On est Vivants (Documentaire)

Que reste-t-il des idéaux de Mai 68? De cette volonté de changer le monde? De l’engagement contre l’injustice, la confiscation des biens publics, le déni des libertés? Toutes ces questions, dont l’aspect théorique peut refroidir, la documentariste les aborde frontalement. Mais elle confère une telle étoffe humaine et parfois une telle puissance de cinéma aux réponses qu’elle recueille aux quatre coins du monde (zapatistes mexicains, sans-terre brésiliens, guerriers de l’eau boliviens, syndicalistes de Saint-Nazaire) que les idées prennent corps, que les actes déterminent des destins et que les mots deviennent des armes de sédition massive. Irrigué par l’héritage du philosophe Daniel Bensaïd, ce film, mobilisateur sans pour autant "séquestrer" la conscience de son public, est un poignant hommage à un ami disparu.

Une réflexion tout à la fois joyeuse et émouvante autour de la notion d'engagement.

Castillo imprime une dimension très habitée, personnelle et littéraire qui distingue ce film d’un banal docu militant. Après la projection, on se dit que ça vaut toujours le coup de se battre et de lever la tête, même si on en sort perdant.

Sans jamais nous faire la leçon, "On est vivants" redonne donc aux mots compassion et solidarité tout leur sens.

Si cette mosaïque frise le catalogue, la voix de Carmen Castillo continue de vibrer. Forte et poétique, elle transmet une vérité simple et, parfois, oubliée : l'engagement politique donne un sens à la vie.

A chaque fois, la réalisatrice pose à ses interlocuteurs des questions qui amènent forcément les réponses qu'une révolutionnaire découragée veut entendre pour retrouver un peu d'allant. On retrouve dans cette démarche, entre expiation (des errements de la lutte armée) et renouvellement des vœux, le geste du pèlerinage dans sa dimension la plus religieuse.