Affiches Films à l'affiche semaine du 27 novembre 2024
The Walt Disney Company France/ Le Pacte/ Diaphana

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
VAIANA 2 ★★☆☆☆

De David G. Derrick Jr., Jason Hand et Dana Ledoux Miller

L’essentiel

Huit ans plus tard, l'aventurière du Pacifique est toujours aussi curieuse et attachante. Malheureusement, son nouveau récit manque de tenue et d'originalité pour convaincre pleinement.

En 2016, avec Vaiana, Disney renouait avec sa propre tradition des grandes comédies musicales animées comme La Petite sirène, tout en la modernisant par sa nouvelle culture (les traditions de la Polynésie) et son refus de suivre une princesse classique. Pour cette suite, l'idée générale reste la même : Vaiana va vivre une nouvelle aventure sur les mers, sans aucune considération romantique, avec l'aide de Maui. Sauf que ses créateurs ont changé, et que Vaiana 2 ayant d'abord été pensé comme une série et non un film de cinéma, on sent les coupes. Cette suite possède certes des qualités indéniables : le duo fonctionne, la beauté des océans et des créatures marines est bien là, les chansons sont dynamiques et l'on ne s'ennuie pas un instant. Ce qui est déjà beaucoup pour une suite de Disney qui a longtemps produit des DTV bas de gamme pour surfer sur le succès de ses classiques animés. Le problème reste cependant qu'à force de vouloir repartir sur les mêmes bases, les bons moments de Vaiana 2 ont souvent été déjà faits, en mieux, dans le film original et/ou dans Encanto, Pour vivre une nouvelle grande aventure de Vaiana, il faudra visiblement patienter jusqu'au n°3.

Elodie Bardinet

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

RABIA ★★★★☆

De Mareike Engelhardt

Ce premier long nous entraîne dans les pas de Jessica, une Française de 19 ans qui part avec une de ses amies pour la Syrie rejoindre Daesh. Un récit d’une heure trente sans temps mort, à l’os, inspiré de faits hélas tragiquement réels. Et pour raconter cette radicalisation qui paraît si irrationnelle, la cinéaste a choisi un angle singulier. Le quotidien d’une maison… de futur épouses de combattants dirigée d’une main de fer par Madame, qui choisit quelle fille sera offerte à quel terroriste. Une sorte de Madame Claude locale (Lubna Azabal, magistrale) qui va mettre Jessica sous sa coupe. La grande et forte idée de Rabia est de faire de récit un huis clos pour traduire en images le piège façon prison tout sauf dorée qui se referme sur ces jeunes femmes aveuglées, venues chercher en Syrie un espace de liberté qui semblait leur faire défaut en France. Un film implacable de maîtrise qui met de la complexité là où le simplisme est si souvent de mise et dans lequel où Megan Northam livre la plus impressionnante composition de sa jeune carrière.

Thierry Cheze

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LES REINES DU DRAME ★★★★☆

De Alexis Langlois

Si John Waters et Britney Spears avaient un enfant, il s'appellerait Alexis Langlois. Présenté pendant la Semaine de la critique, son premier long laisse présager ce que pourrait être le cinéma français de demain. Hors-norme, mais pas snob, car la culture pop, Les Reines du drame en raffole, elle la digère et la ressuscite. Tout commence à l’audition d’un concours de chant télévisé, ersatz de La Nouvelle Star, quand la douce Mimi Madamour croise la route de Billie Kohler. Cette dernière ne jure que par la muscu et le punk alors que Mimi est en passe de devenir la nouvelle Lorie. Étoiles filantes du star-system, elles vivront une incandescente histoire d’amour sur plusieurs décennies, narrée par le blogueur Steevyshady. La collision entre leurs deux mondes, efficacement mis en musique par Yelle et Rebeka Warrior, n’est qu’illusoire, Les Reines du drame étant, avant tout, un geste fédérateur entre le mainstream et l’underground, qui incite starlettes et révolutionnaires à s’unir contre la dictature du Bon Goût, le patriarcat, et ceux qui voudraient effacer les identités marginales. On en ressort des strass plein les yeux.

Léon Cattan

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PREMIÈRE A AIME

HERETIC ★★★☆☆

De Scott Beck et Bryan Woods

Scénaristes du triomphal Sans un bruit, Scott Beck et Bryan Woods ont dû potasser leur sujet pour que ce thriller horrifique mâtiné de huis-clos psychologique contienne tout un versant cérébral et réflexif qui lui confère son originalité. Suivant deux jeunes femmes missionnaires de l’église mormone qui se présentent un soir dans une maison du Colorado pour tenter d’en convertir les habitants, le film prend un malin plaisir à faire de l’hôte de la demeure, M. Reed, un être mystérieux, érudit et potentiellement dangereux. En choisissant le séduisant Hugh Grant pour incarner ce personnage à l’effrayante duplicité, les cinéastes témoignent de leur foi dans les pouvoirs du casting et du contre-emploi. Et ils signent un thriller tendu où le trio que forment Grant, Sophie Thatcher et Chloe East offre une dimension sensorielle et charnelle à ce qui aurait pu n’être qu’un concept d’horreur désincarné.

