fred Raskin, monteur entre autre de Fast & Furious : Tokyo Drift et Fast & Furious 5, mais aussi des Gardiens de la Galaxie qui la remplace désormais. On est donc passé dans le cinéma de Tarantino d'un point de vue féminin sur son matériel, à un point de vue exclusivement masculin, et qui plus est de blockbuster hollywoodien. La raison pour laquelle les entrées de ces derniers films semblent de plus en plus exploser au box-office ?

6. Le montage est différent selon la version du film que vous voyez
Si vous allez voir Les Huit Salopards en 70mm avec prologue et entracte, il ne s'agit pas des uniques différences avec la version DCP standard. "La version 70mm est l'intégrale" explique Tarantino. "Vous avez payé votre ticket, vous avez droit à la totale. J'ai donc laissé des plans durer plus longtemps dans celle-ci, par rapport à la version cinéma numérique, qui est un peu plus hachée et moins contemplative. Disons que cette dernière est pour les spectateurs habitués à voir des films à la maison, qui sont peut-être un peu moins patients que les autres". La différence serait de 6 minutes, et porte sur plusieurs scènes, parmi lesquelles celle du déplumage du poulet.

7. Les Huit Salopards est le milieu d'une trilogie
"Il faut avoir réalisé 3 westerns pour être qualifié de réalisateur de westerns" explique Tarantino. Après Django, Les Huit Salopards est donc conçu comme le milieu d'une trilogie. Ce qui laisse espérer un western supplémentaire sur les deux films (en théorie) restant à Tarantino avant qu'il arrête le cinéma, selon ce qu'il nous a déclaré.

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8. Le film s'inspire d'un euro western gore oublié
Influencé, tout comme Les Huit Salopards, par Le Grand Silence de Sergio Corbucci, Cut-Throats Nine alias Condenados a vivir est un western espagnol ultra gore, réalisé en 1972 par Joaquin Romero Marchent, et quasi-invisible depuis, contant l'histoire d'un groupe de hors-la-loi enchainés voyageant en diligence. Attaqués par des bandits, seuls un sergent, sa fille, et 7 prisonniers survivent. Le sergent doit défendre sa fille, escorter les prisonniers à destination et les protéger contre d'autres pillards, tout en cherchant à découvrir lequel d'entre eux est responsable du viol de sa femme. Ultra-violent, censuré en VHS, très difficile à trouver (seul existe un DVD américain en version intégrale, mais avec doublage anglais, sans la version originale espagnole donc, et sans sous-titres), Cut-Throats Nine est l'œuvre matricielle sur laquelle Les Huit Salopards se cale, jusque dans ses excès les plus gore. A découvrir.


Les Huit Salopards est toujours dans les salles