Julie Delpy - La comtesse
Bac Films

En 2010, Ethan Hawke interviewait Julie Delpy dans Première. Flashback, à l'occasion de la rediffusion de ce super film sur Arte.

La Comtesse, de Julie Delpy, retrace l’histoire supposée vraie de la comtesse Elizabeth Bathory. A la quête de la jeunesse à tout prix, elle va dans tout son royaume chercher la solution miracle. Parfois, celle-ci se trouve dans les endroits les plus incongrus : le sang des jeunes vierges...

A sa sortie, le film avait suscité l’enthousiasme de Première, qui avait mis 3 étoiles à la Comtesse tout en saluant les multiples talents de Delpy, à la fois scénaristes, réalisatrice et actrice principale de son oeuvre. Quelques pages après la critique, le n°398  d'avril 2010 (avec Matt Damon en couverture) proposait une interview originale, puisque c'est Ethan Hawke, son partenaire dans la trilogie des Before, de Richard Linklater, qui posait des questions à son amie de longue date. Voici quelques extraits de cette "conversation intime entre deux touche-à-tout inspirés", comme l'écrivait Mathieu Carratier, qui a recueilli leurs propos.

La Comtesse : Julie Delpy tient haut la main le rôle-titre de ce biopic historique [critique]

ETHAN : Des gens comme Orson Welles, Warren Beatty ou Woody Allen écrivent, dirigent et jouent dans leurs films, qui sont souvent formidables. Le narcissisme de certains artistes est tellement puissant qu’ils en tirent parfois de grandes œuvres. Pourtant, je ne te vois pas comme quelqu’un de particulièrement narcissique.
JULIE : On m’en parle souvent mais, comme tu le dis, je ne pense pas l’être.

ETHAN : Tu es folle, mais tu n’es pas narcissique !
JULIE : (Rire.) Je ne me regarde jamais dans le miroir, je ne suis pas vaniteuse. Je ne crois pas être obsédée par moi-même.

ETHAN : Qu’est-ce que ça fait de monter sa propre performance ? Tu avais un bon monteur ?
JULIE : Je n’en avais pas sur 2 Days in Paris, mais j’en ai eu un très bon pour La Comtesse. Je me déconnecte de moi-même, en quelque sorte. La réalisatrice et l’actrice deviennent deux personnes différentes. C’est complètement schizophrénique.

ETHAN : Penses-tu être apte à te juger ?
JULIE : Oui. Je sais que ma prestation dans La Comtesse est correcte sans être extraordinaire... Mais c’était ce que je recherchais. Je voulais qu’elle soit simple, pas l’une de ces grandes performances extravagantes. Je souhaitais éviter l’excès. Je me suis rendu compte que je privilégiais le film plutôt que mon personnage. Et puis j’avais une actrice fantastique à mes côtés, Anamaria Marinca, qui jouait dans 4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours.

ETHAN : C’est probablement le meilleur film de ces dernières années...
JULIE : Même si elle a moins de scènes à l’écran que moi, compte tenu de l’histoire, j’ai réalisé que je passais plus de temps au montage à soigner sa prestation que la mienne.

ETHAN : Tu étais à 100 % faite pour le rôle, il était donc naturel que tu décides de l’interpréter. Mais j’imagine que tu aurais certainement pris plus de plaisir à réaliser le film si tu n’avais pas joué dedans.
JULIE : C’est vrai. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai trouvé le financement parce que j’allais jouer le rôle principal. Ça peut être si difficile d’avoir une actrice pour un film, un nom qui pourra te débloquer le budget... Le même cas de figure s’était présenté avec 2 Days in Paris mais, pour le coup, je pense que confier le rôle à quelqu’un d’autre aurait été une erreur.


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