Damien Leblanc

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EN FANFARE ★★★☆☆

De Emmanuel Courcol

Avec En fanfare, Emmanuel Courcol (Le Triomphe) confirme son aisance dans l’art du feel good movie émouvant mais jamais mièvre car toujours surprenant dans la conduite de son récit et l’écriture de personnages aux multiples facettes. On suit ici Thibaut, chef d’orchestre réputé qui, alors qu’il a besoin d’une greffe osseuse urgente d’un membre de sa famille pour guérir d’une leucémie, découvre tout à la fois qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy dont il a été séparé la naissance. Un employé de cantine scolaire qui joue du trombone dans la fanfare de son village du nord de la France. En fanfare joue donc sur le choc des contraires, sur la manière dont chacun des deux frères aura tour à tour l’occasion de sauver l’autre. On pense évidemment aux Virtuoses et à tout ce pan du cinéma social britannique. Mais Courcol s’inscrit aussi et surtout dans le paysage sociétal français, celui de ce Nord payant toujours les conséquences d’une désindustrialisation à marche forcée. Et de la même manière qu’il faisait briller Kad Merad dans Un triomphe, le duo Benjamin Lavernhe- Pierre Lottin, parfaitement au diapason, crève ici l’écran.

Thierry Cheze

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ANIMALE ★★★☆☆

De Emma Benestan

Nejma navigue le milieu très masculin de la course camarguaise. Un soir de fête avec ses potes, après avoir hurlé des chants paillards et s’être ingurgitée une bouteille de vodka, c’est le black-out. Son corps meurtri au réveil l’amène à se questionner sur ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Un twist qui n’en est pas vraiment un, puisque la nature sexuelle du traumatisme se devine rapidement. Choix périlleux que de s’emparer du rape and revenge pour toucher du doigt le politique, mais Emma Benestan (Fragile) s’en sort en décalant le curseur loin des habituelles représailles sexy et expéditives. Surgit alors au milieu des taureaux une bête plus féroce encore, la femme vengeresse, dont le corps subit une métamorphose animale titanesque à mesure que le traumatisme se révèle à elle. Ce qui élève le film en un western fantasmagorique dont l’atout majeur réside dans la construction d’une atmosphère irriguée du folklore camarguais. Et Oulaya Amamra au milieu de tout ça, monstrueuse de talent.

Lucie Chiquer

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LENI RIEFENSTAHL, LA LUMIERE ET LES OMBRES ★★★☆☆

De Andres Veiel

Leni Riefenstahl, cinéaste visionnaire, a mis son art au service de la propagande nazie vantant la beauté des corps dans des films dont les titres suffisent à mesurer la portée suprématiste : Le triomphe de la volonté (1935), Les dieux du stade, la fête des peuples (1938). Ce documentaire à charge, porté par un travail d’archives impressionnant, nous montre comment la cinéaste a essayé tout au long de sa longue vie (101 ans) d’affirmer qu’elle ne voyait dans ses fonctions « que du travail et rien d’autre ». Des archives la montrent pourtant main dans la main avec Hitler et Goebbels dont on apprend qu’il aurait tenté d’abuser d’elle. Et puis survient en bout de course ces images hallucinantes d’une Leni Riefenstahl au Soudan dirigeant sans ménagement des membres du peuple Noubas affirmant après coup : « Je me contentais de les observer de loin au téléobjectif ! » Leni Riefenstahl est restée maîtresse de son paradis jusqu’au bout.

Thomas Baurez

NELLY & NADINE ★★★☆☆

De Magnus Gertten

Face aux images de l'arrivée en 1945 en Suède d'anciennes détenues de camps de concentration, le regard de Magnus Gertten s’arrête sur un visage plus énigmatique que les autres. Elle s’appelle Nadine et ses yeux impénétrables abritent un secret : emmurée à Ravensbrück, son cœur a chaviré pour une autre captive, Nelly. L’enquête passionnante du documentariste pour remonter leur trace l’amène à une ferme du nord de la France où vit Sylvie, petite-fille de Nelly et détentrice d’archives, seules traces de cet amour lesbien réduit au silence. Dans un effort de le démuseler sans jamais s’immiscer dans une intimité qui ne lui appartient pas, le réalisateur accompagne Sylvie alors qu’elle lève progressivement le voile sur les secrets de sa grand-mère. Un geste noble porté par une grande pudeur.  

