Première
par Vanina Arrighi de Casanova
C’est le petit thriller qui a tout raflé aux Goya (à la barbe de J.A. Bayona), premier film du comédien Raul Arévalo, l’histoire simple d’une vengeance. Malgré une durée resserrée, Arévalo prend son temps pour entrer vraiment dans le vif du sujet et entretient longtemps le mystère sur son personnage principal et ses motivations. Une exposition qui absorbe la première moitié du film, au cours de laquelle José (Antonio de la Torre), l’homme patient (mais en colère), reste planté là, absent à lui-même et au monde qui l’entoure, absent même au début de la relation qu’il noue avec Ana (Ruth Diaz) dont le charme et les failles n’arriveront pas à bout de cette étrange impassibilité. Et puis le récit s’emballe, des flashbacks font craquer le vernis impénétrable de José qui passe enfin à l’action, et accomplit la vengeance qui l’a rongé pendant huit ans. Avec un certain style et des choix forts de mise en scène - le film est tourné en 16mm, format qui donne un aspect granuleux cradingue à l’image -, le cinéaste débutant signe un thriller épuré qui interroge les ravages de la souffrance chez un homme ordinaire.