-
Au début des années 2010 – soit des années avant sa dissolution officielle en 2018 – des terroristes de l’ETA avaient demandé de rencontrer les familles de victimes des attentats meurtriers qu’ils avaient pu commettre. Iciar Bolain (Le Mariage de Rosa) porte ici à l’écran une de ces histoires de repentir, celle de Maixabel Lasa, l’une des onze personnes qui avaient accepté le principe de cette discussion et s’était donc confrontée à l’assassin de son mari, l’ex- préfet et homme politique Juan Maria Lauregui. Enorme succès sur le sol espagnol, ce film trouve le ton juste pour traiter de cette délicate question du pardon et de la possibilité d’une réconciliation d’une société où le sang a coulé et coule encore. Une mise en scène discrète, un récit qui prend le temps de creuser les interrogations puis les incompréhensions que ce geste de pardon et son acceptation fait naître tant chez les proches de Maixabel Lasa – qui trouvent que cette main tendue arrive bien trop tôt – que chez les anciens camarades du terroriste – qui voient dans le regret de ses actes une trahison à la cause. Nulle course à l’épate, nulle trace de sensationnalisme, à l’image des compositions tout en retenue de ses deux remarquables interprètes principaux Blanca Portillo et Luis Tosar. Rien ne vient perturber ou plutôt tout vient nourrir la mécanique parfaitement huilée d’un récit qui conduit à un poignant monologue final sur la souffrance de l’après qui n’empêche pas la main tendue. Un plaidoyer humaniste assumé qui ne verse pour autant jamais dans des raccourcis simplistes.