Lucie Chiquer

LA BELLA ESTATE ★★★☆☆

De Laura Luchetti

Adapté du roman de Cesare Pavese Le Bel Été (publié en 1949), ce film historique prend place dans le Turin de 1938 où la dénommée Ginia commence un emploi de couturière après avoir quitté le foyer familial. Si le climat politique fasciste se fait lointainement sentir en arrière-plan, le principe du récit est précisément de montrer comment une émancipation féminine se fait jour dans un univers résolument masculin qui s’apprête à sombrer dans la tragédie. En insistant sur l’opposition entre le luxe des villes et la frugalité de la campagne et en esquissant une romance lesbienne, la mise en scène se fait plus universelle et atemporelle que tournée vers le passé. Et la modernité du regard posé sur les personnages et le casting - où apparaît notamment Deva Cassel, fille de Vincent Cassel et Monica Bellucci, dans le rôle d’une jeune femme modèle pour artistes – emporte au final l’adhésion.

Damien Leblanc

A HOLY FAMILY ★★★☆☆

De Elvis A- Liang Lu

Quel regard porter sur les lieux qui nous ont vus grandir ? Elvis Lu se pose cette question et décide de filmer le quotidien de sa famille dans la campagne taïwanaise après 20 ans d’absence. A Holy Family est plus qu’un voyage au cœur de la vie de paysans, c’est un regard sur la superstition qui les anime. Entre un frère médium et un père dont l’addiction aux jeux d’argent empoisonne tout l’entourage, la caméra capte les absurdités d’une famille cernée par ses croyances au milieu de paysages lumineux.

Bastien Assié

KRISHNAMURTI, LA REVOLUTION DU SILENCE ★★★☆☆

De Françoise Feraton

À l’orée du 20e siècle émerge un Inde une figure spirituelle d’un nouveau genre : Krishnamurti, un jeune anonyme convaincu que les changements du monde passent par des changements individuels. Rapidement considéré comme un génie — certaines de ses prises de parole ont des airs de cérémonie religieuse —, il deviendra une importante figure de la contre-culture des années 60. Avec ce beau documentaire, Françoise Ferraton donne aux songes du penseur la forme d’une poétique méditation, où chaque mot est toujours étroitement lié à la nature.

Emma Poesy

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

GRAND TOUR ★★☆☆☆

De Miguel Gomes

1918 à Londres un homme et une femme sont sur le point de se marier. Malheureusement le futur époux, fonctionnaire de l'empire britannique en Birmanie, a pris la tangente laissant sa promise sur le carreau. Ce Grand Tour est double. Un premier voyage, avec le personnage masculin. Un second, avec le féminin. Les endroits sont donc habités et retraversés deux fois. Belle idée narrative qui s’incarne concrètement dans le récit mais ne produit malheureusement pas grand-chose sur la carte du tendre. Les deux personnages sans réel consistance, épuisés d’eux-mêmes empêchent de s’intéresser à leurs tourments. La singularité du cinéma de Gomes récompensé d’un prix de la mise en scène cannois, apparaît dès lors un poil fabriqué, d’une ironie factice. Sur le territoire du « film-rêve » (un genre en soi) on préférera les virées fiévreuses et mystiques d’un Lav Diaz ou la poésie iconoclaste d’Albert Serra

Thomas Baurez

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

CA ARRIVE ★☆☆☆☆

De Sabrina Nouchi

Les jours se suivent et se ressemblent. Du moins, c’est le cas d’un petit commissariat de Marseille où se succèdent les témoignages d’agressions sexuelles : chaque jour, trois flics reçoivent plaignants et défendeurs au rythme des cris, des insultes, et des pleurs. Une routine morose aux airs de Polisse, si ce n’est que les personnages se révèlent bien plus antipathiques que ceux de Maïwenn. Entre la policière détachée, la nouvelle recrue qui s’évertue à faire le mariole, et le supérieur nerveux, tous sont d’une extrême banalité et s’épuisent à essayer de nous convaincre de leur pertinence. Peu à peu, cette farandole de stéréotypes disparaît et nous laisse entrevoir des comédiens qui en bavent, otages d’un long huis clos qui raconte ce que tout le monde sait déjà : les dépôts de plainte, en plus de concerner tout le monde, ne sont pas une partie de plaisir. Mais encore ? 

Lucie Chiquer

 

Et aussi

Architecton, de Victor Kossakovsky

Les Boules de Noël, de Alexandra Leclère

Le Grand noël des animaux, programme de courts métrages

Les Reprises

Malcolm X, de Spike Lee

Tempête à Washington, de Otto Preminger

Le Terroriste, de Gianfranco de Bosio