Curieuse expérience que ce remake, plan pour plan, mot pour mot. Une copie réussie, mais une copie quand même.
Plus qu'une adaptation, une traduction ! Canal + a décidé de refaire en France l'excellente Fleabag, la comédie dramatique britannique qui révéla Phoebe Weller-Bridge. Et le résultat est plus que surprenant. Faisant résonner comme jamais le mot "remake", cette reproduction française jusqu'au-boutiste est une photocopie de l'originale. Un copier / coller, plan pour plan, réplique sur réplique, regard après regard.
Non, Mouche n'est pas une interprétation de Fleabag, ni une version tricolore made in Canal +. Mouche, c'est Fleabag. A Paris, avec des acteurs différents, des prénoms différents et dans la langue de Molière, mais sinon, c'est exactement la même chose, à la virgule près. Une drôle d'approche, que la réalisatrice Jeanne Herry - à qui la chaîne cryptée a confié le remake - justifie ainsi chez nos confrères de Télérama : " Ma hantise était de dégrader une telle partition. Pourquoi réécrire une histoire si forte ou modifier des personnages si bien dessinés ? Même si les choix esthétiques de l’original étaient excellents, j’ai abordé cette série en metteuse en scène, comme au théâtre. C’est un travail de l’ombre, mais un travail d’auteur quand même, où il faut trouver les bonnes correspondances avec notre culture".
Du coup, le défi a essentiellement été de faire sonner en Français, quelque chose qui sonnait déjà parfaitement bien en Anglais. Et de ce point de vue, il n'y a pas à dire, Mouche est une réussite. La mise en scène est soignée et l'adaptation du texte est très efficace. Elle offrirait même par moment une perception différente du script original. Quelque chose de plus froid, de moins loufoque, presque plus réaliste. D'autant que Camille Cottin est le choix idéal pour prendre la place de Phoebe Weller-Bridge. La star de Dix pour Cent jouit d'un charisme naturel, qui lui permet de faire son truc à elle. Son portrait de la trentenaire parisienne paumée et accro au sexe est moins tendre, mais plus mordante, moins touchante, mais plus cruelle. Indéniablement, ce ne sont pas tout à fait les mêmes. Tout comme la Marraine (campée par Anne Dorval au lieu d'Oliva Colman), qui devient ici plus terrifiante que gênante. Des évolutions minimes, à dose homéopathique, mais pas inintéressantes.
Pour le reste, impossible d'oublier l'originale. Evidemment, on préférera Fleabag à sa copie. Parce qu'après tout, à quoi bon allez voir une adaptation de Shakespeare en France, quand Shakespeare continue d'oeuvrer à Londres ?
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