Barry Jenkins répond aux critiques après la sortie du trailer de Mufasa
ABACA / Disney

"Sur quelle planète, moi, 'Monsieur Moonlight', je prépare un préquel du Roi Lion ?"

Vous avez été étonné que le réalisateur de Moonlight et de Si Beale Street pouvait parler s'attaque à un blockbuster des studios Disney ? Barry Jenkins a bien conscience d'avoir surpris tout le monde en acceptant de mettre en scène Mufasa, le préquel du Roi Lion (2019) de John Favreau, remake en animation numérique du dessin animé culte de Roger Allers et Rob Minkoff, sorti en 1994 au cinéma. Interviewé par Vulture sur ce nouveau projet, il révèle les raisons qui l'ont poussé à accepter cette offre. Il dit aussi que maintenant que ce nouveau Roi Lion est bouclé, il n'a qu'une envie : revenir au cinéma indépendant qui l'a fait connaître. Voici quelques extraits de son entretien.

Barry Jenkins répond aux critiques après la sortie du trailer de Mufasa

"Je sais ce que tout le monde pense, commence le cinéaste. Sur quelle planète, moi, 'Monsieur Moonlight', je prépare un préquel du Roi Lion ? Je ne peux pas tweeter sur le Super Bowl sans que quelqu'un me rappelle que je suis en train de faire ce putain de film . Je ne peux pas... Vous savez, quand j'ai pris ce poste, l'idée était de se demander : 'Qu'est-ce que Barry Jenkins connaît aux effets visuels ?' 'Pourquoi diable ferait-il ce film ?' C'est en partie ce que j'ai trouvé stimulant au départ. Les gens font de ces choses, maintenant, uniquement par ordinateur. N'importe qui devrait donc pouvoir le faire, n'est-ce pas ? Il n'y a rien de physique qui dise que je suis incapable de faire ça."

Quelques lignes plus loin, Jenkins reconnaît cependant que ses 147 jours de tournage de Mufasa sans décors physiques, avec une mise en scène uniquement numérique, fut une expérience... qui ne lui pas tant plu que ça.

"Ce n'est pas mon truc, avoue-t-il. Non, ce n'est pas pour moi.. J'aimerais retravailler dans l'autre sens, c'est-à-dire que je veux que tout soit physiquement sur place. Je crois toujours que ce qui est là est suffisant, et je me demande quelle est la bonne recette qui permette de créer cette alchimie. Comment ces personnes, cette lumière, cet environnement peuvent-ils s'unir pour faire en sorte qu'un image soit émouvante, belle ? Comment créer un texte assez profond, assez dense, assez riche pour parler aux spectateurs ?"

Sa productrice Adele Romanski laisse entendre qu'une fois Mufasa sorti, Jenkins enchaînera avec un film indépendant dont il a le secret, sans doute un biopic d'Alvin Ailey, un chorégraphe américain talentueux.

"Ce ne sera pas un film à 250 millions de dollars, ok ?, confirme le réalisateur. Nous allons donc devoir revenir à un ensemble d'outils beaucoup plus limité."

Mufasa : Le Roi Lion
Disney

Vulture partage enfin une anecdote éclairante à propos de Mufasa, détaillant comment "Jenkins a opté pour de nombreuses prises de vue longues et ininterrompues pour ce film, des plans qui flottent gracieusement autour des personnages, évoquant non pas la grammaire visuelle typique des dessins animés de Disney, mais des techniques perfectionnées par des maîtres du cinéma dit 'lent' comme Béla Tarr, Jia Zhangke et Gus Van Sant."

La source poursuit en expliquant que "Jenkins a reçu une note de la société mère s'inquiétant du fait que l'une des longues prises était un peu 'lente', mais rien n'indique qu'il n'ait été obligé de changer la séquence en question." Barry ne détaille pas non plus sa collaboration avec le studio, concluant seulement sur le fait qu'il a "essayé de tourner ces scènes en un minimum de plans, même si nous n'étions pas obligés de penser de cette manière."

Mufasa sortira le 18 décembre au cinéma. Voici sa bande-annonce :