-
Dans Sweeney Todd, l'ombre de ses débuts pèsent, mais le défi d'un genre différent, le gore et les retrouvailles avec Johnny Depp (parfait comme toujours) suffisent à tirer le cinéaste vers le haut. Sans égal, Burton organise un petit théâtre de la cruauté qui s'enfonce jusqu'au cou dans le sang, la violence et la tourte aux humains. Jubilatoire.
-
Faut-il s’extasier systématiquement devant le génie de Tim Burton ? Pas sûr. Avec Sweeney Todd Burton s’essaie à un genre en désamour dans notre verte contrée : la comédie musicale. Bien sûr, la mise en scène témoigne d’une réelle maîtrise technique, la gestion de la lumière témoigne de la virtuosité du réalisateur, les décors et costumes sont magnifiques mais l’intrigue linéaire au possible et un Johnny Depp toujours brillant mais monolithique enlèvent à l’ensemble le peu de relief qu’on aurait pu espérer. Les chansons se suivent et se ressemblent au gré de cette histoire sanguinolente et très vite convenue. Malgré tout le talent de Burton, Sweeney Todd lasse. Enchaîner les berceuses pendant 1h30 n’était peut-être pas une si bonne idée.
Toutes les critiques de Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Il n'empêche : troublant dans le détail (la fille de Sweeney est jouée par un clone adolescent de Vanessa Paradis), le film l'est aussi par ses définitions implicites du genre humain (tous des cannibales) et du couple (une association de malfaiteurs au mieux). Tim Burton ne transcende ce nihilisme que par l'outrance, la démesure, la surenchère, préférant notamment finir sur une image d'apocalypse plutôt que sur celle des rares survivants à l'infernale spirale de l'abjection et du malheur. Il a beau avoir retiré un peu d'hémoglobine à la demande de la Warner, sa « comédie » musicale est l'une des choses les plus ahurissantes qu'on ait vues sortir de Hollywood depuis longtemps. Au-delà du spectacle d'origine et du spectacle à l'écran, voilà bien un geste d'artiste, un geste libre et saisissant.
-
Ce musical gore tire en partie sa splendeur visuelle de la variété des tons macabres, une dominante de noirs évocatrice du cinéma muet, où le rouge du sang qui gicle comme au grand guignol stylise les images d'horreur autant qu'il rappelle ce que Londres doit à la préférence chromatique des vampires (boîtes à lettres, cabines téléphoniques, figures de cire). En contrepoint, les flash-back et scènes fantasmatiques éclatent de couleurs vives, comme des chromos.
-
Tim Burton signe une oeuvre intense, complexe, avec ce soin du cadre et cet esthétisme qui le caractérisent. Johnny Depp, qui arbore un look victorien gothique, fait preuve d'une incroyable aisance. La narration captivante évoque celle des grandes tragédies.
-
Back in black pour Tim Burton qui s’est déchaîné sur les costumes et les décors gothiques. Morbide à souhait Sweeney Todd réunit la dream team : Burton, Depp et Bonham Carter. Ne manque que Danny Elfman. Car si le film rend bien justice au musical de Steven Sondheim, la musique parfois un peu trop typée « Broadway » n’est pas toujours à la hauteur du génie visuel de Burton. On retrouve avec une joie sadique l’univers des crapules des bas-fonds cher au grand Tim. Avec ses couleurs désaturées et ses feux d’artifices d’hémoglobine, Sweeney Todd est assurément une nouvelle réussite à ajouter au palmarès de Burton.
-
Dans un Londres aux pavés luisants, suintant la crasse et la misère, Tim Burton adapte une comédie musicale, rend hommage à Dickens et donne un conte gothique de la plus belle eau. Noir très noir et encore plus que cela, si possible. Exceptées quelques chansons qui apportent une très mince dose d’humour, on est loin des récits macabres mais charmants ou chocolatés d’hier (« Charlie et la chocolaterie » ou « Les noces funèbres de Tim Burton ») et même de l’effrayant « Sleepy Hollow ». Après un très beau générique qui suit le chemin d’une coulée de sang vermillon, place à Sweeney le raseur, avatar de Jack l’éventreur , face obscure d’un « Edward aux mains d’argent » désespéré avec lequel Johnny Depp émeut, effraie. La photographie glacée de Dariusz Wolski, les magnifiques décors de Dante Ferreti sont l’écrin des horreurs et des malheurs d’une condition humaine où personne n’est innocent.